Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Haasse (Hella Serafia)

Romancière hollandaise (Batavia 1918).

Après un recueil de poèmes (Rapides, 1945), elle relate dans un court récit (Oeroeg, 1948) ses expériences de jeunesse en Indonésie, avant d'analyser l'âme humaine, et particulièrement la psychologie féminine, dans des romans historiques (la Ville rouge, 1955, sur les Borgia ; Un goût d'amandes amères, 1966) ou des récits qui font du passé la structure vive d'un présent perçu à travers une multiplicité de points de vue (la Source cachée, 1950 ; les Initiés, 1957 ; la Sirène, 1962). Dans Une liaison dangereuse (1976), dialogue avec Valmont, le personnage de Laclos, elle élabore un « essai en forme de roman » qui lui paraît l'écriture la plus adéquate pour saisir les rapports du monde et des systèmes de représentation (Madame Bentinck ou Une incompatibilité de caractère, 1978 ; les Grands de la terre, ou Bentinck contre Bentinck, 1981 ; les Chemins de l'imagination, 1983).

Haavardsholm (Espen)

Écrivain norvégien (Oslo 1945).

Il dépeint dans son roman les Bouches (1968) et dans ses nouvelles (Marée, 1966 ; l'Abominable Homme des neiges, 1970) un monde gris et morne. Dans Zinc (1971), il prend position « pour une révolution communiste et le renversement de la société norvégienne », engagement qui se poursuit dans les annotations de Saisis le jour (1973) et le récit les Lignes de force de l'histoire (1975), évocation du voyage d'un jeune ouvrier en Albanie. Instincts (1980) entrelace une intrigue sentimentale à l'expérience de l'État policier à Berlin-Est.

Haavikko (Paavo)

Écrivain finlandais de langue finnoise (Helsinki 1931).

Poète de l'amour déchiré entre érotisme et mysticisme (les Chemins qui mènent au loin, 1951 ; le Palais d'Hiver, 1959 ; Vingt et Un, 1974), il fait de son œuvre romanesque et dramatique (Audun et l'Ours polaire, 1966 ; le Roi s'en va-t-en France, 1974 ; Une soirée musicale à Viipuri, 1978 ; Essai pour une autobiographie, 1987) une réflexion continue sur l'histoire de son pays écartelé entre l'Est et l'Ouest.

Habakuk II de Balker (Hendrik Herman Ter Balkt, dit)

Écrivain hollandais (Usselo 1938).

Romancier sous le pseudonyme de Foel Aos (Silence !, 1973), c'est surtout le poète iconoclaste d'un monde et d'une jeunesse à la dérive (Concours poétique en jaune clair, 1977). Il publie désormais ses recueils sous son nom patronymique (Machines, ne nous fauchez pas, fauchez le seigle !, 1982 ; Lumières célestes, 1983).

Habert (François)

Poète français (Issoudun v. 1508 – v. 1562).

Son œuvre est religieuse (Épîtres héroïdes, 1550 ; l'Institution de libéralité chrétienne, 1551), philosophico-morale (le Philosophe parfaict, 1542 ; le Temple de Vertu, 1542 ; le Temple de Chasteté, 1547), mythologique (Métamorphoses de Cupido, 1561), circonstancielle (la Nouvelle Junon, la Nouvelle Pallas, la Nouvelle Vénus), didactique (un recueil de fables, perdu). Ses formes poétiques (épigrammes, rondeaux, ballades) le rattachent à l'école de Marot, mais son inspiration philosophique le situe chez les néoplatoniciens, apôtres du pur amour.

Habert (Germain)

Écrivain français (vers 1615 - 1654).

Aumônier du roi, familier du futur chancelier Séguier, il cultive la poésie précieuse (la Métamorphose des yeux de Philis en astres, 1639) et collabore à la Guirlande de Julie. Familier du cercle Conrart, il entre parmi les premiers dans la nouvelle Académie française. Durant la querelle du Cid, il se montre favorable à Corneille et sera remplacé par Chapelain au sein de la commission demandée par Richelieu pour critiquer la pièce.

Habibi (Émile)

Romancier palestinien (Haïfa 1921 – 1996).

Rédacteur en chef de la revue al-Ittihâd, cofondateur du parti communiste palestinien Rakah, député à la Knesset (1953-1972), il est l'auteur de nouvelles et de romans où un humour satirique, une grande fantaisie et une écriture surprenante et novatrice peignent la tragédie contemporaine du peuple palestinien (le Sizain des six jours, 1969 ; les Aventures extraordinaires de Saïd le peptimiste, 1974 ; Laka' ibn Laka', 1980 ; Ikhtiyyeh, 1985 ; Sarâyâ bint al-Ghûl, 1992).

Habjanovic-Djurovic (Ljiljana)

Romancière serbe (Belgrade 1970).

Journaliste à Belgrade, elle a publié depuis 1991 quatre romans dont trois ont obtenu le prix du Best-Seller d'Or, et le dernier a été couronné par le prix de la Bibliothèque nationale de Serbie. Son roman intitulé Ana Marija ne m'aimait pas a été traduit en français et publié en 2001. Il raconte l'histoire d'une enfant dont le père est croate et la mère est serbe. La franchise amère de son écriture et de ses idées connaît un énorme succès en Serbie et dans les autres pays.

Hacks (Peter)

Écrivain allemand (Breslau 1928 – Berlin 2003).

Quittant Munich pour Berlin-Est (1955), Hacks devient un auteur dramatique célèbre. Il se détourne de Brecht, de l'anecdote historique (la Bataille de Lobositz, 1956) et de la réalité sociale de R.D.A. (Moritz Trassow, 1965). Il revient à la tradition, adapte Shakespeare (le Roi Henri IV, 1970), Aristophane (les Oiseaux, 1981), réactualise des sujets mythiques ou classiques (Amphytrion, 1968). Il écrit aussi des essais (la Belle économie, 1997) et des livres pour enfants. Communiste fidèle, partisan de l'autorité, il rejette la modernité et prône un « classicisme socialiste ».

Haddad (Malek)

Écrivain algérien de langue française (Constantine 1927 – Alger 1978).

Ses romans (la Dernière Impression, 1958 ; Je t'offrirai une gazelle, 1959 ; l'Élève et la Leçon, 1960 ; Le quai aux Fleurs ne répond plus, 1961) et ses recueils de poèmes (le Malheur en danger, 1956 ; Écoute et je t'appelle, 1961) témoignent de l'épreuve de son pays durant la guerre et du malaise de l'écrivain à cheval sur deux civilisations (Les zéros tournent en rond, 1961).

Haddis Alamâyyahu

Homme politique et écrivain éthiopien de langue amharique (province de Godjam 1918 ?).

Il reçut une éducation traditionnelle, avant de poursuivre ses études aux États-Unis. Il appartient ainsi à cette génération d'intellectuels formés à l'occidentale, mais qui a gardé un profond enracinement dans la culture classique et une solide connaissance de la vieille société rurale. Il a exercé d'importantes fonctions gouvernementales (ministre de l'Éducation nationale en 1961, ministre du Plan en 1966) avant d'être confiné en 1969 dans la charge purement honorifique de sénateur ; il a pu ainsi mesurer l'écart entre l'apparence réformatrice et la réalité profondément conservatrice du régime de Hâyla Sellâsê. C'est dans son œuvre littéraire qu'il a fait passer son amertume devant l'injustice et la paralysie de la société. Il a ainsi publié en 1956 un Recueil de fables et, en 1966, un long roman qui connut un prodigieux succès, l'Amour jusqu'au tombeau. C'est une histoire d'amour contrariée tissée de rebondissements mélodramatiques. Mais elle lui permet de brosser un tableau très riche de la société rurale traditionnelle et surtout de dénoncer l'exploitation des paysans par les grands propriétaires, le désarroi des pauvres oscillant entre la résignation et la révolte : les propos les plus virulents sont prêtés à un personnage marginal, Kassa le fou, à qui sa situation permet impunément ces écarts de langage.