Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Hecht (Anthony)

Poète américain (New York 1923 – Washington 2004).

Influencé par John Crowe Ransom, il entend restituer aux choses leur véritable lieu et atteindre le squelette du monde, à travers la notation de l'événement subit, de la situation banale, et du rappel de l'expérience douloureuse (Convocation aux pierres, 1957 ; les Sept Péchés mortels, 1958 ; Heures de difficulté, 1967 ; Vingt-quatre Couplets d'après Ésope, 1967 ; Vêpres vénitiennes, 1979).

Hecht (Ben)

Écrivain américain (New York 1894 – id. 1964).

Membre de la bohème de Chicago (Lettres de bohème, 1946), il connut le succès avec ses scénarios pour Hollywood (les Nuits de Chicago, 1927, pour J. von Sternberg ; Scarface, 1932, pour H. Hawks ; les Enchaînés, 1946, pour A. Hitchcock). Son autobiographie, Un enfant du siècle (1954), le définit comme un écrivain et un journaliste « radical », marqué par l'expérience de la Dépression et par les problèmes juifs.

Hedayat (Sadeq)

Écrivain iranien (Téhéran 1903 – Paris 1951).

Nationaliste passionné par le folklore et la culture ancienne de son pays, il écrivit dans une langue familière des nouvelles et des récits qui témoignent de son irrépressible angoisse (Trois Gouttes de sang, 1933 ; le Chien errant, 1941 ; Enterré vivant, 1930) et de son regard critique sur la société (Madame Alavieh, 1933 ; Demande d'absolution, 1933 ; Hadji Agha, 1943). Son chef-d'œuvre, la Chouette aveugle (1936), mélange de psycho-fiction, de surréalisme et de symbolisme, a été rapproché à la fois de Nerval et de Kafka.

Heiberg (Gunnar)

Auteur dramatique norvégien (Christiania, auj. Oslo, 1857 – id. 1929).

Il subit l'influence de Brandes et son engagement antibourgeois s'exprime dans le drame Tante Ulrike (1884), où une femme des classes aisées n'hésite pas à défendre le socialisme, et dans le Roi Midas (1890), attaque contre le moralisme. Il fait montre d'un nationalisme exacerbé dans les satires du Conseil du peuple (1897) ; il reste toutefois l'individualiste exacerbé d'Artistes (1893) et du Jardin de Gert (1894) et le peintre de la passion amoureuse (le Balcon, 1894 ; la Tragédie de l'amour, 1904).

Heiberg (Johan Ludvig)

Auteur dramatique et critique danois (Copenhague 1791 – Bonderup 1860).

Il fut la principale figure de la « deuxième génération » du romantisme danois. Son expression majeure passe par le vaudeville, renouant avec la tradition danoise du drame chanté ou coupé de romances (le Roi Salomon et le Chapelier Jørgen, 1825 ; les Bouffons d'avril, 1826 ; le Critique et la Bête, 1826 ; les Inséparables, 1827 ; les Danois à Paris, 1832 ; Non, 1836). Il exploite tous les procédés du genre, quiproquos, déguisements, et raille les conventions bourgeoises. Parallèlement à ces spectacles légers, il écrit des pièces sur des sujets historiques ou folkloriques (la Colline aux elfes, 1828 ; le Jour des sept dormeurs, 1840). Personnage clef du Théâtre-Royal, dont il fut  le directeur (1849-1856), il refusera les premières pièces d'Ibsen et de Bjørnson. Il fut le fondateur et le rédacteur de plusieurs revues, telles que le Courrier volant de Copenhague (1827-1830), Persée ou « journal de l'idée spéculative » (1837-1838), le Journal de l'intelligence (1844-1846), qui fait œuvre de vulgarisation philosophique, Urania (1844-1846), almanach d'astronomie. Entouré de sa mère, Thomasine Gyllembourg (1773-1856), auteur de romans (Une histoire de tous les jours, 1828), de sa femme, la comédienne Johanne Luise Pätges (Une vie revécue dans le souvenir, 1891-1892), son salon a été longtemps le centre de la vie intellectuelle au Danemark.

Heichu monogatari
(Dit de Heichu)

Œuvre anonyme japonaise sans doute élaborée au milieu du Xe s.

Composé de 39 histoires, ce recueil relève du genre de l'uta-monogatari, constitué de brefs récits s'achevant sur un ou plusieurs poèmes, et conte les amours du grand poète Taira no Sadafun (? – 923). Surnommé Heichu, ce descendant de l'empereur Kanmu fut également fort célèbre pour ses multiples aventures galantes, et sa figure quasi légendaire inspirera jusqu'à notre époque des écrivains comme Akutagawa Ryunosuke ou Tanizaki Junichiro.

Heidenstam (Verner von)

Écrivain suédois (Olshammar, près d'Örebro, 1859 – Övralid, Stockholm, 1940).

Ses poèmes (Années d'errances et de pèlerinages, 1888) annoncent la nouvelle école romantique, Renaissance, dont il publiera le manifeste en 1889. Son grand roman en vers, Hans Alienus (1892), compose un idéal aristocratique et rationaliste à la fois. Héraut du nationalisme suédois (Un peuple, 1899), il développe toute une mystique de la grandeur dans ses romans historiques (Saint Georges et le dragon, 1900 ; le Pèlerinage de sainte Brigitte, 1901). Il reçut le prix Nobel en 1916.

Heijermans (Herman)

Auteur dramatique hollandais (Rotterdam 1864 – Zandvoort 1924).

Issu d'une famille juive, il débuta sous le pseudonyme de Samuel Falkland en publiant des feuilletons réunis sous le titre Esquisses (1894-1911) et des romans (la Cité du diamant, 1904). Mais il est surtout connu comme le fondateur d'un théâtre engagé dirigé contre les esthètes et les formalistes (Ghetto, 1899 ; la Bonne Espérance, 1900 ; l'Issue, 1907).

Heiji monogatari
(Dit de Heiji)

Chronique guerrière japonaise (gunki monogatari) sans doute élaborée au début du XIIIe s. pour sa version la plus primitive.

Elle relate les luttes qui, en l'ère Heiji (1159), opposèrent deux puissants clans guerriers, les Taira et les Minamoto. Très proche du Dit de Hogen comme du Dit des Heike, cette œuvre à forte coloration bouddhique a également beaucoup inspiré la tradition littéraire japonaise, du no et du kabuki aux récits d'Akutagawa Ryunosuke.

Heike monogatari
(Dit des Heike)

Chronique guerrière japonaise (gunki monogatari) sans doute élaborée au cours du XIIIe s. pour ses versions les plus anciennes.

Relevant pour une large part du genre épique, cette œuvre composite raconte la splendeur et la chute du clan des Taira au cours de la seconde moitié du XIIe s., jusqu'à son anéantissement à la bataille de Dan-no-ura en 1185. Connu dans un grand nombre de versions différentes (de 3 à 48 livres), le Heike fit tout au long du Moyen Âge l'objet d'une diffusion orale sous la forme de récitations (heikyoku) au cours desquelles des moines aveugles, les biwa hoshi, s'accompagnaient d'un luth nommé biwa. C'est la version en 12 livres dite Kakuichi-bon, du nom de l'un de ces biwa hôshi, qui a servi de vulgate au Heike depuis la fin du XIVe s. Œuvre collective, le Dit des Heike a joui d'une extraordinaire popularité jusqu'à aujourd'hui. Il constitue l'un des monuments incontournables de la littérature japonaise et n'a jamais cessé de hanter son imaginaire.