Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

sosol

Terme générique désignant, dans la littérature coréenne, un récit en prose. Dans la littérature classique, il désigne le roman, œuvre en général d'une cinquantaine de pages ; dans la littérature moderne, il désigne soit la nouvelle (tamp'yon sosol, « roman court »), soit la nouvelle longue (30 à 50 pages, chungp'yon sosol), soit encore le roman (changp'yon sosol, « long roman »).

Sossioura (Volodymyr Mykolaïovytch)

Poète ukrainien (Debaltseve 1898 – Kiev 1965).

En 1917, il s'engagea dans l'Armée nationale de la République démocratique ukrainienne, puis en 1920 dans l'Armée rouge. Il adhéra aux groupes littéraires Hart, Ploug et Vaplite. Sous le régime soviétique, il subit le destin de tout écrivain ukrainien, bien qu'après 1922 il se soit aligné sur le réalisme révolutionnaire. Ses poésies constituent une synthèse entre le lyrisme et le poème épique (Que bruissent les vergers, 1947), où l'amour de la patrie prédomine (Aimez l'Ukraine, 1944). Il adopte le réalisme socialiste, mais le conflit intérieur persiste. Ses poésies, publiées au début des années 1930, Tarass Triasylo (1926), Mazeppa (1929), sont sévèrement critiquées par la censure officielle.

sotho

Le sotho (ou sesotho) est le nom de la variété écrite de la langue que parlent les Bassoutos (près de dix millions d'individus), qui, avec leurs voisins Batswana – dont la langue, le setswana, est très proche –, peuplent le centre de l'Afrique du Sud, le Lesotho et le Botswana. La littérature sotho est, avec la littérature xhosa, la plus ancienne littérature bantoue de l'Afrique du Sud. Dès la fin du XIXème siècle paraissaient des journaux sotho, puis des recueils de contes et enfin un roman, le Pèlerin de l'Orient (1907). Ce texte est le premier roman écrit dans une langue bantoue. Il nous raconte comment Fekisi le berger rompt avec son village pour partir vers la lumière. C'est un livre prophétique et original. Son auteur, Thomas Mofolo, donne quelques années plus tard un chef-d'œuvre, Chaka (1925), roman historique sur le conquérant zoulou, épopée violente, méditation sur le pouvoir et sur la transformation des sociétés africaines. Ce livre est aujourd'hui traduit en de multiples langues. De nombreux romanciers (Motsamai, Machobane) abordent l'histoire du royaume sotho, devenu protectorat britannique, dans Au temps des cannibales et Dans les cavernes sombres ; une poésie lettrée naît alors que les chants de louange – les dithoko – sont l'objet de travaux de collecte et d'édition sans égal dans d'autres langues de l'Afrique. La littérature sotho se poursuit aujourd'hui avec l'œuvre romanesque de Nhlanla Maake.

Soto de Rojas (Pedro)

Poète espagnol (Grenade 1584 – id. 1658).

Il se fit connaître dans les milieux littéraires de Grenade par son Discours sur la poétique (1612), puis, devenu chanoine, se rendit fréquemment à Madrid, où il connut Lope de Vega et Góngora. Son œuvre poétique (Remède d'amour en vers, terminé en 1614, publié en 1623 ; Rayons de Phaéton, 1639 ; Paradis fermé à la multitude, 1652) en fait l'un des plus brillants successeurs de Góngora.

Šotola (Jiří)

Écrivain tchèque (Smidary 1924 – Prague 1989).

Traitant du quotidien dans ses poèmes (Notre monde quotidien, 1957 ; Ça s'est passé en Europe, 1960 ; Quoi et comment ?, 1964), directeur de 1964 à 1967 de l'hebdomadaire de l'Union des écrivains, il publie, dans les années 1970, des romans historiques (la Nuit baroque, 1969 ; le Poulet à la broche, 1971 ; Les jambes, c'est fait pour cavaler, 1972 ; le Saint sur le pont, 1978).

sottie

Genre de pièce comique en vogue aux XIVe-XVe s., la sottie se définit d'abord par la mise en scène de divers types de fous (les « sots »). Doit-on considérer la sottie comme un genre différent de la farce ? On tend aujourd'hui à les distinguer nettement : théâtre de divertissement ancré dans la réalité (de la famille, du métier), la farce vise un comique bonhomme et immédiat ; la sottie, dans un décor et un langage stylisés, est un théâtre de combat qui cherche à faire prendre conscience des vices d'une société. La sottie fait passer la société tout entière devant le tribunal des fous et montre, dans une action symbolique, que l'incohérence politique et morale mène le monde à sa perte. Alors que la farce met en scène des personnages bien typés (le mari trompé, la femme jouisseuse, les valets rusés, le médecin charlatan, etc.), la sottie joue sur des personnages de convention, des types abstraits (les sots ne portent souvent qu'un numéro ou un nom qui évoque la qualité du personnage : Tête-Creuse ; Sotte-Mine ; Rapporte-Nouvelles ; Temps-qui-court) incarnant des oppositions sociales ou politiques. Dans la farce, l'action est anecdotique et linéaire, le décor réaliste ; dans la sottie, l'action, plus statique, obéit à une logique démonstrative et n'a besoin que d'un décor réduit et symbolique (un siège sur une estrade entre deux portes). Théâtre d'action, la farce se fonde sur des personnages ; théâtre de raison, la sottie met en scène des idées.

   On discerne divers types de sotties : la sottie-parade, qui garde les traits parodiques et scatologiques de la Fête des fous (les Vigiles de Triboulet, Sottie de Trotte Menu et Mire Loret, Sottie des Copieurs et des Lardeurs) ; la sottie-jugement, exercices d'entraînement des futurs magistrats du cérémonial de la justice (Sottie des sots triomphants qui trompent chacun, Sottie des sots fourrés de malice, Sottie des chroniqueurs de Gringore, Sottie pour le cri de la Basoche) ; la sottie-action, d'apparition plus tardive, qui est très proche de la moralité allégorique (Sottie des sots écornés, Sottie des sots ecclésiastiques qui jouent leur bénéfice au content, Sottie des Trois Galants). À la fin du XVe s. et au début du XVIe, on remarque des formes « bâtardes » comme la sottie-rébus, où l'action repose sur des jeux de costume et de mots, destinés à déjouer la censure qui se fait plus vigilante (Sottie des béguins, 1523) et qui finira, sous François Ier, par faire disparaître le genre.

soufisme

C'est le mysticisme islamique.

Le sufi est le musulman qui pratique le tasawwuf, la mystique. À l'origine du soufisme, on place volontiers Hasan al-Basri, qui inaugura la « science des cœurs et de l'âme », et l'aventure exemplaire de Rabi'a al-Adawiya, femme de condition servile qui, affranchie, vécut au désert puis à Bassora à la fin du VIIIe s : sa conception de la vie spirituelle refuse aussi bien la peur de l'enfer que la récompense du paradis, et s'efforce d'atteindre à l'amour désintéressé de Dieu (« Oh, Seigneur ! si c'est la crainte de l'enfer qui me pousse à Te prier, jette-moi en enfer ; si c'est le désir du paradis, ne me laisse pas y entrer ; mais si je m'approche de Toi pour Toi seul, ne me cache pas Ta beauté éternelle. »). Une des différences essentielles entre soufisme et la démarche traditionnelle de la religion musulmane (où les prières rituelles ont leurs horaires et leurs limites fixés) est la liberté avec laquelle le fidèle entre en contact avec Dieu. La littérature a joué un grand rôle dans la diffusion du soufisme. Les romans et les poèmes qui évoquent les aventures des couples célèbres de Yusuf et Zulayka ou de Layla et Madjnun sont compris comme des allégories de l'aventure mystique de l'âme en quête de la divinité.