Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Ledda (Gavino)

Écrivain italien (Siligo, Sassari, 1938).

Berger et analphabète jusqu'à son service militaire, il reprend alors ses études (il deviendra professeur universitaire) et trouve la force de s'opposer à la tyrannie de son père. Il narre ses vicissitudes dans un roman qui a remporté un énorme succès, Père Patron, 1975. Sa production successive décrit encore une Sardaigne brutale, loin des mythes dorés (en particulier Ybris, 1984, film qu'il a écrit et dirigé).

Leduc (Violette)

Écrivain français (Arras 1907 – Vaucluse 1972).

L'horreur et la fascination de la vie sont les thèmes de son œuvre, largement autobiographique, où l'homosexualité est omniprésente. Patronnée par Simone de Beauvoir pour l'Asphyxie (1946), elle publie ensuite l'Affamée (1948), Ravages (1955), Thérèse et Isabelle (1966 et 2000 pour le texte intégral), la Folie en tête (1972). La Bâtarde, en 1964, la rend célèbre : elle y rêve la « reprise d'un destin par une liberté », sur le mode sartrien, mais n'atteint que partiellement ce but : plus proches de « l'onction » de Maurice Sachs, qu'elle a bien connu, que de la « friction » de Jean Genet, qu'elle admire profondément, ses délires (saphisme, persécution) traduisent plus un sentiment de culpabilité qu'une sublimation de l'existence.

Lee (Laurie)

Écrivain anglais (Stroud, Gloucestershire, 1914 – Slad, Gloucestershire, 1997).

Scénariste, homme de radio, dramaturge, c'est aussi un poète aux métaphores inattendues. On connaît surtout ses évocations savoureuses de son pays natal (Rosie ou le Goût du cidre, 1959), de ses voyages (Un beau matin d'été : sur les chemins d'Espagne, 1935-1936, 1969) ou de sa famille (Deux Femmes, 1983).

Lee (Violet Paget, dite Vernon)

Femme de lettres anglaise (Boulogne-sur-Mer, France, 1856 – San Gervasio Bresciano, Italie, 1935).

À 22 ans, elle adopte un pseudonyme masculin pour écrire dans le Frazer's Magazine ; toute sa vie, elle sera inspirée par ses compagnes. Fille d'intellectuels cosmopolites, elle fit connaître aux Anglais des contrées alors peu familières. Au fil de son œuvre, elle accentua sa critique sociale et son pacifisme (Satan-Gâchis, 1920), sans abandonner la recherche esthétique : Beauté et Laideur (1912), le Beau (1913). On lui doit également des nouvelles fantastiques (Hantises, 1890).

Lefèvre (Raoul)

Écrivain français (XVe s.).

Chapelain de Philippe le Bon, il composa en prose une Histoire de Jason (1460) et le Recoeil des histoires de Troyes (1464), qui donnent une interprétation fantaisiste de la légende antique en la traitant à la façon des romans de chevalerie et en s'inspirant de Guido delle Colonne et de Boccace. Ces œuvres ont suscité la diffusion des thèmes troyens dans l'iconographie et, par le mythe de la Toison d'or, ont reflété les préoccupations de la cour de Bourgogne.

Lefèvre de La Boderie (Guy)

Orientaliste et poète français (château de La Boderie, près de Falaise, 1541 – id. 1598).

Élève au Collège royal, il fut influencé par les cours de Postel. Collaborant à la publication de la Bible polyglotte de Plantin, il travailla sur le texte syriaque du Nouveau Testament, qu'il publia avec un commentaire. Il compléta ce travail en 1572 avec un Dictionnaire syro-chaldéen et une grammaire chaldéenne. Il est célèbre pour son Encyclie des secrets de l'éternité (1571), poème philosophique inspiré par le néoplatonisme chrétien et la Kabbale. Nommé secrétaire du roi Henri III, il publie la Galliade ou la Révolution des arts et sciences (1578), qui relate l'origine et l'évolution du savoir humain : se fondant sur une conception cyclique de l'histoire, il présente les arts et les sciences comme des dons de Dieu que l'humanité aurait reçus dans leur état de perfection, passant d'une nation à une autre avant de revenir à leur point de départ – la Gaule, berceau de toutes les civilisations.

Lefèvre d'Étaples (Jacques)

Théologien et humaniste français (Étaples v. 1450 – Nérac 1536).

Professeur de théologie au collège Cardinal-Lemoine, il rencontre à Florence (1491-1492) Pic de La Mirandole et Ficin. De retour en France, il publie Aristote, les Livres hermétiques, le pseudo-Denys et Raymond Lulle. En 1512, il traduit et commente les Épîtres de saint Paul et, en 1514, publie l'œuvre de Nicolas de Cuse. En 1521, à Meaux, il devient la tête pensante d'un important cénacle d'humanistes évangéliques. En 1522, dans ses Commentarii initiatorii in quatuor Evangelia, il demande aux évêques de rétablir l'Église primitive, affirmant que la foi seule peut valoir le salut. Poursuivi en 1525 par le parlement de Paris qui profite de la captivité du roi, il se réfugie à Strasbourg. Rappelé à Paris l'année suivante par François Ier, il se voit confier le préceptorat des enfants royaux. En 1530 paraît sa traduction française de l'Ancien Testament. Marguerite de Navarre l'appelle à Nérac, où il passe les dernières années de sa vie. Il reçoit la visite de Calvin en 1533. Père de l'humanisme français, Lefèvre d'Étaples en incarne l'érudition philologique (c'est lui qui introduit en France les principes de la critique scientifique des textes bibliques et gréco-latins) et l'esprit évangélique. Plus particulière est la place tenue dans sa philosophie par un mysticisme inspiré des néoplatoniciens et de Nicolas de Cuse, dont la doctrine de la « docte ignorance » l'incite à compléter sa philosophie rationnelle par une mystique de l'amour divin.

Lehmann (Rosamund Nina)

Romancière anglaise (Bourne End, Buckinghamshire, 1901 – Londres 1990).

Son premier roman (Poussière, 1927) traduit la désillusion esthétique et morale d'une génération renvoyée au quotidien, le désir de liberté de l'adolescence (Invitation à la valse, 1933 ; Intempéries, 1936 ; la Ballade et la Source, 1944 ; l'Écho dans le vallon, 1953) et l'aspiration féministe (l'Enfant de la bohémienne, 1946). L'Arbre de mer (1976) transpose dans une île lointaine le désir d'indépendance qu'illustre son autobiographie (le Cygne au crépuscule, 1967).

Lehmann (Wilhelm)

Écrivain allemand (Puerto Cabello, Venezuela, 1882 – Eckernförde 1968).

Il débute par des romans dont les héros s'accomplissent à travers l'expérience et la nature (le Dieu du vin, 1921). À l'époque national-socialiste, il publie des volumes de poésie, interdits peu après (la Réponse du silence, 1935 ; le Dieu vert, 1942). Après la guerre, le recours à un ordre naturel et indestructible apparaît comme une réponse à la catastrophe historique que venait de vivre l'Allemagne (Poussière ravie, 1946 ; Encore insuffisant, 1950). On lui doit aussi des essais (Ordre mouvant, 1947 ; la Poésie comme existence, 1956 ; les Lignes de la vie, 1963).