Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Viennet (Jean Pons, Guillaume)

Homme politique et littérateur français (Béziers 1777 – Le Val-Saint-Germain 1868).

Viennet reste connu par son opposition au Consulat et à l'Empire, puis aux lois contre la liberté de la presse et, enfin, au romantisme. Il tenta de faire revivre la tragédie, mais ses pièces (Clovis, 1820) trouvèrent peu d'audience. Viennet est également auteur de poèmes épiques (Austerlide, 1808 ; Franciade, 1863). On lui doit aussi des Fables (1842) et des romans (le Château Saint-Ange, 1834).

Vienuolis (Antanas Julianovitch Zukauskas, dit)

Écrivain lituanien (Uzuozeriai 1882 – Anyksciai 1957).

Lié au milieu démocratique, il participa au mouvement de 1905 et fut révélé par des récits qui peignent avec réalisme la vie de l'intelligentsia (De retour, 1908 ; l'Épouse, 1909) et les mœurs rurales (la Noyée, 1909). L'indépendance le trouve fidèle à cette représentation critique de la société (la Salle des intellectuels, 1921 ; Avant l'aube, 1925). Après la réunification, il ressuscite dans des romans épiques (la Fille adoptive, 1946 ; le Domaine des Puodziunas, 1949) les luttes sociales du village sous le régime bourgeois.

Viertel (Berthold)

Metteur en scène et écrivain autrichien (Vienne 1885 – id. 1953).

Ami de Karl Kraus et de Broch, cofondateur (1912) de la Volksbühne (« Théâtre populaire ») de Vienne, il assura en exil depuis 1938, des mises en scène de théâtre et de films à Londres et Hollywood, et, à son retour en Autriche, après la Seconde Guerre mondiale, à Zurich, Berlin, Vienne et Salzbourg. On lui doit des recueils poétiques (N'ayez crainte, 1941), des essais (Karl Kraus, 1921), des romans (Aumône, 1927) et des comédies (la Belle âme, 1925).

Vieru (Grigore)

Écrivain moldave (Pererita, Hotin, 1935).

Auteur de vers pour enfants (l'Alarme, 1957 ; Bonjour, flocons de neige, 1961) et poète traditionnaliste, dans le sillage d'Eminescu et Blaga, il cultive en tonalités de rêverie élégiaque les thèmes de la maternité, du village, de la patrie et de la langue natale (Ton nom,1968 ; l'Étoile de vendredi, 1978 ; la Racine de feu, 1988 ; Prière pour ma mère, 1994).

Viêt-Nam

L'histoire du Viêt-nam a très largement marqué de son empreinte la littérature de ce pays. Abstraction faite de la période légendaire, un millénaire de domination chinoise (de 111 av. J.-C. à 939 apr. J.-C.) y a répandu l'usage officiel du chinois dans l'administration, l'enseignement et les œuvres écrites. C'était l'apanage de la classe dirigeante ou des lettrés, tandis que le peuple gardait le parler autochtone. D'où une littérature savante en langue chinoise avec une prononciation à la vietnamienne et appelée pour cette raison « sino-vietnamienne » ou « Han ». La recherche d'une identité nationale après l'indépendance incitait les lettrés à inventer une écriture propre en empruntant des éléments de caractères chinois pour transcrire la langue vietnamienne. Ce qui a donné naissance à une littérature en langue vietnamienne écrite en « nôm ». Le contact avec l'Occident au XVIe s. par ses marchands et ses missionnaires amenait ces derniers, avec l'aide des originaires anonymes, à appliquer au vietnamien une nouvelle transcription à partir de l'alphabet latin, méthode utilisée auparavant par eux pour le japonais et le chinois et qui s'appelle « écriture romanisée », origine d'une littérature en langue et écriture nationales ou « quôc ngu ». Ces trois sources successives, auxquelles s'ajoute la littérature orale ou populaire d'origine, alimentent l'ensemble du patrimoine littéraire vietnamien.

Littérature populaire

Outre les contes, les mythes et les légendes, les dictons, proverbes et chansons populaires en sont les composantes. Ils reflètent l'âme du peuple vietnamien et témoignent de l'originalité de la culture nationale, par leur contenu et leur forme. Ils condensent les observations de la nature et de la société, les coutumes et les règles de conduite. Ils expriment les sentiments de joie ou de tristesse, d'espoir ou de déception, sur l'amour, la famille ou le pays. Bon sens et optimisme, malice et humour caractérisent ces fonds collectifs. Improvisés selon les circonstances ou composés par une personne au départ, chansons et proverbes sont transmis de bouche à oreille. Ce qui rend possible l'improvisation et facilite la mémorisation est la facture des groupes de mots qui constituent la trame du langage parlé. Ils se forment par redoublement, association ou opposition et se soutiennent par le rythme, la rime ou l'assonance. L'alternance des tons linguistiques leur donne en plus une mélodie qui les rapproche de la musique. Fleurons de cette littérature orale, les chansons populaires jaillissent spontanément du cœur, accompagnent avec des airs appropriés les activités de la vie du berceau à la tombe : berceuses, comptines, devinettes, complaintes, chants alternés entre garçons et filles, chansons des repiqueuses, des moissonneurs, des bateliers... rythmes et mélodies fondues aux suggestions des mots charment les rêves, animent les jeux et le travail, les fêtes et les saisons. De tels documents fournissent de riches renseignements sur le mode de vie, la psychologie et les croyances traditionnelles du peuple.

Littérature d'expression chinoise

Les premiers écrits sont tous en vers chinois. Dès le XIe  s., parmi les lettrés, formés à l'enseignement des doctrines spirituelles de l'Inde et de la Chine, se manifestent surtout des bonzes (Khanh-Hy, Bao-Giac, Huê-Sinh, Viên-Chiêu), auprès desquels apparaissent peu à peu des souverains et de grands serviteurs du royaume (Ly Thanh-Tôn, Ly Nhân-Tôn, Ly Thuong-Kiêt, Tô Hiên-Thành). À partir du XIIIe s., tandis que le bouddhisme reste religion d'État, les lettrés non religieux prennent le pas sur les bonzes. Les écrits, encore riches des enseignements du Bouddha, se trouvent mêlés à des thèmes inspirés de la doctrine de Confucius, d'où l'orientation plus humaniste de la poésie. De nombreux recueils voient le jour, composés par les rois Trân (Thai-Tôn, Nhân-Tôn), des bonzes (Huyên-Quang, Phap-Hoa), de hauts mandarins (Chu Van-An, Nguyên Phi-Khanh). Puis la prose apparaît : écrits de gouvernement, Précis de stratégie de Trân Quôc-Tuân, Mémoires historiques de Lê Van-Huu, recueils de légendes, enfin, où se fait jour l'identité nationale du Viêt-nam.

   Le confucianisme triomphe au XVe s. Le métaphysique s'efface derrière le social. Après l'homme d'État et stratège Nguyên Trai (1380-1442), le roi Lê Thanh-Tôn (1441-1497) fonde et anime un cénacle littéraire composé de 28 grands lettrés. Le nationalisme vietnamien se développe avec la faveur accordée par l'élite à un genre nouveau : les poèmes historiques. Parallèlement se complètent les annales officielles avec l'œuvre de Ngô Si-Liên et s'ajoutent de nouveaux recueils de légendes.

   L'œuvre considérable laissée par Nguyên Binh-Khiêm au XVIe s. a, en grande partie, disparu, mais ce que nous en savons dénote la permanence de la primauté de la poésie et du chinois. La prose gagne cependant en importance, en témoignent les écrits encyclopédiques de Lê Qui-Dôn (1726-1784) et de Phan Huy-Chu (1782-1840). Toutefois, de plus en plus, les lettrés vietnamiens acceptent de recourir à l'écriture vernaculaire, dont la connaissance s'étend.

Littérature en « nôm » ou caractères démotiques

Par l'emprunt et la combinaison des éléments de caractères chinois pour noter le son et le sens des mots vietnamiens, cette écriture « vulgaire » a très longtemps souffert du mépris des lettrés pour son manque de noblesse, de codification et de précision. Attestée dès le XIIIe s., celle-ci va concrétiser une vietnamisation progressive des écrits. La poésie continue à dominer l'ensemble, riche en recueils de poèmes à la métrique des Tang et qu'un genre nouveau vient enrichir, le roman-fable, avec la Souris vertueuse, peut-être écrite dès le XIVe s. La production littéraire de l'époque Hông-Duc, durant le dernier quart du XVe s., donne véritablement droit de cité à l'écriture nôm, dont le domaine s'étend progressivement avec la diversification des genres et même des thèmes, une place plus grande accordée à la peinture des sentiments individuels et le recours plus fréquent à des sujets historiques. Ainsi, dans un tel climat, deux genres en vers typiquement vietnamiens naissent au XVIIIe s. : le roman et la complainte. Complainte de la femme du combattant et Complainte de la concubine royale rendent célèbres Doan Thi-Diêm et Nguyên Gia-Thiêu. En ce qui concerne le roman, après les Feuillets à fleurs de Nguyên Huy-Tu, Nguyên Du écrit Nouveaux Accents de douleurs, considéré comme le chef-d'œuvre poétique national. Suivent d'autres œuvres du même genre, tels les Pruniers refleuris puis, au milieu du XIXe s., écrit par Nguyên Dinh Chiêu, Luc Vân Tiên. Cette abondante production en vers témoigne de la faveur constante dont jouit la poésie. Un phénomène se produit avec la poétesse anticonformiste Hô Xuan-Huong qui fait sentir admirablement dans ses poèmes mi-figue mi-raisin, érotiquement voilés, une sourde révolte contre le moralisme social oppressant pour la condition féminine. La tendance nostalgique, par contre, s'affirme avec la veine d'une autre poétesse, Bà Huyên Thanh-Quan. Nombreux en tout cas sont les poètes du XIXe s., moralistes de tradition, humoristes de nature, attentifs aux grands changements qui s'annoncent : Nguyên Công-Tru, Cao Ba-Quat, Trân Tê-Xuong sont, avec Nguyên Khuyên, les derniers grands poètes qui ont contribué à la richesse de ce patrimoine en nôm.