Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Masudi (Abu al-Hasan Ali al-)

Écrivain arabe (Bagdad v. 893 – Fustat v. 956).

Grand voyageur, c'est l'un des représentants, côté histoire et géographie, de l'encyclopédisme de ce temps. De ses nombreux ouvrages, il convient de retenir le Livre de l'avertissement et de la révision et, surtout, les Prairies d'or, ces deux œuvres n'étant elle-mêmes que les abrégés de deux livres antérieurs bien plus volumineux. Il y est question de cosmographie, de géographie générale de la Terre, et surtout d'histoire, depuis la création du monde. Dans les Prairies d'or en particulier, livre achevé à la fin de 947 et révisé en 953, l'auteur se propose de replacer l'avènement de l'Islam et son histoire dans l'ensemble du devenir humain. Mais il n'hésite pas, ce faisant, à émailler son discours, dès qu'il s'agit des provinces arabes et de leur histoire propre, de faits littéraires marquants, de poèmes, d'anecdotes piquantes, d'observations concrètes et fort utiles : il est par exemple l'un des premiers à mettre en lumière l'existence des Mille et une nuits et d'ouvrages similaires dans le cadre des diverses catégories littéraires de son époque.

Matar (Muhammad Afifi)

Poète égyptien (prov. d'Al-Manûfiyya 1935).

Il est l'auteur de poèmes intimistes (Cahier du silence, 1968 ; Livre de la terre et du sang, 1972 ; Témoignage des larmes dans les temps comiques, 1973 ; Quatrains de la joie, 1990).

Matevossian (Hrant)

Écrivain arménien (Ahnidzor 1935 – ? 2002).

Dans un style épique et réaliste qui rappelle Faulkner, ses nouvelles et ses récits (Août, le Seigneur, Soleil d'automne) ont pour cadre le village arménien ancestral investi progressivement par le monde moderne.

Matfre Ermengaud

Écrivain occitan (mort v. 1322).

Ce franciscain de Béziers est l'auteur du Breviari d'amor (Bréviaire d'amour), texte didactique de 34 000 vers octosyllabes, commencé en 1288 et qui a connu un immense succès. Cette synthèse des connaissances de l'époque en géographie, en astronomie et en astrologie, en histoire naturelle, etc., fait également une place privilégiée à la théologie et aux sciences sacrées et exalte l'unité métaphysique entre monde divin et monde matériel fondée sur l'Amour. Aux branches du savoir symbolisé par l'Arbre d'Amor (enluminure qui ouvre les manuscrits), l'auteur a également greffé un « Périlleux traité sur l'amour des femmes » où sont citées plus de 200 strophes de poésies de troubadours, parfois inconnues autrement, et de Matfre lui-même.

mathal (proverbe, adage)

Genre littéraire arabe.

Très connu dans la littérature écrite ou orale, et inspirant parfois des recueils entiers, rassemblés par les philologues à partir du VIIIe siècle, le genre présente l'intérêt de donner un des premiers témoignages de la prose arabe dès avant l'apparition du Coran. Ces dits évoquent, de façon intuitive et sensible, à la fois ce qu'il est convenu d'appeler la sagesse populaire et, plus précisément, un ensemble d'attitudes morales et sociales recoupant l'antique code des valeurs bédouines. Quant à leur mode d'expression, on y distingue déjà quelques-uns des traits essentiels de ce que devait devenir l'arabe classique : effets phoniques, concision et balancements rythmiques. Le mathal peut servir également comme prétexte à l'introduction d'une riche matière narrative. De nombreux proverbes trouvent en effet leur justification dans l'anecdote, le drame, le conte ou la légende qui leur aurait donné naissance et que la plupart des recueils ne manquent pas de citer : ce sont alors de véritables mines d'informations sur une littérature narrative fort ancienne.

Matheson (Richard)

Écrivain américain (Allendale, New Jersey, 1926).

Scénariste (Duel, 1972 ; Dracula, 1974 ; Amelia, 1975), adaptateur de Poe à la télévision, auteur de romans policiers (les Seins de glace, 1955), il s'est imposé par un récit fantastique (Journal d'un monstre, 1950), puis par des recueils qui mêlent énigme policière, fantastique et science-fiction (Je suis une légende, 1954 ; l'Homme qui rétrécit, 1956). Maître de l'horror story, il s'est finalement enfermé dans les poncifs du genre (la Maison des damnés, 1971 ; le Jeune Homme, la Mort et le Temps, 1975).

Mathieu (Abel) , sieur de Moystardières

Jurisconsulte et écrivain français (Chartres v. 1500 – apr. 1560).

Ses deux Devis de la langue française (1559 et 1560) sont dédiés à Jeanne d'Albret. Sur un mode à la fois instructif et plaisant, conforme aux usages du monde de la dédicataire, l'auteur décrit le fonctionnement grammatical du français, tout en se livrant à des considérations sur les mœurs, le bon usage, l'origine de la langue, etc. Véritables guides normatifs, les Devis préfigurent à bien des égards les écrits de Malherbe.

Matos (Antun Gustav)

Écrivain croate (Tovarnik 1873 – Zagreb 1914).

Il passe de longues années à Belgrade, à Genève, à Paris et contribue au renouvellement de la littérature croate, en l'ouvrant sur l'Occident et notamment sur la France. Matos aborde plusieurs genres littéraires : poésie, nouvelles, essais, critiques et feuilletons (les Chapeaux, 1899 ; Horizons et Chemins, 1907).

Matos Guerra (Gregório de)

Poète brésilien (Bahia 1623 ou 1633 – Recife 1696).

Connu pour ses satires contre la société coloniale (« Triste Bahia »), il se révèle dans sa poésie amoureuse ou mystique un disciple de Góngora et de Quevedo.

Matsumoto Seicho (Matsumoto Kiyoharu, dit)

Écrivain japonais (Kokura 1909 – Tokyo 1992).

Ce n'est qu'à l'âge de 43 ans, alors qu'il était journaliste et dessinateur à Asahi Shimbun, qu'il obtint le prix Akutagawa pour sa nouvelle historique : Une histoire du « Journal de Kokura » (1952). Auteur de très nombreux best-sellers, il a renouvelé le roman policier avec Visage (1956), Des yeux aux murs (1957), Tokyo Express (1958). Il s'est également intéressé au « roman d'information », Brouillard noir du Japon (1960), et à la science-fiction, le Jour des dieux et des fauves (1963).

Matthews (Harry)

Écrivain américain (New York 1930).

Matthews fait sortir la sémiotique des séminaires universitaires pour la faire entrer en fiction et, même s'il critique McLuhan, il traite son médium, le langage, comme message, soulignant ses ambiguïtés et ses potentialités tragi-comiques, centrant ses premiers romans (les Conversions, 1962 ; Tlooth, 1966) sur des allégories complexes où le lecteur est pris dans l'acte même de l'interprétation. Les personnages de Cigarettes (1988) sont consumés par une passion discrète, mais destructrice, alors que s'élabore le projet esthétique de Matthews : montrer les conventions de la narration, l'illusion de cohérence qu'elles produisent, pour ramener le lecteur à une approche inédite du sujet. Le Journaliste (1994) et les poèmes (Ciel de demi-saison, poèmes 1954-1989, 1991) prolongent ce travail, alors que 20 lignes par jour (1988) rappelle la composition sous contraintes de l'Oulipo.