Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Koltsov (Alekseï Vassilievitch)

Poète russe (Voronej 1809 – id. 1842).

Fils d'un marchand de bestiaux, admirateur et élève de Pouchkine et de Delvig, il est le seul poète russe de l'époque à évoquer la campagne non comme un cadre littéraire, mais comme l'univers quotidien du labeur paysan (la Récolte, le Chant du laboureur). Dans la tradition populaire, il écrivit aussi des « chants de brigands ». Bielinski le félicita d'avoir introduit « les chaussures d'écorce et les barbes hirsutes » dans la poésie.

Komitas (Solomon Solomonian, dit)

Musicien et folkloriste arménien (Koutina 1868 – Villejuif 1935).

Il recueillit et harmonisa les chants populaires de son pays, dont les célèbres Andouni et Krounk.

Kone (Amadou)

Écrivain ivoirien (Tangora 1953).

Il se fait remarquer dès 1975 par une pièce de théâtre, le Respect des morts, et un roman, les Frasques d'Ebinto. De Jusqu'au seuil de l'irréel (1976) aux Coupeurs de têtes (1997), en passant par les deux volumes de Sous le pouvoir des Blakoros (1980-1982), il explore et dénonce les maux de la société africaine. Ses livres n'étant publiés qu'en Côte d'Ivoire, il est moins connu que ses compatriotes publiés en France. Universitaire, il vit et enseigne aux États-Unis.

Koneski (Blaze)

Écrivain et linguiste macédonien (Nebregovo 1921 – Skoplje 1993).

En 1952-1954, il a écrit la première grammaire systématique du macédonien et, en 1965, Histoire de la langue macédonienne. Il est aussi poète (le Pont ; la Terre et l'Amour ; la Brodeuse), essayiste (Discours et Essais) et conteur (la Vigne). Koneski a traduit en macédonien Shakespeare, Heine et Blok.

Konrád (György)

Écrivain hongrois (Debrecen 1933).

Il exerça plusieurs métiers avant de publier ses romans : le Visiteur, 1963 ; les Fondateurs de la cité, 1976 ; le Complice, 1981 ; le Rendez-vous des spectres, 1990.

Konrad von Würzburg

Poète allemand (Wurzbourg v. 1220 ou 1230 – Bâle 1287).

Héritier des grands classiques de l'époque des Staufen, il possédait parfaitement les moyens d'expression de la poésie courtoise et fit lui-même école par sa virtuosité de versificateur, mais sans parvenir à faire revivre les idéaux chevaleresques. Son œuvre comprend des chansons, des poèmes gnomiques, des lais, deux aubes, un vaste poème allégorique, des légendes en vers et des romans, parmi lesquels Engelhard (avant 1260), d'après une source latine, la Forge d'or (entre 1277 et 1287), Partonopier et Meliur (vers 1277), transcrit du français, et une Guerre de Troie incomplète, d'après le roman de Benoît de Sainte-Maure.

Konstantinov (Aleko)

Magistrat et écrivain bulgare (Svistov 1863 – Pazardzik-Pestera 1897).

Devenu proverbial, comme Tartarin de Tarascon de Daudet, le héros de Konstantinov, Baj Ganju, est un des personnages les plus populaires de la littérature bulgare : Baj Ganju (1895) est l'histoire d'un marchand d'essence de rose, fruste, roublard, peu perméable à l'européanisation des esprits qui gagne les milieux cultivés de la Bulgarie des années 1890 ; il promène de pays en pays ses échantillons et revient de ses voyages aussi grossier qu'auparavant, mais plus prétentieux à mesure que sa fortune augmente. Konstantinov a traduit le Tartuffe de Molière et rassemblé dans Chicago aller et retour (1893-1894) ses impressions d'Amérique. Il fut victime, par erreur, d'un attentat politique.

Konstantinov (Konstantin)

Écrivain bulgare (Sliven 1890 – Sofia 1970).

Son livre de Mémoires Voyage à travers les années (1952-1962) est un des témoignages les plus précieux sur les premières décennies du siècle et le renouveau de la littérature bulgare. Ses nouvelles et ses récits témoignent d'une grande exigence stylistique et s'attachent à recréer une atmosphère, à suggérer un état d'âme plutôt qu'à peindre un caractère ou à dérouler une intrigue (Vers le prochain, 1920 ; Par la terre, 1930 ; Oiseau au-dessus des incendies, 1946 ; Fêtes, 1969).

Konwicki (Tadeusz)

Romancier polonais (Nowa Wilejka 1926).

Né dans une famille polonaise de Lituanie, il connaît l'occupation soviétique de 1939, puis allemande. Vient ensuite ce que l'histoire a convenu d'appeler la « libération » par l'Armée rouge et qui fut pour lui l'année la plus terrifiante de sa vie : membre d'une section volante de la résistance polonaise, miraculeusement échappée à l'arrestation par la NKVD, il combat les Russes tout l'hiver 1944-1945 dans les forêts lituaniennes avant d'être évacué clandestinement vers la « Pologne rétrécie ». Il s'y inscrit à l'Université de Cracovie, mais s'engage dans la vie active sans terminer ses études. Son talent littéraire est vite reconnu et il se voit protégé par des hommes importants du nouveau système. Il devient l'un des premiers lauréats du Prix d'État décerné pour la meilleure œuvre réaliste socialiste et écrit 5 romans trop respectueux des règles imposées pour être durablement retenus par l'histoire littéraire. L'un d'eux, les Marécages, écrit en 1947, n'est publié qu'en 1956. Il relate le terrible hiver passé à combattre les Soviétiques. Il se veut autobiographique, mais l'auteur transpose totalement la vérité historique en se conformant aux directives de Staline visant à discréditer la résistance polonaise qui a combattu les nazis et encore plus celle qui ensuite a refusé de faire allégeance aux Soviétiques : les maquisards des Marécages sont des fascistes dépravés, des antisémites et des assassins, les bolcheviques sont de braves gens aimables, souriants et philosémites qui construisent un avenir radieux. Une part importante des romans de Konwicki écrits après 1956 s'attache à rétablir la vérité sur cette autobiographie qui n'était qu'une autocritique visant à se disculper d'un passé que le stalinisme pardonnait difficilement. L'un des romans les plus remarquables de Konwicki, la Clef des songes contemporains (1963), reprend jusqu'à certaines scènes des Marécages, mais en leur attribuant une portée interprétative radicalement différente. La guerre est très présente, avec toujours une place majeure accordée à l'influence qu'elle a eu sur l'existence ultérieure des hommes dans Rien ou rien (1971) ou dans les Levers et les couchers de lune (1981). Le paysage lituanien revient régulièrement, avec une évocation de l'adolescence (le Trou dans le ciel, 1959 ; Chronique des événements amoureux, 1974), de la vie à la fin du XIXe s. (Bohini, un manoir en Lituanie, 1987), mais l'auteur se livre constamment à une réflexion où le vécu personnel de ses héros se construit à la faveur des événements historiques et surtout malgré leur poids écrasant (Fleuve souterrain, oiseaux de nuit, 1982 ; le Nouveau Monde, 1986). Son succès international lui vient avec la Petite Apocalypse (1979), où il anticipe l'effondrement du communisme. Konwicki possède une facilité surprenante à percevoir le monde qui l'entoure avec toutes ses étrangetés et jusque dans ses moindres frémissements. Ses romans, tels l'Ascension (1967), Roman de gare contemporain (1997), restituent la vie polonaise contemporaine. Sous une apparente nonchalance du style et de la construction, les narrations de Konwicki sont très élaborées et construites avec recherche. Tel est, entre autres, le cas du Complexe polonais (1977), où le passé et le présent alternent, où le seul homme à mener une vie normale est un mendiant, où l'identité ne se structure que dans la dissimulation. Konwicki déclare n'être qu'un passant qui s'interroge sur ce qu'il voit. Le narrateur de chacun de ses romans, auquel le lecteur identifie aisément l'auteur aux différentes époques de sa vie, est pourtant toujours à la recherche de ce qui se cache derrière les simulacres de vérité. La complexité de l'existence humaine est inscrite jusque dans les ruptures de la trame narrative de tous ses romans, avec des interférences aussi diverses que le texte de panneaux publicitaires lumineux, de couplets de chansons, de petites annonces, de lettres ou d'essais. Konwicki est probablement le romancier polonais le plus important de la seconde moitié du XXe s.