Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Gao Xingjian

Auteur chinois naturalisé français (né en 1940).

Dramaturge, poète, romancier, peintre, essayiste, ce créateur protéiforme a fait à Pékin des études de français d'un haut niveau, et traduit Beckett et Ionesco. Envoyé en camp de rééducation pendant la Révolution culturelle, il doit détruire ses premiers manuscrits (romans et théâtre). Il publie en 1981 son Premier Essai sur l'art du roman moderne, qui déclenche une violente polémique sur le réalisme et le modernisme. Ses pièces (le Signal d'alarme, 1982 ; l'Arrêt d'autobus, 1983 ; l'Homme sauvage, 1985) attirent à nouveau sur lui les foudres du pouvoir. Après le massacre de Tian'anmen (juin 1989), il s'installe définitivement en France avec le statut de réfugié politique. Son maître livre, la Montagne de l'âme (d'abord publié à Taïwan, 1990), constitue une œuvre unique dans le paysage littéraire chinois contemporain : le « courant de langage », dont il se veut l'inventeur, lui permet de fondre, dans cette œuvre, les récits de voyage, les bribes d'histoires, les notes au fil du pinceau, la théorie, les fables, le monologue intérieur renouvelé. Il se voit couronné par le prix Nobel de littérature en 2000.

Gaprindachvili (Valerian Ivanes dze)

Poète géorgien (Kutaïsi 1889 – Tbilisi 1941).

Un des fondateurs des Tsisperi q'ants'ebi (Les Cornes d'Azur). Il publie d'abord des vers désenchantés (Crépuscules, 1919). Après sa rupture douloureuse avec l'esthétique symboliste, il célèbre son pays natal (Retour à la terre ; Mon pays, 1935), la construction du socialisme (En souvenir de Lénine, 1935 ; Au grand Octobre, 1937), les heures glorieuses et les figures héroïques des révolutions française et espagnole (la Commune de Paris, 1925 ; À l'Espagne héroïque, 1936).

Garasse (François)

Prédicateur et écrivain français (Angoulême 1585 – Poitiers 1631).

Polémiste violent, le jésuite Garasse publia sous des pseudonymes des pamphlets contre les protestants (le Rabelais réformé, 1619) et l'avocat général Servin (le Banquet des sages, 1617), et ses outrances de langage lui firent interdire la chaire. Sa Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps (1624), écrite dans un style outré et satirique contre les libertins et Théophile de Viau en particulier, contribua à brosser pour longtemps le portrait du libertin impie et épicurien. Son ouvrage déclencha une « querelle de la raillerie chrétienne » (un chrétien peut-il user de l'invective ?) qu'il soutint et finit par perdre, notamment contre François Ogier, dans son Apologie pour son livre contre les athéistes (1624).

Garat (Dominique Joseph, comte)

Homme politique et écrivain français (Bayonne 1749 – Urdains 1833).

Jeune avocat à Bordeaux, il débuta à Paris par des éloges (de Michel de L'Hôpital, 1778 ; de Suger, 1779 ; de Fontenelle, 1784), des articles de journaux, et remplaça Marmontel comme professeur d'histoire au Lycée. Membre des États généraux, il fit le compte rendu des séances dans le Journal de Paris. En Thermidor, il fut commissaire de l'Instruction publique, professeur d'analyse de l'entendement humain à l'École normale, puis membre de l'Institut. Proche des Idéologues, mais honoré par l'Empire, il manifesta une opposition discrète à l'autoritarisme et se retira sous la Restauration.

Garborg (Arne)

Écrivain norvégien (Time, Jaeren, 1851 – Asker 1924).

Issu d'un milieu paysan et piétiste, il prêche la tolérance dans des romans à succès (Un libre-penseur, 1878). Un séjour à Paris l'oriente vers le naturalisme, il discute alors de morale sexuelle (Hommes, 1887) et se livre à des études réalistes (Chez mère, 1890). Devenu presque anarchiste et honni de la bonne société, il se retire dans les montagnes du Kolbotn, d'où il lance ses satires politiques. Paix (1892) décrit la vieille paysannerie minée par le capitalisme et le fanatisme religieux.

Garçaõ (Pedro António Correia)

Poète portugais (Lisbonne 1724 – id. 1772).

Épicurien que le marquis de Pombal envoya mourir en prison, il fut l'un des fondateurs de l'Arcadie lusitanienne (1756), qui défendait une esthétique néoclassique.

Garchine (Vsevolod Mikhaïlovitch)

Écrivain russe (Voronej 1855 – Saint-Pétersbourg 1888).

Pour partager le sort des paysans, il prend part à la guerre contre la Turquie, qui inspire sa première nouvelle, Quatre Jours (1877), histoire d'un blessé abandonné sur le champ de bataille. D'une sensibilité tourmentée (il mettra fin à ses jours), il affectionne les états pathologiques, les situations dramatiques, qu'il écrive l'histoire d'une prostituée (Nadiejda Nikolaïeva, 1885) ou celle d'un fou (la Fleur rouge, 1883) pour qui tout le mal du monde est incarné par trois pavots poussant dans la cour de l'hôpital. Souvent comparé à Dostoïevski pour l'attention qu'il accorde à la souffrance universelle, il est un maître du genre bref.

García de la Huerta (Vicente)

Auteur dramatique espagnol (Zafra 1734 – Madrid 1787).

Hostile aux théories dramatiques du classicisme français, il remit à l'honneur les chefs-d'œuvre du Siècle d'or espagnol (Théâtre espagnol, 1785-1796) et tenta de créer une tragédie moderne et nationale. Rachel ou la Juive de Tolède (1778), tragédie au contenu politique subversif, défraya la chronique. On lui doit aussi des poèmes (Endymion, 1755) et des écrits de polémique littéraire.

Garcia de Mascarenhas (Brás)

Poète portugais (Avô 1595 – id. 1656).

Une vie aventureuse le mena plusieurs fois en prison. On lui doit une épopée, Tragédie de Viriatus (publiée en 1699), qui contient de nombreux épisodes autobiographiques.

García Gutiérrez (Antonio)

Auteur dramatique espagnol (Chiclana de la Frontera 1813 – Madrid 1884).

Auteur puissant, au génie inventif et aux multiples ressources, il connut un succès foudroyant avec son premier drame, le Troubadour (1836), dont il fit lui-même la parodie (les Fils de l'oncle Tronera, 1846), tandis que Salvatore Cammarano en tira le livret du Trouvère de Verdi (1853). Influencé par le théâtre romantique français, il en adapta les théories à la vie et à l'histoire espagnoles (le Page, 1837 ; les Noces de Doña Sancha, 1843 ; le Trésor du roi, 1850 ; Vengeance catalane, 1864 ; Juan Lorenzo, 1865). On lui doit aussi quelques recueils lyriques (Lumière et Ténèbres, 1842) et des récits en prose et en vers de tonalité comique ou satirique (le Fantôme de Valladolid, 1842).