Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Prior (Matthew)

Poète anglais (Wimborne Minster, Dorset, 1664 – Wimpole, Cambridgeshire, 1721).

Fils de menuisier, protégé par lord Dorset, ambassadeur, négociateur du traité d'Utrecht (1712), emprisonné (1715-1717) à la mort de la reine Anne, poète par accident disait-il, il donna une œuvre aimable et spirituelle qui comprend une parodie de Dryden (la Biche et la Panthère, 1687), un Hymne au soleil (1694), un Carmen seculare (1700), des dialogues à la manière de Butter (Alma ou le Progrès de l'esprit, 1716), des essais (Sur l'opinion), des ballades, des vers pour enfants, des contes licencieux.

Prisco (Michele)

Romancier italien (Torre Annunziata, Naples, 1920 – Naples 2003).

Journaliste, iI excelle dans l'évocation des atmosphères des provinces méridionales et des mœurs de la bourgeoisie napolitaine (les Héritiers du vent, 1950 ; Jeux de brouillards, 1966 ; les Ciels du soir, 1970 ; Paroles du silence, 1981).

Pritchett (Victor Sawdon)

Écrivain anglais (Ipswich 1900 – Londres 1997).

Il publie son cinquième roman en 1951 : Mr. Beluncle, exploration de la petite bourgeoisie du sud de l'Angleterre, dans la tradition dickensienne, avec ses qualités et ses défauts. Il abandonne ensuite ce genre pour se consacrer surtout au récit de voyage, à la critique littéraire et surtout à la nouvelle : la forme courte lui réussit mieux (Cela n'arrivera peut-être jamais, 1945 ; Au bord de la falaise, 1969 ; Nouvelles complètes, 1982).

Procope de Césarée

Historien byzantin (Césarée de Palestine, fin du Ve s. – Constantinople v. 562).

Rhéteur et avocat, il accompagna Bélisaire dans ses campagnes en Arménie, en Afrique et en Italie. Ses ouvrages consacrés au règne de Justinien (Histoire des guerres de Justinien, 545-554) et aux monuments de Constantinople (Sur les édifices, 560) témoignent, sinon toujours de son sens critique, du moins de la sûreté de son information. Après la mort de Justinien, Procope composa un violent pamphlet sur la cour impériale, Histoire secrète, dont l'authenticité a été contestée à tort.

prodromiques (poèmes)

Ensemble de six poèmes grecs, d'attribution inconnue, qui relatent avec verve et ironie la vie du « Pauvre Prodrome », pauvre bougre de citadin vivant à l'époque des Comnènes (XIIe s.).

Prodromos (Théodore)

Écrivain byzantin (1115 – 1166).

Poète à la cour de Manuel Comnène, il vécut dans la misère et ses vers ou ses lettres adressés aux membres de la cour impériale témoignent de sa vie difficile. Sa pauvreté et son errance de couvent en couvent contribuèrent à la création d'un personnage traditionnel dans la littérature populaire grecque, le Ptochoprodromos (ou « Prodromos le Mendiant »), héros des Poèmes prodromiques. On lui attribue un roman en vers, Rodanthé et Dosiclès, et un poème burlesque, le Combat des souris et du chat.

Proenca (Manuel Cavalcanti)

Écrivain brésilien (Cuiabá 1905 – Rio de Janeiro 1966).

Il a donné un portrait satirique du Brésil dans un roman qui use de tous les thèmes folkloriques et d'expérimentations stylistiques (Manuscrit hollandais, 1959).

Properce, en lat. Sextus Aurelius Propertius

Poète latin (en Ombrie v. 47 – v. 15 av. J.-C.).

Né dans la région d'Assise, il vint très jeune à Rome, v. 30 av. J.-C., pour tenter de refaire la fortune que son père avait perdue dans les confiscations issues des guerres civiles. Il y composa surtout un ensemble d'Élégies dont le succès lui valut d'être admis dans le cercle de Mécène, où il devint l'ami de Virgile et d'Ovide. À l'exception du dernier des quatre livres qui rassemble des élégies « nationales » inspirées par différents épisodes de l'histoire romaine, les poèmes évoquent son amour pour une courtisane cultivée, Cynthie, liaison orageuse où se succèdent ruptures, voluptés et souffrances. En prenant pour modèles les poètes alexandrins Callimaque et Philétas (recours à l'érudition mythologique, virtuosité des constructions métriques), Properce excelle dans cet art virtuose des « fausses confidences » qu'est la poésie amoureuse, réservée dans la bonne société et la jeunesse dorée de Rome à la célébration des amours irrégulières. Par l'obsession de la mort, il donne toutefois un ton nouveau à la lyrique érotique.

Prophètes (Premiers)

Dans le canon hébraïque des Écritures, les livres de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois, sont classés parmi les Premiers Prophètes (Nebi'îm risho'nîm). Ce fait s'explique en partie par la croyance que ces ouvrages ont pour auteurs des Prophètes (cf. Josèphe, Contre Apion, I, 8 ; Baba Bathra, 14 b et 15 a). Pour les critiques, ils font partie de l'« Historiographie deutéronomiste » dont le but est de relater l'histoire d'Israël, depuis l'installation en Terre promise jusqu'à la chute de Jérusalem en 587 av. J.-C. Ces écrits dépendent du Deutéronome, tant pour la théologie que pour le vocabulaire. Toutefois, l'appellation de « Premiers Prophètes » illustre bien le propos des rédacteurs qui les ont compilés. Soucieux de rapporter les événements historiques, ils le sont plus encore en effet de déceler l'aspect prophétique de l'histoire biblique. Les principes qu'ils proclament, et au nom desquels ils portent un jugement sur les épisodes qu'ils mettent en scène ainsi que sur les hommes qui en ont été les acteurs, leur sont communs avec les Prophètes proprement dits, dont les écrits faisaient l'objet de méditations assidues après l'Exil.

prose rurale

On désigne sous ce terme des œuvres écrites pendant la déstalinisation et qui, en opposition à l'idéalisation véhiculée par le réalisme socialiste, décrivent avec le plus d'authenticité possible la réalité des campagnes russes, confrontées aux suites de la collectivisation forcée, de la guerre, et au déclin des valeurs qui assuraient la cohésion de ce monde. Soljenitsyne, Abramov, Astafiev, Raspoutine, Choukchine sont parmi les représentants les plus connus de ce courant. Valentin Ovietchkine (1904-1968), placé par ses fonctions de journaliste et de militant au contact du monde paysan, fait figure de précurseur avec son District en semaine (1952-1956), où il expose ses vues sur une gestion moderne de l'agriculture. Iefim Doroch (1908-1992) fut un des chefs de file de la prose rurale : ses romans et ses essais retracent d'année en année l'évolution conflictuelle d'un canton, opposant à l'initiative des masses l'incurie et la passivité des dirigeants, de Ivan Fedosseïevitch (1954) à Ivan Fedosseïevitch prend sa retraite (1967). Le bureaucratisme est une des cibles privilégiées de la prose rurale : l'œuvre d'Alexandre Iachine (1913-1968), en particulier les Leviers (1956), en donne une excellente illustration. On peut citer également Boris Mojaïev (1923-1996) qui dénonce lui aussi une gestion ne prenant aucunement en compte le facteur humain, tout en offrant une vision idéalisée des formes traditionnelles de la vie rurale (Dans la vie de Fedor Kouzkine, 1966). Sergeï Zalyguine (né en 1913) aborde plus directement et plus violemment les abus de la collectivisation en Sibérie (Au bord de l'Irtych, 1964). Vassili Bielov (né en 1932) revient également sur cette époque (Veilles, 1972-1977), mais en s'attachant aussi – en particulier à travers l'usage d'un dialecte savoureux – à décrire la manière dont le passé survit chez les kolkhoziens de sa région natale de Vologda (Récits du charpentier, 1968).