Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hamzah,Amir Buah rindu

Écrivain malais (Singapour 1928 – ? 1946).

C'est en aidant son père à tenir sa librairie que sa vocation d'écrivain se fit jour. Il collabora à plusieurs revues et fut le premier président de l'Angkatan Sasterawan 50, dont il se sépara quelques années plus tard. S'il est partisan de la doctrine de « l'art pour l'art », son œuvre reflète plutôt celle de « l'art pour la société ». Il est l'auteur de nouvelles, mais surtout de romans (Où se lève le soleil, 1949 ; la Fille de la concubine, 1951 ; la Maison vide, 1953-54 ; Pluie de larmes, 1958).

Hamzah Fansuri
ou Hamzah Pansoeri

Écrivain malais (Fansur, Sumatra, milieu du XVIe-début XVIIe s.).

Soufi « hétérodoxe », dans la lignée de Syamsuddin al-Sumatrani, et opposé à Nuruddin al-Raniri, il composa des traités religieux en prose et des poèmes mystiques et allégoriques (Poème du navire, Poème de l'oiseau). Il est considéré comme l'auteur des premiers syair malais.

Han Shaogong

Nouvelliste chinois (né en 1953).

Originaire du Hunan, il est doublement marqué par la Révolution culturelle : son père, professeur, se suicide en 1966 et il fait lui-même partie des « jeunes instruits » envoyés à la campagne. Cette expérience lui fait découvrir une Chine cruelle et archaïque, bien différente de la Chine confucéenne ou marxiste. De cette découverte naît en 1985 un essai qui fait de lui le fondateur de la littérature de « recherche des racines ». Ses œuvres, marquées par l'Occident (Kafka, Kundera) et le « réalisme magique » (Garcia Marques), sont en rupture radicale avec le réalisme et, comme celles de Can Xue, célèbrent l'irruption de l'irrationnel dans l'univers romanesque (Pa pa pa, 1985 ; Femme femme femme, 1986). Quant aux personnages, pour la plupart rejetés par la collectivité, souvent porteurs d'un handicap physique ou mental, leur existence chaotique transforme en interrogation angoissée l'affirmation optimiste d'un progrès de l'humanité.

Han Suyin (Elizabeth Comber, dite)

Romancière anglaise (Pékin 1917).

De mère flamande, de père chinois, elle traverse la guerre sino-japonaise (Destination Tchongking, 1942), devient médecin (1948) et place ses sincérités successives au service d'un amour inconditionnel de l'Inde et de la Chine (Multiple Splendeur, 1952 ; la Chine en l'an 2001, 1967 ; Un été sans oiseaux, 1968 ; Jusqu'au matin, 1980).

Han Yong-Un, dit aussi Manhae

Écrivain coréen (1877 – Séoul 1944).

Bonze, il fut emprisonné pendant trois ans par les Japonais pour avoir fait partie des 33 signataires de la déclaration d'indépendance de 1919. C'est un poète dominé par l'amour de la nature et la profondeur du sentiment religieux, derrière lesquels il cache son patriotisme. Son poème, le Silence de ma bien-aimée (1926), est considéré comme un des plus beaux poèmes de la littérature coréenne.

Handke (Peter)

Écrivain et cinéaste autrichien (Griffen, Carinthie, 1942).

Il commence sa carrière littéraire dans la revue Manuskripte (Graz). Lors de la réunion du « Groupe 47 » à Princeton en 1965, il s'en prend violemment à « l'impuissance descriptive » de ses collègues. Ce scandale fera de lui le porte-parole de la jeune génération contestataire ; mais, face au mouvement de 1968, il préfère se retirer dans la « tour d'ivoire » d'une littérature hypersensible. À ses débuts, Handke se range délibérément du côté de la littérature expérimentale : dans ses romans (les Frelons, 1966 ; le Colporteur, 1967 ; l'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, 1970), il se réfère au « nouveau roman » ; dans ses pièces (Outrage au public, 1966 ; Gaspard, 1967 ; la Chevauchée sur le lac de Constance, 1971) ainsi que dans ses textes poétiques, l'Intérieur de l'extérieur de l'intérieur (1969), il se sert des techniques élaborées par le « groupe de Vienne ». À cette phase succède une évolution marquée par l'expérience autobiographique (voyages, lieux de séjour, dont Paris, naissance de son enfant, suicide de la mère) : en témoignent le Malheur indifférent (1972), l'Heure de la sensation vraie (1975), le Poids du monde (1977), Lent Retour (1979), Histoire d'enfant (1981), Après-midi d'un écrivain (1987), Mon année dans la baie de Personne (1994) et la pièce Par les villages (1981). Lors de la tragédie de l'ex-Yougoslavie, Handke a provoqué des polémiques politiques en prenant partie pour les Serbes.

Haniya Yutaka (Hannya Yutaka, dit)

Écrivain japonais (Taiwan 1909 – Tokyo 1997).

Après une enfance passée dans la colonie de Taiwan, il vint, adolescent, à Tokyo en 1923 et se passionne pour le cinéma et la lecture d'auteurs russes : Gontcharov, Lermontov et en particulier Dostoïevski, qui deviendra pour lui la référence décisive. Il quitte sa propédeutique après s'être adonné au théâtre et aux activités politiques. Devenu membre du parti communiste en 1931, il est incarcéré l'année suivante et fait une lecture décisive de la Critique de la raison pure de Kant, qui orientera, avec Dostoïevski, sa pensée et sa littérature. En 1939, il publie ses premiers écrits : le recueil d'aphorismes, Credo quia absurdum. Immédiatement après la guerre, il participe à la création de la revue Kindaibungaku (la littérature moderne), où il publie les premiers chapitres de son immense roman : Âmes mortes, « événements de cinq jours » qui s'ouvrent sur une perspective apocalyptique. Interrompu par la maladie en 1950, ce roman, devenu légendaire, sera repris en 1975 (chapitre V) et restera inachevé à sa mort, survenue à l'âge de 87 ans (chapitre IX). Ses essais politiques antistaliniens furent accueillis avec enthousiasme par la génération contestataire des années 1960. Retenons aussi Un cheval noir dans les ténèbres (recueil de nouvelles, 1970).

Hanka (Václav)

Poète et philologue tchèque (Horineves 1791 – Prague 1861).

Il composa en vieux tchèque, avec son ami Josef Linda, les faux Manuscrits de Dvůr-Králové (1817) et de Zelená Hora (1818). La critique de ces faux, notamment par Masaryk, provoqua dans les années 1886-1887, un extraordinaire débat intellectuel, où se dessinèrent certains traits de l'orientation future de la pensée tchèque.