Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Kluge (Alexander)

Écrivain allemand (Halberstadt 1932).

À partir d'un fait divers, d'une chronique judiciaire, d'un dossier historique, ses livres (par la technique du collage) sont autant d'enquêtes, voire de thèses au sens universitaire (Anita G., 1962 ; Stalingrad, description d'une bataille, 1964). Son approche « géométrique » concentre un faisceau de regards multiples sur un point unique, situé généralement à l'époque hitlérienne : ce qui explique que son univers n'existe qu'à l'état de ruines (Nouvelles Histoires : étrangeté du temps, 1977).

Knaz (Yehoshua)

Écrivain israélien (Petah Tikvah 1937).

Écrivain de la « génération de l'État », il est de ceux qui, avec la désagrégation des valeurs collectives, découvrent que le pays est peuplé d'antihéros. Composés dans un style proche de la langue parlée, ses romans (Après les fêtes, 1964 ; la Grande Femme des rêves, 1973 ; le Chemin vers les chats, 1991) et ses nouvelles (Moment musical, 1980) mettent en scène des personnages marginaux, caractérisés par la frustration et la solitude. Son village natal ainsi que Tel-Aviv sont le cadre réaliste principal de son œuvre (Restaurateur d'amours anciennes, 1997 ; Paysage avec trois arbres, 2000).

Knigge (Adolf von)

Écrivain allemand (Bredenbeck, près de Hanovre, 1752 – Brême 1796).

Aristocrate ouvert aux idées des Lumières, franc-maçon, membre influent de la société secrète des Illuminés, l'œuvre du baron von Knigge est nourrie des préoccupations sociales et politiques de son temps et emprunte la forme du roman humoristique ou satirique (le Roman de ma vie, 1781-1783 ; l'Histoire du pauvre Monsieur de Mildenburg, 1789-1797 ; le Voyage à Brunswick, 1792). Son traité Du commerce des hommes (1788), sorte de catéchisme social dans l'esprit de l'Aufklärung, fut réédité tout au long du XIXe s.

Knowles (John)

Écrivain américain (Fairmont, West Virginia, 1926 – Fort Lauderdale, Floride, 2001).

Ses études à Yale et des débuts de journaliste aboutissent à un premier roman : Une paix séparée (1959). Toutes ses œuvres successives, à l'exception de la Veine de la richesse (1978), se situent en Nouvelle-Angleterre ou en Europe et offrent une réflexion sur la vie de nomades des intellectuels modernes. Le seul défaut de ce cosmopolitisme est un sentiment d'aliénation, perceptible dans La paix éclate (1981), qui analyse la culpabilité des survivants après un atroce épisode de bizutage dans une école privée américaine. Passé volé (1984) et la Vie privée d'Axie Reed (1986) reprennent ces thématiques en y ajoutant les personnages emblématiques de jeunes gens détruits par les incohérences de leur époque.

Knudsen (Erik)

Écrivain danois (Slagelse 1922).

Ses premiers recueils de vers (Journées doubles, 1945 ; la Fleur et l'Épée, 1949) affichent un style ironique et désespéré. L'engagement politique débouche aussi bien sur la satire désenchantée (Foyer, 1953 ; Minotaure, 1955 ; Sensation et Silence, 1958 ; Journal, 1963) que sur la colère qui appelle à l'action (la Bombe humaine. Chants et monologues, 1968 ; Communistes, 1976). Au théâtre, il se veut disciple de Brecht (Friedleben, 1954).

Kobayashi Takiji

Romancier japonais (Akita 1903 – Tokyo 1933).

Fils de paysans ruinés, il adhère au mouvement révolutionnaire de sa ville de Hokkaido, et se fait connaître par le 15 Mars 1928 (1928), qui relate l'arrestation massive des militants ouvriers. En 1929, la publication du Bateau-usine l'impose définitivement comme l'un des principaux artisans de la littérature prolétarienne. Après avoir été chassé de son emploi, il est incarcéré momentanément à Tokyo. Élu secrétaire général de l'Union des écrivains prolétariens en 1931, il entre ensuite au parti communiste ; de nouveau arrêté, il meurt sous les tortures de la police.

Kobeck (Edvard)

Écrivain slovène (Videm 1904 – Ljubljana 1981).

Critique, romancier et traducteur, il est influencé par l'expressionnisme allemand. Ses œuvres principales sont la Camaraderie (1949), Peur et Courage (1951), la Terre (1934).

Kober (Jacques)

Poète français (Chartres 1925).

Il rencontre très jeune Aimé Maeght, en devient le bras droit et rejoint les surréalistes. Admirateur de Breton (il organise sous ses directives le collectif le Surréalisme en 1947), témoin privilégié des peintres, comme Bram Van Velde, il reste fidèle à l'esprit du surréalisme comme beauté et luxuriance de la vie : le Vent des épines (1947) est illustré par Bonnard, Matisse, Braque. Il marque un silence littéraire de vingt ans puis, « les mains éblouies », revient à l'écriture en 1973, sa parole originale s'étant encore nourrie par ce retrait. Son Jasmin tu es matelot (1948) est repris en 1998. Il publie Boccata d'ossigeno, 1999 et Recettes vénitiennes, 2002.

Koblandy-Batyr

Épopée populaire kazakh.

Inspirée des luttes menées aux XVIIe-XVIIIe s. par les tribus Kiptchak contre les envahisseurs Kalmouk et Kyzylbach, comme d'éléments plus archaïques, elle compte, dans la version de l'akyne Nourpeïs Baïganine, environ 10 000 vers. Associant au thème patriotique des motifs romanesques et fabuleux (le cheval Taïbouryl), elle narre la naissance miraculeuse du héros, ses « enfances », ses aventures sentimentales, son mariage avec la belle Kortka, et sa lutte contre les ennemis héréditaires de son peuple, les khans Kazan et Alchaguyr.

Kobrin (Leon)

Écrivain de langue yiddish (Vitebsk, Biélorussie, 1872 – New York 1946).

Il s'installe à New York en 1892. Ses débuts sont marqués par l'influence de Tchekhov, de Maupassant et des réalistes russes. Dans ses nouvelles (Œuvres réunies, 1910) et dans son théâtre (Mina, 1899 ; Riverside drive,1928) il évoque la vie des immigrés juifs en Amérique. Il a laissé plusieurs volumes de Mémoires.

Kobylianska (Olga Oulianivna)

Romancière ukrainienne (Houra Houmora 1863 – Tchernivtsi 1942).

Née en Bukovine, elle publia d'abord des nouvelles associant au refus du conformisme bourgeois une protestation féministe (la Fille de roi, 1896) et dénonçant, sous l'influence de Tolstoï, l'écrasement de l'individu par la société (Ce que j'aimais, 1896 ; Soumission, 1898). Elle a peint dans ses meilleurs récits l'univers moral et l'âpre vie des paysans d'Ukraine (la Banque rurale, 1895 ; Aux champs, 1898 ; la Terre, 1902).