Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Pagis (Dan)

Poète israélien (Bukovine 1930 – Jérusalem 1986).

Élevé dans une famille juive de culture allemande, il voit son éducation brutalement interrompue par la guerre. Interné dans un camp de concentration en Ukraine, il s'échappe en 1944 et s'installe en 1946 au kibboutz Merhavia. Il entreprend des études de littérature et devient professeur de poésie médiévale à l'université de Jérusalem. Il a publié de nombreux recueils poétiques (Cadran d'ombre, 1959 ; Séjour tardif, 1964 ; Métempsycose, 1970 ; Cerveau, 1976 ; Comme le fil d'écarlate, 1979 ; Double Impression, 1982). Son œuvre poétique, ironique et désespérée traite de la mort, de temps et de la mémoire. Le célèbre poème « Dans le wagon plombé » est gravé dans le mémorial de Yad va-Shem à Jérusalem.

Pagliarini (Elio)

Journaliste et écrivain italien (Viserba, Forli, 1927).

Journaliste, poète « expérimental », appartenant au groupe 63, il intègre dans ses vers des bribes du langage scientifique, technique, publicitaire ou des expressions dialectales (Carla la jeune fille, 1962 ; Leçon de physique et Fecaloro, 1968 ; Exercices platoniciens, 1985).

Pagnol (Marcel)

Écrivain et cinéaste français (Aubagne 1895 – Paris 1974).

Fils d'un instituteur et d'une couturière – dont les silhouettes hanteront toute son œuvre pour devenir les personnages principaux de ses Souvenirs d'enfance (la Gloire de mon père, 1957 ; le Château de ma mère, 1958 ; le Temps des secrets, 1960 ; le Temps des amours, 1977) –, Pagnol fonde au sortir du lycée une revue littéraire, Fantasio, dans laquelle il publie son premier roman, Pirouettes, et dont le principal mérite fut d'être le brouillon des Cahiers du Sud. Professeur d'anglais au lycée Condorcet, il écrit avec P. Nivoix sa première pièce, les Marchands de gloire (1926), où se lit encore l'influence de Becque. En 1927, Phaëton, rebaptisé Jazz par R. Darzens, est joué au Théâtre des Arts.

   En congé de l'Instruction publique, à la suite d'une soirée chanceuse au casino de Monte-Carlo, il consacre sa vie et son énergie au théâtre, puis, très vite, au cinéma. Topaze (1928) est ainsi portée à l'écran et Marius (1929), pièce « marseillaise » à succès, est bientôt transposée au cinéma avec les mêmes interprètes. La machine est désormais lancée : ce sont Fanny (1932), puis César (1936), directement conçu pour le cinéma. À l'époque de Merlusse et Cigalon (1935), l'ère Giono commence : Joffroy (1934, d'après une nouvelle de Solitude de la pitié), Angèle (1934, d'après Un de Baumugne), Regain (1937), la Femme du boulanger (1938, d'après Jean le Bleu). De fait, deux influences ont orienté la carrière de l'écrivain : d'une part, celle du compositeur Vincent Scotto, qui le fit descendre des cimes universitaires de la tragédie antique ; d'autre part, celle du chantre de la Haute-Provence, avec qui Pagnol entretint des rapports conflictuels complexes, fraternels et filiaux, mêlés d'admiration et de jalousie, qui contribuèrent à l'orienter vers le cinéma, où il eut l'ambition de faire, par l'image, ce que son ami avait réussi par les mots.

   Décidément voué aux adaptations littéraires, l'Aubagnais tourne Naïs (1946, d'après Zola), écrit les dialogues du Rosier de Mme Husson (d'après Maupassant), réalise Manon des Sources (1952) – dont il tirera deux romans (l'Eau des collines, 1963, et Jean de Florette, 1964) – et donne une version controversée de trois Lettres de mon moulin (1954, d'après Alphonse Daudet). Après deux retours au théâtre (Judas, 1955, et Fabien, 1956) et un ouvrage historique consacré au Mystère du Masque de fer (1965), Pagnol n'écrira plus que des préfaces pour l'édition de ses Œuvres complètes (1970).

   Sur ce qui fait le fond de sa technique, qui est sympathie spontanée, don d'observation (il notait dans ses carnets les bribes de conversations surprises aux terrasses des cafés, dans les tramways ou les rues de Marseille), on a beaucoup critiqué une trop grande facilité, une sensibilité à fleur de peau, une incapacité à écarter la scène à faire. Sur sa conception théâtrale du cinéma, on a souvent refusé de voir qu'il est, dans son vérisme, le père du néoréalisme (Vittorio de Sica : « L'école néoréaliste, c'est Pagnol qui l'a faite avec Angèle en 1934 »), et la « nouvelle vague » lui a rendu un hommage filial (Cahiers du cinéma, nº 173, décembre 1965). Sur sa légèreté, sa conception idyllique du monde, on n'a pas réfléchi que, de Topaze à Manon des Sources, en passant par Naïs ou la Fille du puisatier (1940), il a développé une vision très pessimiste de la vie et des hommes. Certains de ses vieillards sont insoutenables de méchanceté sournoise. Si on ne l'a pas vu, c'est que telle figure sympathique tenait le devant de la scène : pour réelle qu'elle soit, la jovialité méridionale n'est que l'une des facettes de l'œuvre.

pahlavi

Système d'écriture du moyen perse, utilisé entre le IIe s. et l'avènement de l'islam (langue, littérature pahlavies). Le nom est aussi appliqué à l'ensemble des textes écrits en moyen perse et en parthe à l'exception des écrits manichéens : le moyen perse est alors désigné comme « pahlavi sassanide », et le parthe, comme « pahlavi arsacide ». Le moyen perse, résultat de la transformation du vieux perse, était la principale langue commune, littéraire, religieuse et officielle de l'empire des Sassanides 226-651 apr. J.-C.). Il est attesté assez abondamment par des documents divers monnaies, sceaux, papyrus, inscriptions officielles), par une littérature, surtout religieuse mazdéenne, cf. Bundahishn et Dinkart), et par de nombreux fragments de manuscrits manichéens découverts au début du XXes . à Tourfan, dans le Turkestan chinois. Les textes en moyen perse sont écrits dans une écriture dérivée de l'araméen, qui ne comporte pas la notation des voyelles ; ils sont d'une orthographe archaïsante et encombrés d'idéogrammes araméens ; les caractères sont souvent ambigus, si bien que l'interprétation en est difficile. La littérature pahlavie a souvent servi de relais dans le passage de thèmes sapientiaux (l'Arbre babylonien) ou épiques (Vis et Ramin) du domaine parthe à celui de la littérature persane.