Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Kerbabaïev (Berdy Mouradovitch)

Écrivain turkmène (Koouki-Zereng 1894 – Achkhabad 1974).

D'origine rurale, il se montra dans ses premiers vers partisan de l'émancipation féminine (la Serve, 1928 ; Amou-Daria, 1931) et salua dans son théâtre les débuts du socialisme (Élan, 1936). Auteur d'œuvres patriotiques (Kourban Dourdy, 1942) et d'un drame historique (Makhtumkuli, 1943), il consacra une vaste fresque à la lutte de son peuple (le Pas décisif, 1940-1955). On lui doit une biographie romancée du révolutionnaire Atabaïev (Miraculeuse Naissance, 1967).

Keris Mas

Écrivain malais (Kampung Ketari 1922 – Kuala Lumpur 1992).

Employé dans une imprimerie sous l'occupation japonaise, il devient membre du parti national malais, puis se retire de la politique en 1947. Il travaille à partir de 1956 au Dewan Bahasa dan Pustaka, où il devient écrivain résident en 1980. L'un des fondateurs de l'Angkatan Sasterawan '50, il est l'auteur de poèmes et de romans (les Héros de la jungle malaise, 1946 ; Victime de sa chasteté, 1948 ; les Fils de la montagne Titiwangsa, 1964), mais il est surtout considéré comme un maître de la nouvelle (Ce qui est brisé renaît, 1962).

Kerouac (Jack)

Écrivain américain (Lowell, Massachusetts, 1922 – Saint Petersburg, Floride, 1969).

Obsédé par les grands mythes américains, soucieux de ne pas séparer l'entreprise littéraire d'une expérience vitale, il a donné une œuvre partagée entre l'évocation de ses origines québécoises (Docteur Sax, 1959 ; Visions de Gérard, 1963 ; Vanité de Duluoz, 1968) et l'appel au continent américain, inauguré par la Ville et la métropole (1950) et exemplaire dans Sur la route (1957), bible de la Beat generation. L'espace américain est insuffisant ; il appelle d'autres fuites et d'autres expériences, celle de la bohème (les Souterrains, 1958), celle du bouddhisme (les Clochards célestes, 1958), celle de l'errance mystique (les Anges vagabonds, 1965), et le retour à des lieux emblématiques (Big Sur, 1962), dits sous la forme poétique (Mexico City Blues, 1959) ou selon la recherche généalogique et l'attente de l'illumination (Satori à Paris, 1966). Le simple voyage (le Vagabond solitaire, 1960), la transcription onirique (le Livre des rêves, 1961), l'explicite commentaire religieux (les Écritures de l'éternité d'or, 1960) attestent l'insatisfaction constante et l'effort pour réformer le moi et le monde. Fils de Whitman, Rimbaud des villes américaines, Kerouac reste la figure de l'échec exemplaire : le sens du réel, l'attention au rythme, la fraternité des démunis le cèdent au choix de la ruine et à la déchéance par l'alcool, pour faire de l'œuvre de la révolte et du souvenir le témoignage constant du déracinement américain et de l'incertitude de toute parole.

Kesey (Ken)

Romancier américain (La Hunta, Colorado, 1935 – Eugene, Oregon, 2001).

Écrivain ambivalent, nourri d'une part de primitivisme, lié d'autre part aux mouvements « beat » de San Francisco, il évoque dans Vol au-dessus d'un nid de coucou (1962) la dégénérescence psychiatrique et la déshumanisation de l'Amérique. Il est le personnage messianique et emblématique d'Acid Test de Tom Wolfe.

Kessel (Joseph)

Écrivain et journaliste français (Clara, Argentine, 1898 – Avernes, Val-d'Oise, 1979).

Né en Argentine de parents russes, il commença ses études chez ses grands-parents maternels à Orenbourg, avant de les poursuivre en France, à Nice, puis à Paris, où il obtint une licence ès lettres. Il s'engagea dans l'aviation en 1916, en qualité d'observateur. Après l'armistice, il se proposa comme volontaire pour le corps expéditionnaire de Sibérie. Rentré en France en 1919, après un tour du monde, il commença une carrière de reporter au Journal des débats, qu'il poursuivit au Matin, tout en publiant un recueil de nouvelles, la Steppe rouge (1922), et un premier roman, l'Équipage (1923), avec lequel il introduisit les aventures du ciel dans la littérature. Dès lors, les deux carrières du journaliste et du romancier se croisèrent et se fécondèrent. Si ses reportages, Marchés d'esclaves (1933), firent de lui l'un des grands témoins du premier demi-siècle, il publia aussi des romans à succès comme Nuits de princes (1928), Belle de jour (1929) ou Fortune carrée (1933). Agent de la Résistance dès 1941, il rejoignit ensuite le général de Gaulle à Londres. Capitaine dans une escadrille, il accomplit une quinzaine de missions. Avec son neveu, Maurice Druon, il écrivit les paroles du Chant des partisans. Il consacra également un récit aux combats de la Résistance, l'Armée des ombres (1944). En 1950, il publia les quatre tomes du Tour du malheur, une vaste fresque de la jeunesse parisienne des années folles. Puis, de ses séjours au Kenya et en Afghanistan, il tira deux superbes récits, le Lion (1953) et les Cavaliers (1967). L'exotisme des sujets et des décors allié au talent narratif et descriptif du romancier font de Kessel l'un des maîtres du roman d'aventure moderne.

Key (Ellen Karolina Sofia)

Femme de lettres suédoise (Sundsholm 1849 – près du lac Wätter 1926).

Son œuvre témoigne d'une lutte constante pour un féminisme (Force féminine dévoyée, 1896 ; Psychologie de la femme et Logique féminine, 1898 ; le Siècle de l'enfant, 1900) conçu non comme une recherche égalitariste, mais comme la revendication d'un épanouissement libre, au mépris de toutes conventions, dans ce qui est, selon elle, l'apanage de la femme : la fondation d'un foyer, la maternité volontaire et l'éducation.

Keyserling (Eduard von)

Écrivain allemand (Pels-Paddern 1855 – Munich 1918).

Après des séjours à Vienne et en Italie, ce descendant de vieille noblesse balte s'établit à Munich, où il fréquente la bohème littéraire et artistique. Ses premiers drames et récits dénotent l'influence du naturalisme. Il reste connu pour les romans de sa dernière période, qui ont pour cadre les paysages de Courlande (Beate et Mareille, 1903 ; Dumala, 1908 ; Maisons du soir, 1914) : ses personnages hypersensibles, l'évocation mélancolique d'un monde et d'un mode de vie condamnés à disparaître, son style impressionniste, sont caractéristiques du roman « fin de siècle ».