Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Le Faure (Georges)

Écrivain français (Paris 1856 – 1953).

Journaliste politique, il commença à écrire des récits historiques et des romans sentimentaux, parfois en collaboration : la Tour de Nesle (1887) avec Pierre Delcourt, Aventures extraordinaires d'un savant russe (4 vol., 1888-1896) avec Henry de Graffigny. Utilisant aussi des pseudonymes (Georges Faber, René Barthe), il publia ses romans en feuilletons dans plusieurs journaux, cultivant divers genres : roman policier (les Écumeurs de Paris, 1890 ; la Maffia, 1891), science-fiction (les Robinsons lunaires, 1891 ; la Guerre sous l'eau, 1892), roman d'espionnage (Nicolas Pépoff, 1895), roman d'aventures (le Roi du revolver, 1906), ciné-roman (Tih Minh, 1919 ; la Grande Épreuve, 1928).

Le Fèvre (Nicolas)

Magistrat et humaniste français (Paris 1544 – id. 1612).

Il fit des études de droit en Italie, collectionna les manuscrits et fut précepteur du prince de Condé (1596), puis de Louis XIII (1611). Ami de Guillaume du Vair (qui le représente sous les traits de « Linus » dans son Traité de la consolation), du président de Thou, de M. A. Muret, du cardinal Du Perron, il distingua pour la première fois avec netteté les textes de Sénèque le Rhéteur et de Sénèque le Philosophe, et collabora aux Annales de Baronius. C'est l'un des meilleurs représentants de la culture parlementaire.

Le Fort (Gertrud von)

Femme de lettres allemande (Minden 1876 – Oberstdorf 1971).

Fille d'officier prussien, descendante d'une famille huguenote, elle étudie la théologie, l'histoire et la philosophie, et devient, après sa conversion en 1925, une des principales représentantes de la littérature catholique en Allemagne. Son œuvre est consacrée aux problèmes de la foi et de la grâce. Le Voile de Véronique (1928) raconte l'histoire d'une conversion. Parmi ses œuvres en prose, on trouve les romans le Pape venu du ghetto (1930) et les Noces de Magdebourg (1938). Elle laisse aussi un recueil de poèmes (Hymnes à l'Église, 1924).

Le Franc (Martin)

Poète français (comté d'Aumale 1410 – v. 1461).

Il fut secrétaire des papes Félix V et Nicolas V, prévôt de Lausanne et chanoine de Genève. Il dédia à Philippe Le Bon deux ouvrages à portée morale et didactique. Dans le Champion des Dames (vers 1440-1442), en 24 000 octosyllabes disposés en huitains, l'auteur, partant du Roman de la Rose, prend la défense des femmes contre la tradition misogyne de Jean de Meun. Étape importante dans l'évolution de la « querelle des femmes », première bataille d'idées en France suscitée par le débat sur le Roman de la Rose, l'œuvre est aussi un trésor de références littéraires et d'allusions historiques, avec l'évocation du monde des lettres et de la société courtoise. D'inspiration plus allégorique et religieuse, l'Estrif de Fortune et de Vertu (1447-1448) est un débat entre les Dames Fortune et Vertu et Dame Raison, pour savoir quelle est celle qui dirige le monde. Des poèmes à portée philosophique s'insèrent dans les discussions en prose.

Le Goffic (Charles)

Écrivain français (Lannion 1863 – id. 1932).

Quinzième enfant d'un maître imprimeur, il abandonna une carrière de professeur pour la littérature. Reçu barde au pays de Galles en 1898, il fréquenta les « Dîners celtiques », fut un des fondateurs de Kevredigez broadel Breiz (Union régionaliste bretonne), mais a laissé très peu d'œuvres en breton, langue qu'il pratiquait pourtant couramment. Sa poésie de parnassien attardé manque d'originalité (Amour breton, 1889), mais ses œuvres en prose ont une autre envergure (le Crucifié de Kéraliès, 1892 ; Morgane, 1899 ; l'Abbesse de Guérande, 1921 ; Contes de l'Armor et de l'Argoat, 1930). Son œuvre majeure reste l'Âme bretonne (1902-1924), qui rassemble des légendes et des contes.

Le Gonidec (Jean-François)

Lexicologue et grammairien français (Le Conquet 1775 – Paris 1838).

Il fut l'un des fondateurs, en 1805, de l'Académie celtique. Sa Grammaire celto-bretonne (1807) et son Dictionnaire de la langue celto-bretonne (1821) ont, tout en privilégiant le dialecte du Léon, codifié la langue, simplifié son orthographe, épuré son vocabulaire et lui valurent le nom de « Tad ar gwir vrezoneg » (le Père du vrai breton). Il publia aussi de nombreuses traductions en breton, notamment du Nouveau Testament (1827) et de livres religieux.

Le Guin (Ursula Kroeber)

Romancière américaine (Berkeley 1929).

Sa première nouvelle, Avril à Paris, publiée en 1962 dans la revue Fantastic, mêle science et magie et témoigne d'une certaine nostalgie pour un Moyen Âge plus rêvé que réel. Si ses romans – comme les Mondes de Rocannon (1966), Planète d'exil (1966), la Cité des illusions (1967) – font de la confrontation respectueuse des différences le moteur de l'histoire, la Main gauche de la nuit (1969) évoque un monde perpétuellement enseveli sous la neige et livré à l'indistinction absolue, même sexuelle. Alors que Le nom du monde est Forêt (1972) se présente comme un apologue écologiste et que les Dépossédés (1974) fondent une « utopie ambiguë », elle sacrifie à l'« heroic fantasy » avec la trilogie de Terremer (1967-1972), suivie de Tehanu.

Le Jeloux (Paul)

Poète français (né en 1955).

Ce natif de Bretagne est l'auteur de trois recueils (l'Exil de Taurus, 1983 ; le Vin d'amour, suivi de Six Poèmes anciens et le Sang du jour, 2000) qui établissent l'originalité de sa voix, attentive à la tradition sans en être l'esclave, ouverte aux pouvoirs de l'imaginaire. Le monde celte, l'Antiquité et le Christianisme sont revisités. Ils n'appartiennent pas qu'au passé et peuvent être questionnés. Le Vin d'amour dit aussi une ébriété du langage et une confiance, même tragique, dans ses vertus. Hier et le mythe éclairent aujourd'hui. L'histoire ne masque pas l'éternel en elle, et c'est au poème, un poème possible envers et contre tout au jour d'aujourd'hui, qu'il revient de le traduire.

Le Jeune (Jean)

Écrivain belge d'expression wallonne (Jupille 1875 – Izier 1945).

Lexicologue, il a écrit des comédies (Bertine, 1900 ; Li Grimbié molin, 1912 ; Po marier Leyontine, 1927), mais il est surtout connu comme un conteur animalier dont le style impressionniste, le sens de l'observation et la justesse de ton rappellent Pergaud (Cadet, 1921 ; Par friches et bois, 1948).