Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Štítného (Tomáš ze)

Philosophe et théologien tchèque (Štítné, près de Žirovnice, v. 1333 – Prague v. 1405).

Il fut l'un des premiers laïques en Europe à traiter des questions théologiques en langue nationale (le vieux tchèque, dont il est, en prose, le premier classique), destinant ses livres à un large public : Six Livres à propos des affaires chrétiennes communes (1376), Dialogues du père et des enfants (1385), Discours et Fêtes pour dimanches (1392).

Stojanov (Georgi Zlatarov, dit Ljudmil)

Écrivain bulgare (Kovacevca, près de Goce Delcev, 1886 – Sofia 1973).

Poète, il évolue du symbolisme (Visions au carrefour, 1914 ; l'Épée et la Parole, 1917 ; Terre, 1920) vers un art plus réaliste (l'Aïeule, 1925 ; Vie terrestre, 1939) pour aboutir au réalisme socialiste (Derrière le rideau de fer, 1950-1952). Auteur de contes et de nouvelles réalistes (le Fléau de Dieu, 1927 ; Choléra, 1935 ; Mehmed Sinap, 1936), romancier (l'Aube, 1945) et auteur dramatique (Antigone, 1926), il a également laissé un grand nombre d'articles de critique littéraire et de traductions d'auteurs russes et soviétiques (Pouchkine, Lermontov, Tolstoï, Maïakovski, Chevtchenko).

Stojanov (Zahari Dzedev, dit Zahari)

Écrivain bulgare (Medven, près de Kotel, 1850 ou 1851 – Paris 1899).

Berger, autodidacte, il fut l'un des organisateurs des insurrections de 1875 et d'avril 1876. Auteur d'articles et de feuilletons à sujets politiques et sociaux, collaborateur des journaux Rabotnik (l'Ouvrier) et Bratstvo (Fraternité), il rédigea des biographies (Hristo Botev, 1888), ainsi que des Mémoires liés aux luttes de libération nationale, Mémoires sur les insurrections bulgares (1884-1892), où son souci constant de la vérité historique s'allie à un sens de l'épique qui n'exclut pas l'humour.

Stoker (Abraham, dit Bram)

Écrivain irlandais (Dublin 1847 – Londres 1912).

Passionné de théâtre, il publia des récits et des romans (Imposteurs illustres, 1910 ; le Mystère de la mer, 1902 ; la Dame du linceul, 1909), mais il reste connu pour son seul Dracula (1897), histoire, racontée sous forme de journal et de lettres, du vampire hongrois, le comte Vlad Tepesç, prince de Valachie et tyran du XVe siècle : au thème spécifique du vampire, Stoker ajoute des notations sur l'hypnotisme, le mesmérisme et les traditions occultes. La soif de chair et la circulation du besoin évoquent la sexualisation du « désir de mort », absolument contemporaine, chez Freud.

Stolberg (Christian, comte zu)

Poète allemand (Hambourg 1748 – château de Windebye 1821).

Sa vie est intimement liée à celle de son frère Friedrich Leopold (Bramstedt 1750 – château de Sondermühlen, 1819), avec lequel il étudie le droit à Halle et à Göttingen (1772-1774). Leurs Poésies lyriques (1779) révèlent une inspiration patriotique et révolutionnaire influencée par le Sturm und Drang. Leurs destins se dissocient quand Friedrich Leopold, qui publie encore une utopie (l'Île, 1788) et un Voyage en Allemagne, en Suisse, en Italie et en Sicile (1794), se convertit au catholicisme (1800). Ayant rompu avec son ami J. H. Voss, Friedrich Leopold publie encore une Histoire de la religion de Jésus-Christ (1806-1818) et, en collaboration avec Christian, des Poèmes patriotiques (1815). Les deux frères ont été de remarquables traducteurs, de poésie grecque en particulier.

Stoppard (Thomas Straussler, dit Tom)

Dramaturge anglais (Zlin, Tchécoslovaquie, 1937).

Fils d'un émigré tchèque (sa mère est remariée à un officier britannique), Stoppard se lance dans la carrière au début des années 1960, à la radio et à la télévision. Auteur prolifique et brillant, dont on apprécie les feux d'artifice langagiers et la virtuosité des intrigues, Stoppard ne partage guère les préoccupations didactiques de ses contemporains. Il a cependant évoqué la situation des pays de l'Est dans plusieurs pièces (Tous les bons garçons méritent une faveur, 1977 ; Dogg's Hamlet et Cahoot's Macbeth, 1979). Son art s'appuie essentiellement sur une réflexion sur le théâtre en tant que genre, inspirée par Beckett et Pirandello. Il n'hésite pas à pasticher les grands textes : son premier succès, Rosencrantz et Guildenstern sont morts (1966), réécrit Hamlet en adoptant le point de vue de deux personnages mineurs, dont la mort dérisoire laisse un goût d'absurde ; Travestis (1974), qui fait se rencontrer à Zurich en 1917 James Joyce, Tristan Tzara et Lénine, pastiche l'Importance d'être constant d'Oscar Wilde. Stoppard s'est également inspiré des pièces policières : le Véritable Inspecteur Dupif (1968) bouscule les limites entre réalité et fiction, tandis que Acrobates (1972) s'interroge sur la place de l'homme dans l'univers. Situé au XIXe siècle, Arcadia (1993) unit à une enquête sur lord Byron un questionnement sur la science.

Storm (Theodor)

Écrivain allemand (Husum 1817 – Hademarschen, Holstein, 1888).

Patriote, il prit part aux luttes du Schleswig contre la domination danoise et dut s'exiler en Prusse (1852-1864), avant de retrouver un poste important à Husum. Ses poèmes (édités en 1850) ont pour thème le souvenir, la nostalgie, la mort, la résignation, mais aussi les paysages de la terre natale. Le lyrisme mélancolique caractérise aussi ses premières nouvelles (Immensee, 1850). En se tournant ensuite vers la nouvelle historique, il a trouvé une manière plus ferme, marquée par le problème de la faute (Aquis submersus, 1876 ; Renate, 1878 ; Eekenhof, 1879) et le tragique (Hans et Heinz Kirch, 1882 ; l'Homme au cheval blanc, 1888).

Storni (Alfonsina)

Femme de lettres argentine (Sala Capriasca, près de Lugano, 1892 – Mar del Plata 1938).

Journaliste, poète, romantique puis symboliste, elle exprime sa difficulté d'être femme, son désir de vivre, ses contradictions, et atteint au plus profond d'elle-même avec Langueur (1920), avant d'entreprendre avec Ocre (1925) un nouvel itinéraire poétique, où elle semble trouver un bonheur que la vie lui refuse. Au théâtre, elle a donné le Maître du monde (1927), Deux Farces pyrotechniques (1931) et Théâtre pour enfants (1950).