Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Naipaul (Vidiadhar Surajprasad)

Écrivain trinitéen, naturalisé britannique (Chaguanas 1932).

Petit-fils de brahmane, fils d'un reporter et écrivain frustré dont l'influence le marque très profondément (voir leur correspondance dans Between Father and Son, 1998), il rejeta l'hindouisme et la tradition en émigrant en Angleterre, où il a enseigné, travaillé à la BBC, fait de la critique et du journalisme, tout en voyageant et écrivant abondamment. De ses périples, il a tiré le Passage du milieu (1962), récit sur les Caraïbes sujet à de nombreuses controverses tant il est amer et pessimiste ; les essais de le Baraquement bondé (consacré notamment à l'île Maurice en 1972) ; An Area of Darkness (1964), impressions plus que mitigées d'un retour en Inde ; l'Inde brisée (1977), Crépuscule sur l'islam (1981) ; ou encore Beyond Belief (1998), qui porte à nouveau un regard sombre sur les sociétés musulmanes d'Indonésie, d'Iran, du Pakistan et de Malaisie. La Perte de l'Eldorado (1969) traite de l'histoire coloniale de La Trinité. Mais l'essentiel de son œuvre est romanesque. Le Masseur mystique (1957), On vote à Elvira (1958) et Miguel Street (1959) recréent avec malice et lucidité la vie tapageuse des travailleurs, commerçants, politiciens et arnaqueurs de La Trinité. Son roman le plus achevé reste pourtant Une maison pour M. Biswas (1961). Bien différente de la riche quotidienneté de cette œuvre est la fable menaçante de Mr. Stone and the Knights Companion (1963), élégante comédie urbaine britannique. Les nouvelles de Un drapeau sur l'île (1967) offrent une incroyable variété de registre et de technique. Dans The Mimic Men (1967), qui joint La Trinité et la Grande-Bretagne dans une histoire d'immigrants exilés à Londres, il se montre impitoyable, dans sa critique du mimétisme du colonisé à l'égard de la métropole, pour les faiblesses humaines qui ne sont pas rachetées. Dis-moi qui tuer (1971), où le thème du voyage coïncide avec celui des risques inhérents à la liberté temporaire que donne celui-ci, commence légèrement pour finir dans la terreur. Naipaul s'intéresse de plus en plus aux problèmes, voire aux impasses, du tiers-monde : Guerillas (1975) traite avec sarcasme mais finesse des sauvages contradictions du pouvoir noir dans une île des Antilles. À la courbe du fleuve (1980) fait de même, avec des échos conradiens d'un « Cœur des ténèbres », à propos d'une nouvelle nation africaine. Finding the Centre : Two Narratives (1984) évoque à la fois son père, le journaliste Seepersad Naipaul, et l'homme d'État ivoirien Houphouët-Boigny qui se ressource dans son village natal de Yamoussoukro. Souvent honni par ses congénères à cause de son exil sans retour dans le cœur de l'Ancien Empire, ou du manque de sympathie, certains diront du mépris, dont il fait preuve à l'égard des anciennes colonies, Naipaul est fêté par l'Occident comme un maître du roman britannique.

   Il est récompensé par le prix Nobel en 2001. Son ironie mordante est aussi légendaire que son aptitude à trouver le mot et le ton justes (Sacrifices, 1983). Ses derniers récits de fiction mettent en exergue une écriture à mi-chemin entre roman, autobiographie et essai (l'Énigme de l'arrivée, 1987). Dans Un chemin dans le monde (1993), il aborde plusieurs aspects des Caraïbes d'hier et d'aujourd'hui, et tente de dresser un tableau de l'esthétique caribéenne contemporaine. Ses talents d'écrivain, doublés de ceux d'un historien et grand amateur d'art, en font un intellectuel qui, jusqu'à ses derniers récits de fiction, s'interroge sans cesse sur les représentations et les traces du colonialisme, et du rapport que le sujet (post)colonial entretient avec le monde (Half a Life, 2001).

Une maison pour Mr. Biswas, roman (1961). Le destin dérisoire mais courageux de Mohun Biswas, sans cesse en quête de prestige et de sécurité, incarne bien les dilemmes personnels liés aux séquelles du colonialisme en milieu antillais : couleur locale, authenticité linguistique, recours à la tradition populaire n'empêchent nullement cette épopée d'un antihéros en quête d'une maison à soi de devenir le symbole d'un universel désir d'identité authentique.

L'Énigme de l'arrivée, roman (1987). Le narrateur raconte son arrivée dans un cottage dans la campagne du Wiltshire, à deux pas du site préhistorique de Stonehenge, au cœur donc de l'Ancien Empire britannique. À travers l'évocation du paysage changeant de cette campagne qui se modernise au fil des années, de l'ancien domaine aristocrate qui tombe en décrépitude, juxtaposé à des souvenirs de l'enfance du narrateur dans une Trinité coloniale et au dénouement où l'adulte revient sur l'île pour les funérailles de sa sœur, ce récit parle de la décomposition de l'Empire et de l'avènement de la conscience individuelle après un travail de deuil nécessaire.

Najara (Israel)

Poète de langue hébraïque (Damas 1555 – Gaza 1625).

Poète mystique, dont la musique est particulièrement riche, il vécut à Safed, puis à Gaza. Il exerça une grande fascination sur les poètes juifs, en particulier en Afrique du Nord. Un grand nombre de ses poèmes, dont les thèmes essentiels sont l'exil et le salut, sont réunis dans le recueil Zmirot Israel (les Chants d'Israël). Aux 108 poèmes de la première édition de Safed (1587), il en ajouta d'autres pour l'édition de Venise de 1599, qui en compte 346, et qui reste aujourd'hui le plus populaire recueil de poésie chantée dans les communautés de rite séfarade et oriental.

Naji (Ibrahim)

Médecin et poète égyptien (Le Caire 1898 – id. 1953).

Membre influent du groupe Apollo, il est l'auteur de plusieurs recueils d'inspiration romantique (Au-delà des nuages, 1934 ; les Nuits du Caire, 1944 ; l'Oiseau blessé, posthume).

Najjar (Alexandre)

Avocat, journaliste et écrivain libanais de langue française (Beyrouth 1967).

La guerre lui a inspiré ses premiers textes, rassemblés sous forme de recueils de récits dans Marécages (1984), Homme, où est ta victoire ? (1987), la Honte du survivant (1989). Son premier recueil de poèmes, À Quoi rêvent les statues ? (1989), sera récompensé par le prix de Poésie de la Ville de Paris, 1990. Premier lauréat de la bourse Hachette en 1990, Alexandre Najjar a également obtenu le prix du Palais littéraire en 1995 pour Comme un aigle en dérive (1992), recueil qui rassemble nouvelles et récits de voyages. Quant à son œuvre romanesque, elle compte deux romans, tous deux d'inspiration historique : les Exilés du Caucase (1995) et l'Astronome (1996).