Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Vauvenargues (Luc de Clapiers, marquis de)

Écrivain français (Aix-en-Provence 1715 – Paris 1747).

Né dans une famille de petite noblesse, il entreprit en 1733 une carrière militaire. Il fut l'ami de Mirabeau le père (Victor Riqueti), avec qui il entretint une correspondance suivie. Soutenu par l'amitié de Voltaire et de Marmontel, il publia en 1746, sans grand succès, une Introduction à la connaissance de l'esprit humain, accompagnée de Paradoxes mêlés de réflexions et de maximes, de Conseils à un jeune homme, de Réflexions critiques sur quelques poètes. Revendiquant l'héritage formel des maîtres du siècle précédent, La Rochefoucauld, La Bruyère et Fénelon, Vauvenargues défend les droits de la sensibilité, en affirmant qu'il faut « avoir de l'âme pour avoir du goût », tout en invitant à une réconciliation de la raison et du sentiment dont témoigne sa prédilection pour l'écriture fragmentaire : la « saillie », qui enferme dans la rigueur de « lumineuses sentences » une vérité intuitivement découverte.

Vaz Ferreira (María Eugenia)

Poétesse uruguayenne (1875 – 1924).

Farouchement indépendante, torturée par le conflit entre son éducation catholique stricte et son désir de vivre en femme libre, obsédée par le refus de se « soumettre » à l'amour, elle est l'auteur de poèmes au lyrisme tragique (l'Île des cantiques, 1924) et de deux œuvres dramatiques (la Pierre philosophale et les Pèlerins). Elle fut la première d'une lignée de poétesses (A. Storni, J. de Ibarbourou, D. Agustini) qui devaient illustrer les lettres des pays de la Plata.

Vazekh (Mirza-Chafi Sadykh-ogly, dit)

Écrivain azerbaïdjanais (Gandja 1796 – Tbilissi 1852).

Fils d'un architecte, il fut professeur de turc et de farsi, et anima à Tiflis un « Cercle de la sagesse » progressiste. Auteur de vers lyriques de forme classique (Hafiza, Zuleïkha, Adieu à Tiflis), il dénonce aussi les vices de la société, le fanatisme religieux et l'arrogance des féodaux dans des satires où il prend parti pour les droits de la femme et la liberté individuelle (Tamerlan, Chant pour Mirza-Iusuf). Il fut le maître spirituel du jeune Akhoundov.

Vazov (Ivan)

Écrivain bulgare (Sopot, auj. Vazovgrad, 1850 – Sofia 1921).

Pendant sa jeunesse, il lutta activement pour l'indépendance religieuse et nationale bulgare contre le patriarcat grec et l'Empire ottoman, puis, après la libération (1878), participa à la vie publique et consacra ses vingt dernières années à la littérature. Son chef-d'œuvre poétique est sans doute l'Épopée des oubliés (1881-1884), poèmes épiques à la gloire des héros bulgares tombés pour la cause de l'indépendance nationale. Dans les recueils Étendard et Gusla (1876) et Libération (1878), il chante son pays et son peuple, ses joies et ses peines. Parmi ses nombreuses nouvelles, Sans feu ni lieu (1883) décrit la situation, souvent dramatique, des exilés bulgares en Roumanie ; Hadzi Ahil (1882) met en scène un personnage pittoresque de sa ville natale et Cicovci (1885) peint, d'une manière humoristique, le milieu de son enfance. Mais c'est son roman Sous le joug (1889-1890) qui lui vaut une renommée mondiale : dans le cadre de l'insurrection manquée de 1876, les aventures d'Ivan Pralic, incarnation de l'idéal patriotique, et de Rada, jeune fille dont la vertu égale la beauté, soutiennent l'intérêt romanesque de cette page de l'histoire bulgare écrite quelques années après la libération de la Bulgarie. On lui doit aussi des drames historiques, inspirés de l'histoire médiévale (Borislav, 1909 ; Vers l'abîme, 1910 ; Ivajlo, 1913). Surnommé le « Victor Hugo bulgare », Vazov reste incontestablement un des plus grands noms de la littérature bulgare moderne.

Vázquez Montalbán (Manuel)

Écrivain espagnol (Barcelone 1939 – Bangkok 2003).

Issu d'une famille ouvrière et fils d'un militant communiste, connu pour ses chroniques publiées dans El País (Madrid) et El periódico (Barcelone), il est l'auteur de romans qui relèvent à la fois de la politique-fiction et du récit policier « noir » (Marquises, si vos rivages, 1980). La saga de son héros Pepe Carvalho, détective privé barcelonais, commencée dès 1972 avec J'ai tué Kennedy et dont Milenio Carvalho (2004) constitue le 23e et ultime volet, lui a valu un renom international. Les aventures de Carvalho ont d'ailleurs été adaptées pour la télévision.

   En marge du roman de genre, tout en s'essayant au livre culinaire (Recettes immorales, 1981), il a écrit plusieurs récits tournant autour du franquisme et de l'anti-franquisme, tels que le Pianiste (1985), Galindez (1990) et Moi, Franco (1992).

ve

Mot vietnamien désignant un genre de chanson poétique à caractère satirique et destiné à railler une personne déplaisante ou une habitude condamnable. Chaque vers se compose de 4 (le plus souvent) à 8 mots. Traditionnellement, les textes étaient surtout chantés par les aveugles ou les enfants.

Veda

Mot sanskrit signifiant « connaissance ».

Ce titre comprend les quatre « collections » d'hymnes (samhita) composées entre 1600 et 1000 av. J.-C., ainsi que les Brahmana, Aranyaka et Upanisad. Le Veda originel, RigVeda, est un recueil d'hymnes à la louange des puissances de la nature. Puis deux autres samhita furent ajoutées : le Samaveda (recueil de mélodies liées aux sacrifices) et le Yajurveda (formules sacrificielles). Le quatrième recueil, l'Atharveda (formules magiques) est plus récent.

Velan (Yves)

Écrivain suisse de langue française (Saint-Quentin 1925).

Enseignant aux États-Unis, puis à La Chaux-de-Fonds, cofondateur de la revue Rencontre, engagé dans la vie politique du canton de Neuchâtel, il signe un premier roman, Je (1959), qui met en question l'entente implicite entre auteur et lecteur. Non sans subversions narratives, il renoue avec des sujets bien romands : la conscience malheureuse, l'introspection et le culte de la culpabilité. La Statue de Condillac retouchée (1973) critique la validité de l'analyse marxiste de la société capitaliste et aussi celle de l'écriture comme instrument de la révolution. Soft Goulag (1977) et Contre-Pouvoir (1978) expérimentent l'un le danger d'une société totalitaire, l'autre les problèmes de l'engagement culturel.