Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hwang Chin-I, dite aussi Myongwol

Poétesse coréenne (Kaesong v. 1506 – 1544).

« Kisaeng » (geisha coréenne), elle a surtout écrit des sijo, où elle excelle par la musique de la langue, la beauté des images et la maîtrise dans le développement du thème.

Hyangga
(« chanson du terroir »)

La plus ancienne forme poétique en langue coréenne.

Les 25 textes qui subsistent, écrits entre le VIIe et le Xe s., forment un ensemble hétéroclite où l'on trouve des comptines (poèmes à 4 vers) et des œuvres d'inspiration bouddhiste ou confucianiste (poèmes de 8 ou 10 vers). Ils sont transcrits en idu (système de notation du coréen à l'aide de caractères chinois).

Hyde (Douglas) , dit An Craoibhin Aoibhinn (« la Jolie Branche »)

Écrivain irlandais (Frenchpark, Roscommon, 1860 – Dublin 1949).

Convaincu de « la nécessité de désangliciser l'Irlande », il fonde la Ligue gaélique (1893). Collecteur de contes et de ballades traditionnels, il en donne des traductions en anglais dont s'inspireront Synge et Yeats (Folklore des Celtes d'Irlande, 1890 ; Chants d'amour du Connacht, 1894) et écrit des pièces en irlandais (la Torsion de la corde, 1901). Il quitte en 1915 la Ligue gaélique pour se placer au-dessus des partis et devient le premier président de la République d'Irlande (1938-1945).

Hydropathes (les)

Club littéraire et esthétique français, né en 1878 de la fantaisie d'un jeune poète, Goudeau, fonctionnaire aux Finances : une musique de hasard lui fournit le nom du groupe, qui est aussi un calembour sur son propre patronyme. Un journal, l'Hydropathe, fut créé en 1879, auquel succédera le Tout-Paris (1880). Prédécadent, présymboliste à plus longue échéance, le groupe a rassemblé les talents les plus hétérogènes aussi bien que les humoristes les plus loufoques : F. Coppée, J. Richepin, P. Bourget, A. Allais, C. Cros, G. Nouveau, Tailhade, Rollinat, le futur auteur des Névroses, des artistes et des comédiens, dont Sarah Bernhardt. Il fut relayé, dans les années 1880-1882, par le groupe des Hirsutes.

hymne-blason

Genre poétique sur des sujets légers, en vogue en France sous la Pléiade, et qui unit la tradition du blason, élogieux ou satirique, à l'inspiration anacréontique ou épigrammatique de l'Anthologie palatine, ou à la fantaisie bernesque à la mode en Italie. Cultivé par Ronsard (« la Grenouille », « la Fourmi », dans le Bocage de 1554 ; « la Salade », « l'Ombre du cheval », dans les Poèmes de 1569), l'hymne-blason fut particulièrement illustré par Remy Belleau (« la Cerise », « l'Escargot », en appendice à sa traduction d'Anacréon en 1556) et J. Peletier du Mans (Louanges, 1581).

hymne

L'hymne (grec humnos, « chant ») est une des plus anciennes formes de poésie, à l'origine associée à un rituel. Chez les Sumériens, un recueil de 42 hymnes (2500 av. J.-C.) célèbre des temples. Des hymnes aux dieux, dotés de notations liturgiques et mentionnant les actes du roi, étaient accompagnés de lyre ou de tambourin. Les compositions adab comportent trois parties : louange de la divinité, demande de bénédiction et brève prière finale. Les hymnes royaux pouvaient participer à des cérémonies de cour, et, parfois, la louange était prononcée par le souverain, comme Our Shoulgi (XXIe s. av. J.-C.).

   Les Akkadiens ont adressé à leurs divinités des hymnes en strophes, souvent à la première personne. Certains hymnes érudits n'ont pas de but liturgique. Les Akkadiens composaient aussi des prières pénitentielles et conjuratoires, accompagnés de rites, décrits sur la même tablette. Et de nombreuses prières ont été composées pour le roi, comme l'hymne du couronnement d'Assourbanipal.

   Dans la littérature de l'Égypte pharaonique, l'hymne relève du culte des temples ; le matin, à l'ouverture du naos, on en récite un qui éveille le dieu. Chaque phase des cérémonies implique une récitation, comme les Hymnes au diadème du culte de Souchos Shedty (XVIe s. av. J.-C.) et les Hymnes au soleil levant (copie du Xe s.). Très tôt, l'hymne a été utilisé dans les actes exigeant de rendre présente la divinité. D'où, par exemple, un hymne sur un décret oraculaire (Décret pour Nésy-Chonsou, v. 974) ou un programme politique (Supplique à Taharqa, v. 680). L'hymne personnel est un acte de simple dévotion (Hymnes à Aton, v. 1350) ou une action de grâce (stèle de Nebrê, XIIIe s.). La littérature funéraire et magique y recourt, soit que l'homme prie les dieux (chapitre XV du Livre des morts), soit qu'il s'identifie à eux : le poème peut constituer une somme théologique, comme l'Hymne à Amon (XIIIe s.).

   L'hymne s'adresse au pharaon, dans la littérature monarchique, les autobiographies loyalistes ou les variétés didactiques, recopiées par les apprentis scribes ; on peut y exalter ses possessions (Hymne au char du pharaon, Nouvel Empire). Formellement, on distingue deux types, l'hymne à la troisième personne ou l'hymne avec un bénéficiaire évoqué à la deuxième personne. Parfois, la composition suit une structure antiphonique avec alternance d'un refrain, confié au chœur, et de couplets incombant à un soliste. Dès le Moyen Empire, les marques du genre apparaissent dans des œuvres non liturgiques, comme l'Hymne au Nil (vers 2000 av. J.-C.).

   Dans l'Inde védique, le recueil le plus ancien, le Rig-Véda, « Véda des strophes », regroupe un millier d'hymnes, adressés aux grandes divinités (Agni le feu, Soma la liqueur de sacrifice, Indra le dieu guerrier...) et constitués de récits mythiques, d'allusions liturgiques et d'éloges personnels. La phraséologie, très riche, combinée à la réflexion développée dans les autres Védas, sur les pratiques sacrificielles, la musique, la magie, ou dans les commentaires comme les Brâhmanas, influence profondément les épopées sanskrites, Mahâ-Bhârata et Râmâyana, et la littérature encyclopédique des Purânas et des Tantras, qui fondent l'hindouisme.

   En Grèce, les Hymnes homériques sont des préludes épiques destinés à des fêtes religieuses. L'hymne se chantait et se dansait accompagné de cithares  et le poète lyrique est un compositeur : ainsi Terpandre, Thalétas, Alcman, Arion, Stésichore, etc. (VIIIe s. – VIe s. av. J.-C.), les Odes triomphales de Simonide de Céos, de Bacchylide, de Pindare (VIeVe s. av. J.-C.), et les nomes (sortes d'oratorios) de Timothée (Ve s.). À l'époque alexandrine, l'hymne devient littéraire, développant une mythologie savante ou philosophique (Callimaque). Mais l'hymne chanté ne disparaît pas et se retrouve dans le culte impérial ou chrétien (Hymnes de Synésios, Ve s. apr. J.-C.).

   À Rome, le genre est représenté, en dehors de chants rituels primitifs (Saliens, Arvales), par le Carmen saeculare d'Horace, composé pour Auguste (17 av. J.-C.). Le christianisme devait créer, à partir de saint Ambroise, une hymnologie populaire latine qui restera vivante au Moyen Âge et sera à l'origine de la versification syllabique et rimée.

   Au-delà des poètes néolatins, Marulle ou Macrin, la Pléiade retrouve le genre avec Ronsard (Hymnes, 1555-1556), qui lui donne une direction philosophique et scientifique (« Hymne à la philosophie » de Ronsard, « Hymne de Jésus-Christ » de Le Fèvre de La Boderie), mythologique, ou circonstancielle (« Au Roi sur la prise de Calais », de Du Bellay). Cette triple tradition prévaudra de Desportes à Corneille et à Lamartine, mais l'hymne reparaîtra sous sa forme héroïque dans certains chants de la Révolution (Marseillaise, Chant du départ) et Hugo composera un Hymne funèbre (recueilli dans les Chants du crépuscule) à la mémoire des morts de 1830.