Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Wijaya Mala

Écrivain malais (Bota Kiri 1923-1978).

Après avoir fait ses études primaires dans une école malaise de 1931 à 1936, sous l'occupation japonaise, il fréquenta l'École de formation des jeunes puis, après la fin de la guerre du Pacifique, une école anglaise. Il travailla comme négociant en caoutchouc, puis occupa des postes divers : magasinier dans l'armée britannique, lecteur d'épreuves, journaliste au Melayu Raya Press, employé au Malay Seamen's Union, membre du comité de rédaction au Dewan Bahasa dan Pustaka (de 1957 à 1973). Il est l'auteur de nouvelles (Dans la mer et sur la terre, 1964) et de romans (les Yeux de diamant, 1951 ; les Rebuts de la mer, 1964 ; l'Amour d'un vieillard, 1967 ; les Yeux à la fenêtre, 1977).

Wilbur (Richard)

Poète américain (New York 1921).

Ses recueils (Changements magnifiques, 1947, à Feuilles de graines, 1974) témoignent d'une habileté formelle très académique, où la poésie, attentive au quotidien et à l'humain, est conçue comme le moyen de dessiner une perspective axiologique dans un monde moderne privé de valeurs. Il a traduit le Misanthrope (1955) et le Tartuffe (1963) de Molière.

Wilde (Oscar Fingal O'Flahertie Wills)

Écrivain irlandais (Dublin 1854 – Paris 1900).

Fils de sir William Wilde, ophtalmologue réputé, et de « Speranza », poétesse qui lui transmettra son goût pour le merveilleux légendaire, il adopte très tôt la pose du dandy esthète. Héritier de Keats et de Pater, il s'éprend du symbolisme français et s'inspirera même de Huysmans. Constance Lloyd, épousée en 1884, lui donnera deux enfants pour qui il écrit le Prince heureux et autres contes (1888), le Crime de lord Arthur Saville et autres histoires (1891) et Une maison de grenades (1891). Ses essais (le Déclin de l'art du mensonge, 1889 ; Intentions, 1891) sont autant de manifestes anti-réalistes où se développe une théorie de l'artifice (seuls les masques disent vrai), qu'on retrouve dans son unique roman, le Portrait de Dorian Gray (1891). Dans cette évocation d'une amitié masculine, allégorie paradoxale de l'homme vampirisé par son image, le héros, incarnation du snobisme fin de siècle, voit son portrait se déformer sous le poids des vices, tandis que lui-même conserve une jeunesse parfaite. Miné par cette dépossession, il en vient à haïr le tableau, qu'il frappe et déchire : l'œuvre retrouve sa beauté, le modèle meurt. C'est l'image qui souffre, contrairement à la thèse exprimée dans la préface du récit ; c'est la nature qui imite l'art. Wilde est confirmé dans son rôle d'amuseur par ses brillantes comédies mondaines, dont le succès ne se dément pas aujourd'hui (l'Éventail de lady Windermere, 1892 ; Une femme sans importance, 1893 ; Un mari idéal, 1895 ; et, surtout, De l'importance d'être constant, 1895). Au contraire, Salomé, rédigée en français à l'intention de Sarah Bernhardt, est interdite à Londres mais représentée à Paris (1893). Qualifié de « somdomite » [sic] par le marquis de Queensberry, père de son compagnon lord Alfred Douglas, dit « Bosie » (1870-1945), Wilde lui intente un procès en diffamation (1895), qu'il perd. Poursuivi pour délit d'homosexualité, il purgera une partie de ses deux ans de travaux forcés à la prison de Reading (Ballade de la geôle de Reading, 1898). Exilé en France dès sa libération, il vit de charité sous le nom de Sébastien Melmoth, avant de se convertir au catholicisme. Une partie de la lettre à Alfred Douglas, méditation autobiographique écrite en prison un mois avant sa libération (1897), fut publiée partiellement en 1905 et intégralement en 1962 : Wilde y formule une ultime réflexion sur le destin, la beauté et le sens de la douleur : « Il n'y a qu'un péché : être superficiel. »

Wildenvey (Herman)

Poète norvégien (Nedre Eiker 1886 – Stavern 1959).

Il publia son premier recueil, Campanula (1902), sous le pseudonyme d'Herman Portaas, alors qu'il n'avait pas encore 16 ans. Surmontant le pessimisme fin de siècle, il réconcilia le romantisme avec un langage moderne, souvent trivial (Nouveaux Poèmes, 1908). Les recueils ultérieurs comme Secrets (1919) sont dédiés à l'amour ; Barbarie (1925) ou Miroir d'étoiles (1935) traduisent le sentiment des limites de la pensée humaine.

Wildgans (Anton)

Écrivain autrichien (Vienne 1881 – Mödling 1932).

Plus que sa poésie (l'Automne printanier, 1909 ; Midi, 1917 ; Poèmes pour Pan, 1928), c'est son théâtre qui a fait de lui un l'auteur autrichien le plus populaire de son temps, constamment joué et comblé d'honneurs (il dirigea à deux reprises le Burgtheater). Il aborde des sujets éprouvés, comme l'injustice (Amen, 1913), la misère sociale (Pauvreté, 1913), les problèmes du couple (Amour, 1916), le conflit des générations (Dies Irae, 1918), avec une technique dramatique efficace.

Willems (Paul)

Écrivain belge de langue française (Edegem 1912 – Anvers 1997).

Après avoir publié quatre romans (Tout est réel ici, 1941 ; l'Herbe qui tremble, 1942 ; Blessures, 1945 ; la Chronique du cygne, 1949), il se consacre surtout au théâtre, et fait jouer une quinzaine de pièces dont le Bon Vin de M. Nuche (1949), Il pleut dans ma maison (1963), Warna (1963), la Ville à voile (1967), les Miroirs d'Ostende (1974), Nuit avec ombres en couleurs (1983). Fortement marqué par le romantisme allemand, Willems accorde à la nature et aux éléments une place primordiale dans son univers original, où le mystère poétique est l'objet d'une quête incessante : poursuite des reflets, plongées dans le rêve, interrogation des doubles et des analogies. Mais l'exploration onirique se leste parfois de mort et de souffrance ; le constat du tragique de la condition humaine l'emporte dans les pièces les plus récentes, où le ton se fait souvent âpre et pessimiste. Le fréquent humour langagier des personnages double une ironie féroce à l'égard de nos manies, sottises et illusions. Willems a développé dans toute son œuvre une forme d'une grande liberté, à l'écart des modes et des courants littéraires de ces dernières décades.

Williams (Charles)

Écrivain anglais (Londres 1886 – Oxford 1945).

Proche de T. S. Eliot, il s'inspira notamment des romans arthuriens et donna de l'amour et de l'initiation une version souvent éthérée, qui marque le renouveau du gothique (Shadows of Ecstasy, 1933 ; He Came down from Heaven, 1938 ; The Figure of Beatrice, 1943 ; Image of the City, 1958). Éditeur des poèmes de Hopkins (1930), il créa le genre du thriller métaphysique, qui inspirera C. S. Lewis (Descente en enfer, 1937).