Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Mrštík (Vilém)

Écrivain tchèque (Jimramov 1863 – Diváky 1912).

Évocateur, avec son frère Alois, de la campagne morave (Une année au village, 1904 ; Maryša, 1894), il fut dans ses drames (Madame Urbanová, 1889) et ses romans (Santa Lucia, 1893 ; Conte de mai, 1897) un disciple du naturalisme de Zola. Traducteur de Pouchkine, de Dostoïevski, de Tolstoï, il a laissé aussi des essais critiques (Mes rêves, 1902-1903). Il se suicida.

Mtshali (Oswald)

Écrivain sud-africain d'expression anglaise (Vryheid, Natal, 1940).

Poète noir, il doit sa célébrité à un recueil lyrique, Son d'un tambour en peau de vache (1971). Flammes (1980) est dédié aux écoliers de Soweto victimes des émeutes de 1976.

Mu Shiying

Écrivain chinois (1912 – 1940).

Ce fils de banquier, vite orphelin, passe son enfance dans un quartier pauvre de Shanghai. Puis il entreprend des études de littérature chinoise. Ses premières nouvelles (Vent noir tourbillonnant, etc.), publiées en 1929 dans une revue dirigée par Shi Zhecun, sont remarquées par la critique. Les personnages de ces récits, qui se déroulent toujours dans le cadre de la Shanghai des années 1930, ville énorme, fascinante et repoussante à la fois, « paradis bâti sur l'enfer », sont des marginaux – dandies, prostituées, mauvais garçons... –, créatures nocturnes à la vie éphémère, que l'on retrouve dans le Fox-trot de Shanghai, son roman inachevé. Comme son ami Liu Na'ou, Mu Shiying doit être rattaché au courant néosensasionniste chinois, d'inspiration japonaise. Comme Liu Na'ou également, il se met au service du Guomindang et meurt assassiné dans des circonstances obscures.

Mu'Allaqat
(« les suspendues »)

La tradition littéraire arabe regroupe sous ce nom un ensemble de sept à dix pièces (qasida) attribuées à d'illustres poètes qui auraient vécu entre le VIe et le VIIe siècle. L'authenticité de leur poésie, voire, pour certains d'entre eux, l'historicité d'une existence, il est vrai fortement teintée de légende, est encore contestée. De là des controverses, dont la plus célèbre fut déclenchée par le livre de Taha Husayn, Fi'l-chi'r al-Djahili (1926). Malgré des diversités internes, l'ensemble des mu'allaqat offre en commun avec le reste des productions dites de la Djahiliya (« Gentilité ») une originalité saisissante par rapport aux cultures voisines, byzantine et syriaque entre autres. Est-il possible dès lors de saisir cette originalité dans un contexte et un cadre fonctionnel précis ? Une part des traits documentaires imputés à la Djahiliya pourrait, dans ces poèmes, n'être que de genre. Mais certains renvois à un stade ancien de la péninsule arabique, et surtout les constantes qui se laissent discerner dans le recueil lui-même (stabilité des thèmes, importance de la notation toponymique) devraient retenir l'attention. La problématique véritable des mu'allaqat pourrait consister à les reporter non vers l'aval (dénonciation des forgeries), mais vers l'amont ; on s'interrogerait alors sur l'origine de tant de motifs cristallisés et de stéréotypes. On peut même se demander si, de manière générale, le poème, tourné en qasida, n'a pas pu servir à exposer une antique mythologie, à caractère païen, au niveau de son exorde, lors de l'évocation des ruines, du campement abandonné, des traces de la bien-aimée, comme s'il s'agissait d'un au-delà inaccessible. D'autre part, le statut très particulier du poète arabe à cette époque conforte une telle lecture. Le poète est un homme habité par un djinn, un tabi' dont les paroles, rimées et rythmées, étranges, témoignent par leur forme peu commune de leur origine démoniaque. De plus, ces paroles ne visent pas seulement la beauté mais encore la vérité (ce que le poète croit créer ou imaginer, le djinn l'extirpe d'un monde bien réel) : d'où la redoutable puissance qu'elles possèdent. Le prophète de l'islam fut le contemporain des derniers auteurs des Mu'allaqat et, lui-même promoteur d'une parole musical, aux résonances étranges, a été dans un premier temps assimilé, tout naturellement, à un poète.

Mudimbe (Valentin-Yves, dit Vumbi Yoka)

Écrivain zaïrois (Likasi 1941).

Après des études supérieures de lettres et de philosophie à l'université de Kinshasa, il devient professeur à l'Université nationale du Zaïre, puis dans une université américaine. Il a publié de nombreux essais (l'Autre Face du royaume, 1973 ; Carnet d'Amérique, 1974 ; l'Odeur du père, 1982), dont les plus récents sont en anglais, des romans (Entre les eaux, 1973 ; le Bel Immonde, 1976 ; l'Écart, 1979 ; Shaba deux, 1989) et des poèmes (Déchirures, 1971 ; Entretailles, 1973 ; les Fuseaux parfois, 1974). Comme le signifient clairement ses titres, l'« écart » et la « déchirure » constituent le champ de sa réflexion et de son écriture.

Muhammad Yamin

Écrivain indonésien (Sawahlunto 1903 – Jakarta 1962).

Homme politique actif (il fut, en 1955, ministre de l'Éducation et la Culture), il donna, avec ses sonnets parus en 1920-21 dans la revue Jong Sumatra, la première expression de la poésie moderne : il y chantait sa patrie, alors encore limitée à Sumatra. Il publia ensuite deux recueils de poèmes d'inspiration nationaliste (Mère patrie, 1922 ; Indonésie, ma patrie, 1929). Passionné d'histoire ancienne, il publia des études sur Gajah Mada (1946), premier ministre de Hayam Wuruk, l'un des rois du royaume hindouisé de Majapahit, et sur Pangeran Dipanegara (1950), prince de Java qui résista aux Néerlandais de 1825 à 1830. On lui doit également des traductions de Shakespeare et de Tagore.

Muldoon (Paul)

Poète irlandais (Portadown, Armagh, 1951).

Il publie à 21 ans son premier recueil, Nouveau Temps (1972). Il travaille pour la BBC avant de partir s'établir aux États-Unis à la fin des années 1980. Dans Mules (1977), il fait fréquemment référence à ses parents (son père ouvrier agricole, sa mère institutrice) ; le monde rural irlandais se mêle à la mythologie américaine. Dans Pourquoi Brownlee est parti (1980) et Quoof (1983), il a recours à de longs textes narratifs, récits d'une quête de soi, avec une tendance à l'hermétisme qui se confirme dans Madoc, mystère (1990). À la rencontre des Britanniques (1987) est un volume déroutant qui multiplie les références historiques. Virtuosité verbale, goût pour le surréalisme et l'incongru sont les caractéristiques d'un auteur qui paraît porter moins d'intérêt que ses contemporains à l'engagement politique.