Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Fombeure (Maurice)

Poète français (Jardres, Vienne, 1906 – Paris 1981).

Bonhomie de la pensée, rigueur de la prosodie et gravité du souvenir caractérisent un lyrisme où se retrouvent l'humour des fabliaux et les rythmes lents du terroir (la Rivière aux oies, 1932 ; les Moulins de la parole, 1936 ; À dos d'oiseau, 1942 ; Aux créneaux de la pluie, 1946 ; Sous les tambours du ciel, 1959 ; À chat petit, 1967). On lui doit aussi des essais, des recueils de souvenirs et un opéra-bouffe (Orion le Tueur, 1947).

Fondane (Benjamin Weschler, dit Benjamin Fundoianu, dit)

Écrivain français d'origine roumaine (Iasçi 1898 – Birkenau, Allemagne, 1944).

Émigré de Roumanie dans les années 1920, Fondane est essentiellement un poète visionnaire, exigeant et tourmenté (le Mal des fantômes, rééd. 1996). Sa réflexion, à l'écart des systèmes littéraires et politiques, ne cesse de retentir au présent. Tourné vers les penseurs les plus originaux, sa pensée entre en résonance avec celle de Maritain, de Cioran, d'Artaud, de Jean Wahl ou de Caillois. Sa force prophétique aura marqué ses contemporains. Il vivra et dépassera la pensée de Léon Chestov dans le refus du mal et dans une attitude de résistance individuelle devant l'hostilité du réel, par le cri, la poésie et une révolte contre l'évidence logique. Arrêté, parce que d'origine juive, il meurt en déportation.

Fonseca (José Rubem)

Écrivain brésilien (Juiz de Fora 1925).

Double peintre du monde violent des marginaux et de la richesse oisive dans une langue qui traduit le snobisme de ces deux sociétés (la Laisse du chien, 1965 ; l'Affaire Morel, 1973 ; Bonne Année, 1975), c'est un conteur mordant. Il s'est illustré ces dernières années dans le roman noir avec Bufo et Spallanzani (1986) et Août (1990), enquête autour du suicide du président Getúlio Vargas, en 1954.

Fonseca (Manuel da)

Écrivain portugais (Santiago do Cacém 1911 – Lisbonne 1993).

Il évoque dans ses nouvelles (Temps de solitude, 1973) et ses romans (Moisson de vent, 1958) l'atmosphère et les conflits sociaux des petites villes de l'Alentejo.

Fontan (Louis Marie)

Auteur dramatique français (Lorient 1801 – Thiais 1839).

Libéral, il collabora aux journaux de l'opposition (l'Album) tout en s'essayant au théâtre : son drame en vers Perkins Warbeck (1828) eut un certain succès, ainsi que son vaudeville Gillette de Narbonne (1829). Condamné et interné pour avoir écrit, contre Charles X, le Mouton enragé, il fut rendu à la liberté par la révolution de 1830, et fit jouer encore plusieurs drames (Jeanne la Folle ou la Bretagne historique au XIIe siècle,1830) et mélodrames (le Dominicain, 1832 ; la Croix de feu, 1838).

Fontane (Theodor)

Écrivain allemand (Neuruppin 1819 – Berlin 1898).

Descendant de réfugiés huguenots, il grandit à Neuruppin, puis à Swinemünde, petite ville de la Baltique évoquée de façon attachante dans Mes années d'enfance (1892). Après des études décousues, il entre en apprentissage chez un pharmacien de Berlin, participe à la fermentation intellectuelle du Vormärz, puis à la révolution de 1848. Résigné, après l'échec de celle-ci, au triomphe de la réaction, il accepte en 1850 de travailler pour la censure prussienne, à Berlin, puis à Londres entre 1852 et 1859, comme agent officieux du ministre de l'Intérieur. De 1860 à 1870, il collabore à la Kreuzzeitung, organe des conservateurs prussiens. Il entreprend alors une monumentale description des paysages et des sites historiques du Brandebourg, publiée dans quatre volumes de Pérégrinations (Pérégrinations à travers la Marche de Brandebourg, 1862-1882). Il voyage comme corres– pondant de guerre en Bohême en 1866, puis en 1870 en France, où il est arrêté et incarcéré comme espion – expérience racontée dans ses Souvenirs d'un prisonnier de guerre allemand en France (1871) avec la bonhomie et l'humour que l'on retrouve dans presque tous ses récits de voyages. De 1870 à 1889, il rédige des comptes rendus de pièces de théâtre qui contribueront à moderniser le style de la scène et de la critique berlinoises. En 1878, il publie son premier roman Avant la Tempête, fresque historique longuement mûrie, évoquant l'atmosphère de la Prusse à la veille des guerres de libération nationale. Mais ce n'est que dans les dernières années de sa vie que Fontane crée la partie de son œuvre qui assurera sa postérité : des romans réalistes décrivant la société de son temps (l'Adultera, 1882 ; Dédales, 1888 ; Jours disparus, 1891 ; Frau Jenny Treibel, 1892) et, surtout, Effi Briest (1896), qui lui apporte succès et notoriété. Effi, mariée à 17 ans au baron Innstetten, de 20 ans son aîné, cède sans passion à la cour du capitaine Crampas, qui sait profiter de la solitude morale de la jeune femme. Sept ans plus tard, Innstetten découvre les lettres de l'ancien amant, le provoque en duel, le tue et divorce, comme l'exige le code de l'honneur. Le sort d'Effi, rejetée et exclue, éveille la pitié de ses parents, qui lui permettent de mourir dans la maison de son enfance, victime, comme de nombreux héros de Fontane, du poids des conventions sociales. Le Stechlin (1899) exprime sans nostalgie le pressentiment de la disparition de cette vieille Prusse à la glorification de laquelle l'auteur a pourtant consacré une partie de sa vie. Naviguant entre romantisme et naturalisme, entre idylle et satire sociale, Fontane a conduit le réalisme allemand à son apogée. Son œuvre romanesque appartient en Allemagne à l'élément le plus vivant de la littérature héritée du XIXe s. La popularité de cet auteur, que Thomas Mann considérait comme l'un de ses maîtres, s'est progressivement étendue à tous les aspects de son œuvre, à ses ballades et épigrammes aussi bien qu'à sa riche correspondance.

Fontanes (Louis de)

Écrivain et homme politique français (Niort 1757 – Paris 1821).

Il collabore au Modérateur au début de la Révolution, et s'exile à deux reprises à Londres, où il se lie avec Chateaubriand. Après le 18 Brumaire, il dirige l'opposition aux Idéologues et gagne la faveur de Bonaparte : il deviendra grand maître de l'Université (1808), et Louis XVIII en fera un marquis et un ministre. Auteur de textes de circonstance, il reste, aujourd'hui, un ami et un inspirateur de Chateaubriand.