Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hašek (Jaroslav)

Écrivain et journaliste tchèque (Prague 1883 – Lipnice 1923).

Créateur du personnage du « brave soldat Švejk », symbole d'une résistance populaire passive et rusée à l'oppression (le Brave Soldat Švejk et autres histoires, 1912), il est l'auteur de nouvelles humoristiques (Mon commerce de chiens et autres contes, 1915). Anarchiste à ses débuts, il s'engagea pendant la guerre dans les légions tchécoslovaques, puis dans l'Armée rouge (Commandant de la ville de Bougoulma, 1921). Revenu sans illusions dans son pays, il ne pourra achever les quatre tomes des Aventures du brave soldat Švejk (1920-1923).

Hasenclever (Walter)

Écrivain allemand (Aix-la-Chapelle 1890 – Les Milles, France, 1940).

Journaliste, il voyagea à travers l'Europe et aux États-Unis, s'exila en 1933 et se donna la mort lors de son internement au camp des Milles. Son drame le Fils (1913, joué en 1916), qui représente dans un style allégorique le conflit des générations, a fait date dans l'histoire du théâtre expressionniste. Ses autres drames et son lyrisme (l'Adolescente, 1913) sont nourris de révolte anarchiste et d'un pacifisme issu de l'expérience de la Première Guerre mondiale. Dans ses comédies perce une ironie amère (Un monsieur distingué, 1927 ; Napoléon intervient, 1930).

Haslinger (Josef)

Écrivain autrichien (Zwettl 1955).

Auteur d'essais (Politique des sentiments, 1987), de nouvelles (le Cactus du petit séminaire et autres récits, 1980) et de pièces, il publie son premier roman, le Bal de l'Opéra, en 1995 : sous l'œil des caméras du monde entier, les invités du bal de Vienne sont victimes d'un attentat au gaz toxique, tandis qu'un père observe l'agonie de son fils en direct. Son roman le Jeu du père (2000) expose l'histoire de trois familles (juive, nazie et social-démocrate) sur trois générations au XXe siècle.

Hassan ibn Thabit (Ibn al-Mundhir)

Poète arabe (vers 563 – v. 660).

Située aux débuts de l'Islam, son œuvre, tout en perpétuant la tradition bédouine, s'ouvre aux thèmes de la foi nouvelle : Hassan fut considéré comme le chantre du Prophète.

Határ (Gyözö Határ, dit Victor)

Écrivain hongrois (Gyoma 1914 – Londres 2006).

Établi à Londres en 1956, poète (Pont de cheveu, 1970), auteur dramatique (Pleurs et Rires, 1972), critique (Intra muros, 1978) et romancier (Anibel, 1970), il obtient, après la chute du communisme, le prix Kossuth.

Hauptmann (Gerhart)

Écrivain allemand (Ober-Salzbrunn 1862 – Agnetendorf 1946).

Tourné d'abord vers les arts plastiques, il entama une carrière littéraire couronnée par le prix Nobel (1912). On peut considérer ses drames comme les meilleurs du naturalisme. Dès sa première pièce (Avant le lever du soleil, 1889), il fait sentir sa compassion pour les opprimés. Les Tisserands (1892) évoquent la révolte des ouvriers silésiens en 1844 contre l'introduction du machinisme. L'auteur fait évoluer, face à l'entrepreneur Dreissiger, toute une masse humaine dont la souffrance et la colère sont les moteurs de l'action. La mort de Hilse, seul à ne pas participer à la révolte, donne au drame une dimension existentielle. Florian Geyer( 1896) traite d'un épisode de la guerre des Paysans : dans ces deux pièces, à l'intrigue assez faible, la foule est le personnage principal. Hauptmann est resté fidèle au naturalisme dans de nombreux drames (le Voiturier Henschel, 1899 ; Rose Bernd, 1903 ; Avant le coucher du soleil, 1932). Cette dernière pièce, qui marque l'irruption véritable du naturalisme sur la scène allemande, a pour cadre une famille de paysans silésiens enrichis et rendus oisifs par la découverte du charbon dans leur sous-sol. L'hérédité tient le rôle du destin ; les personnages sont dégénérés, mus par la cupidité, le vice et l'alcoolisme. La fille cadette, Hélène, seul être sans tare, ne peut pourtant pas échapper à la malédiction. Lorsque Loth, l'homme aux bons sentiments et aux discours humanitaires, l'abandonne, par crainte de l'hérédité, elle se donne la mort.

   Mais Hauptmann tend peu à peu à opposer à la réalité sordide des images de rêve ou de légende (l'Assomption de Hannele Mattern, 1894 ; la Cloche engloutie, 1897 ; Et Pippa danse, 1906). La même évolution marque son œuvre narrative : le Garde-barrière Thiel (1892) était une nouvelle réaliste. L'Hérétique de Soana (1918) prône le retour à une religion dionysiaque de la nature. Emmanuel Quint, le fou en Jésus-Christ (1910) est imprégné de souvenirs piétistes. Les œuvres de la vieillesse, romans (l'Île de la Grande Mère, 1924 ; Winckelmann, 1954) ou épopées en vers (Till Eulenspiegel, 1927 ; le Grand Rêve, 1942), inclineront à l'expression allégorique.

Hauteroche (Noël Lebreton, dit)

Acteur et auteur dramatique français (Paris v. 1630 – id. 1707).

Il joua dans la troupe du Marais, puis passa (1662) à l'hôtel de Bourgogne. Il participa activement à la création de la Comédie-Française. Ses comédies, écrites de 1668 à 1690, tracent un portrait satirique des mœurs du temps, où le rire sait rester respectueux des bienséances, tout en utilisant un personnage-type à l'accoutrement bizarre, Crispin, valet rusé et ironique, dont se souviendra Lesage (le Souper mal apprêté, 1669 ; Crispin médecin, 1670 ; le Deuil, 1672 ; les Bourgeoises de qualité, 1690).

Havel (Václav)

Auteur dramatique tchèque (Prague 1936).

Ses pièces font de lui un des écrivains les plus écoutés de ses compatriotes (la Garden-party, 1963 ; le Rapport dont vous faites l'objet, 1965 ; Audience, Vernissage, Pétition, 1979-1981). Interdit de publication après le printemps de Prague, arrêté pour avoir été l'un des principaux auteurs de la Charte 77, il est emprisonné de 1979 à 1983 (Lettres à Olga, 1984). En 1989, il fonde le Forum civique et, à l'issue de la « révolution de velours », devient président de la République tchècoslovaque (1989-1992), puis tchèque (1993-2003).

Havlíček-Borovský (Karel)

Écrivain tchèque (Borová, Přibyslav, 1821 – Prague 1856).

Créateur du journalisme politique moderne dans son pays et adversaire de l'absolutisme autrichien, il fut déporté à Brixen (Tyrol) de 1851 à 1855. Son humour a fait de ses épigrammes une partie intégrante du patrimoine national (le Roi Lávra, 1851 ; les Élégies tyroliennes, 1861 ; le Baptême de saint Vladimir, 1876).