Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Becher (Johannes Robert)

Écrivain et homme politique allemand (Munich 1891 – Berlin 1958).

Fils de magistrat, Becher collabore en 1911-1912 à des revues expressionnistes (Die Aktion, Die neue Kunst). Enthousiasmé par la révolution russe de 1917, il adhère au parti communiste allemand dès sa fondation en 1919. Contraint à l'exil sous le IIIe Reich, il passe dix ans en U.R.S.S. (1935-1945). De retour en Allemagne, il joue un rôle important dans la vie culturelle de la zone d'occupation soviétique (il fonde les éditions Aufbau et la revue Sinn und Form), puis de la R.D.A. Auteur de l'hymne national du nouvel État, il y occupe de nombreuses fonctions officielles : il sera ministre de la Culture à partir de 1954. Si son itinéraire politique a été d'une parfaite continuité, il n'en est pas de même de son évolution littéraire. Becher a été un des expressionnistes les plus violents, tant dans sa condamnation du monde bourgeois que dans ses évocations d'un univers nouveau, plus humain et plus fraternel, puis dans ses appels à la révolte et à la lutte. Son style haletant, heurté, affectionne les interjections, les néologismes, violente la syntaxe (Celui qui se débat, 1911 ; Terre, 1912 ; la Grâce d'un printemps, 1912 ; À jamais en révolte, 1920). À l'opposé, le Becher de l'exil et du retour apparaît apaisé, « classique », soucieux de ne pas choquer. Il préfère les formes rigoureuses (le sonnet) ou simples et populaires (Volkslied) ; il exalte l'héritage culturel de l'Allemagne et prêche le réalisme socialiste. Le premier Becher fut avant tout poète (Écroulement et Triomphe, 1914 ; À l'Europe, 1916 ; Péan contre le temps, 1918), le second a publié également des romans, des souvenirs, un journal (Un si grand espoir d'une autre manière, 1951), des volumes d'aphorismes, d'essais et de discours sur la politique et la littérature.

Bechiktachlian (Mekertitch)

Écrivain arménien (Istanbul 1828 – id. 1868).

Romantique dans ses recueils de vers, d'inspiration tour à tour épique et amoureuse, il entreprit, sous l'influence de ses maîtres mékhitaristes, d'écrire des tragédies sur des sujets nationaux.

Bechiktachlian (Nechan)

Écrivain arménien (Istanbul 1903 – Paris 1972).

Ses Récits satiriques (1942), ses Caricatures (1938), ses Momies (1954) et bien d'autres ouvrages restituent le microcosme arménien de Paris sur un ton critique et jovial. Un autre pan de sa production comprend des romans bibliques ou historiques (Rabbi, le Portrait de Jésus).

Beck (Béatrix)

Femme de lettres française (Villars-sur-Ollon, Suisse, 1914).

Secrétaire de Gide, prix Goncourt en 1952 pour Léon Morin, prêtre, elle entreprend, à travers son personnage et double favori Barny (1948), de faire remonter à la surface de l'écriture les tentations et les images à demi conscientes qui l'épouvantent et la fascinent (Une mort irrégulière, 1950 ; Des accommodements avec le ciel, 1954 ; Cou coupé court toujours, 1967 ; Noli, 1978 ; Devancer la nuit, 1980 ; l'Enfant chat, 1984 ; Un [e], 1989). Lauréate du grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 1997, elle publie encore Plus loin mais où (1997), Confidences de gargouille (1998), un recueil d'entretiens et la Petite Italie (2000).

Beck (Julian)

Auteur et directeur de théâtre américain (New York 1925 – id. 1985).

Il fonde avec sa femme, Judith Malina, le Living Theatre en 1951. À partir d'un répertoire éclectique et de conditions artisanales de production, leur dramaturgie, inspirée d'Artaud, se fonde sur un jeu aléatoire et démonstratif, alliant improvisation, participation du public et expression corporelle. Ils entendent retrouver la vie en faisant de l'acte théâtral une dépense, au sens où l'entendait Georges Bataille. Julian a publié Chants de la révolution (1965), la Vie du théâtre (1972), Sept Méditations sur le sadomasochisme (1977), et Judith, une autobiographie (Énorme Désespoir, 1972).

Becker (Jurek)

Écrivain allemand (Lódz 1937 - Berlin 1997).

Polonais et juif, il grandit dans le ghetto et les camps de Ravensbrück et Sachsenhausen. Puis il apprend l'allemand, et s'intègre en R.D.A. Il devient célèbre avec Jacob le Menteur (1969), qui évoque avec humour et lucidité, comme le Boxeur (1976) et les Enfants Bronstein (1986), les Juifs broyés par le nazisme. Ses autres livres restituent avec un réalisme malicieux le quotidien de la R.D.A. Auteur choyé, il reste critique envers le régime et s'établit à Berlin-Ouest en 1977, après l'affaire Biermann. La réunification lui inspire un roman, Amanda sans cœur (1992), et beaucoup de réserves.

Becker (Jürgen)

Écrivain allemand (Cologne 1932).

Il a cherché dans des textes tels que Champs (1964), Environs (1970) et Marges (1968) à rompre avec des formules jugées usées et impuissantes à rendre une réalité éphémère et complexe. Il a, depuis, poursuivi ses expériences sur différents matériaux littéraires : poésie (la Fin de la peinture de paysage, 1974 ; Ne me parle pas de la guerre, 1977 ; Poèmes, 1965-1980, 1981), récit (la Porte vers la mer, 1983), théâtre (Après Harrimann, 1973), pièces radiophoniques (Récits en bruitage, 1971). Il a tenté de s'exprimer par la photographie (Un temps sans parole 1971) et l'image (Fenêtres et voix, 1982).

Becker (Lucien)

Poète français (Béchy, Moselle, 1911 – 1984).

D'une curiosité sans borne (à 12 ans, il a lu trois fois le Petit Larousse), il collabore à la revue de Breton le Surréalisme au service de la révolution. C'est en 1945 que Becker publie le Monde sans joie (1945), portrait sombre de l'époque, où la mort s'installe à demeure dans les quatrains, l'année de publication (1945) dit tout. À l'inéluctable du pire, opposer alors l'amour de ce médium qu'est la femme. Soleil noir de la mort et soleil clair de la femme sont les astres du ciel poétique beckerien. Plein amour (1954), au titre si parlant, et l'Été sans fin (1961) complètent la parabole. Becker cesse d'écrire vers cette époque. Ses œuvres poétiques complètes ont été réunies par Guy Goffette sous le titre de Rien que l'amour (1997).