Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Zuhayr ibn Abi Sulma

Poète arabe préislamique (530 – 1er quart du VIIe s.).

Il est l'auteur d'une Mu'allaqa restée célèbre pour sa sagesse, son chant contre la guerre et les nombreux vers qui, par la suite, sont passés en proverbes dans la littérature arabe.

zuihitsu (écrits « au fil du pinceau »)

Genre littéraire japonais, se présentant le plus souvent sous la forme d'une suite de paragraphes brefs et sans lien explicite entre eux, qui permet à l'auteur d'exprimer de la façon la plus directe, au gré de son humeur et des impressions, opinions ou expériences qu'il relate, sa subjectivité. Les Notes de chevet de Sei Shonagon (fin du XIe s.) et les Heures oisives de Kenko (XIVe s.) serviront de modèle aux zuihitsu de la période d'Edo (XVIIe-XIXe s.), durant laquelle ce genre se développe et se diversifie : ainsi, les Chroniques hardies et scrupuleuses de Ueda Akinari (XVIIIe s.) confèrent-elles au zuihitsu une dimension satirique bien représentative de l'esprit du temps. Malgré les bouleversements survenus dans la littérature japonaise à partir de l'époque Meiji (1868-1912), ce genre n'a rien perdu de sa vitalité et les plus grands écrivains s'y sont illustrés : Nakae Chômin (Un an et demi à vivre, 1901), Masaoka Shiki (Une goutte d'encre, 1901), Natsume Sôseki (le Souvenir, entre autres, 1911), Akutagawa Ryûnosuke (Propos d'un nain, 1923-1925), et bien d'autres comme le physicien Terada Torahiko (1878-1935). Son absence de conventions et la liberté de propos qu'il favorise font du zuihitsu une des formes les plus originales et les plus spécifiques de la littérature japonaise.

Zukofsky (Louis)

Poète américain (New York 1904 – Port Jefferson, New York, 1978).

Lié durant les années 1930 au mouvement « objectiviste », ses recueils (Poèmes courts 1923-1958, 1965 ; Tout : Poèmes courts 1956-1964, 1967 ; A, 1959-1969) entendent, à partir du refus du symbolisme et de la métaphore, ainsi que de tout sentimentalisme, retrouver la spontanéité de l'expression sur l'immédiateté des choses. La quête du poétique se construit systématiquement, par l'imposition de contraintes, parfois mathématiques, à la composition, non seulement du poème, mais de l'ensemble de l'œuvre. Ce formalisme sous-tend l'attention aux singularités autobiographiques, aux détails du quotidien et aux particularités de l'Histoire, objectivés par le regard structuré du poète. Les essais (Test de poésie, 1948 ; Prépositions, 1967) définissent ainsi l'écriture poétique à la fois par la référence formelle et par le pouvoir immédiat de l'expression.

Zulawski (Jerzy)

Écrivain polonais (Lipowiec 1874 – Dębica 1915).

Originaire de Galicie, il fait des études de philosophie à Berne (une thèse sur Spinoza) et prend part au mouvement littéraire de la Jeune Pologne. Si ses premiers vers (Sur les cordes de l'âme, 1895) se placent déjà sous le signe de Nietzsche et de l'esthétique décadente, ses recueils suivants (Poésies, 1908) font une large place aux paysages des Tatras, où vit le poète. Familier de Stanislaw Przybyszewski, le chef de file de la Jeune Pologne, et collaborateur de la revue de ce mouvement, Zycie, Zulawski est surtout connu pour un drame symboliste, Éros et Psyché (1904), qui veut être une histoire de l'évolution de l'humanité, et pour une trilogie (Sur le globe argenté, 1903 ; le Vainqueur, 1910 ; la Vieille Terre, 1911), où l'évocation de la conquête de la Lune est le prétexte à une utopie pessimiste décrivant un univers grégaire qui a perdu tout idéal esthétique et métaphysique.

Zunser (Eliakum)

Poète et chansonnier populaire de langue yiddish (Vilno 1835 ? – New York 1913).

Ses innombrables chansons ont puissamment contribué à populariser parmi les masses juives les nouvelles idées politiques et sociales de son temps. Installé à New York en 1889, il y publia une autobiographie (la Vie de Zunser écrite par lui-même, 1905). Une édition critique de ses Œuvres en 2 volumes est parue à New York en 1964.

Zupancic (Oton)

Poète slovène (Vinica 1878 – Ljubljana 1949).

Son premier recueil (le Verre d'ivresse, 1899) exprime les idées du symbolisme. Il se tourne par la suite vers les sources nationales en exprimant les sentiments patriotiques (Par la plaine, 1904 ; Entretiens avec soi-même, 1908 ; Sentiers de jeunesse, 1919 ; À l'aube de la Saint-Jean, 1920 ; Veronica Deseniska, 1924 ; la Pervenche sur la neige, 1945). Il est aussi traducteur d'œuvres françaises et anglaises.

Zurara (Gomes Eanes de)

Chroniqueur portugais (entre 1410 et 1420 – 1473 ou 1474).

À l'instigation du jeune roi Alphonse V, dont il fréquentait la cour, il composa la Chronique de la prise de Ceuta en 1450, date à partir de laquelle la protection royale s'affirma : Zurara devint chevalier de l'Ordre du Christ et obtint plusieurs commandes. En 1454, il remplaça Fernão Lopes dans les fonctions de « guarda-mor » des Archives de la Torre de Tombo, charge qu'il occupera jusqu'à sa mort. Ses chroniques obéirent à la demande du roi : ainsi, la Chronique de l'infant Henri (1452-1453), dont nous conservons la nouvelle version sous le titre Chronique de Guinée, contient l'éloge de l'infant (Henri le Navigateur), suivi du récit détaillé des expéditions réalisées en Afrique sur son initiative. Malgré son admiration pour Fernão Lopes, son prédécesseur, sa vision de l'histoire en est très éloignée et ne dépasse pas le récit chronologique de faits exemplaires réalisés par des personnages illustres. S'étant occupé de l'histoire récente, il a eu surtout recours aux témoignages oraux et a eu soin, parfois, de se déplacer pour en vérifier sur place la vraisemblance. Si la Chronique de Ceuta est remarquable par sa qualité littéraire, sa prose devient plus monotone par la suite et perd la vivacité, le ton direct et communicatif de ses premiers écrits. Toutefois, par l'intérêt des faits enregistrés, son œuvre occupe une place importante dans l'historiographie portugaise.

Zurita (Jerónimo de)

Historien espagnol (Saragosse 1512 – id. 1580).

Ses Annales de la Couronne d'Aragon (1562-1580) représentent un travail considérable, tenu à juste titre pour le premier ouvrage d'historiographie moderne, fondé sur des faits et des documents sûrs, et ne laissant nulle place aux aspects légendaires ni aux développements « littéraires ». La magnifique bibliothèque qu'il réunit se trouve aujourd'hui à l'Escurial.