Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
N

Nakagami Kenji (Nakaue Kenji, dit)

Écrivain japonais (Wakayama 1946 – 1992).

Né dans la région de Kumano, dans la presqu'île de Kii, au sud d'Osaka, il vint à Tokyo en 1965, et commença à publier des romans et des poèmes. Il y exerça divers métiers manuels, comme débardeur dans un aéroport. Après avoir été remarqué pour la Carte géographique de dix-neuf ans (1973), il fut le premier écrivain né après la guerre à recevoir le prix Akutagawa pour son roman le Cap (1975). Celui-ci met en scène son beau pays natal avec des personnages aux complexes liens consanguins, drame qui sera développé dans la Mer aux arbres morts (1977). Il ne cesse d'évoquer la nature privilégiée de cette région de Kumano, dont il apparaît comme le créateur moderne des récits mythiques : Kishu (1978) ; Mille ans de plaisir (1982) ; le Bout du monde, moment suprême (1983) ; Récits de Kumano (1984) ; les Ailes du soleil (1984). Le sentiment de solidarité, accompagné de la dénonciation de toute forme de discrimination (Hymne, 1990, le Mépris, 1991), s'étend, non seulement aux burakumin, ces exclus dont il témoigne de la condition, mais aussi aux autres minorités ethniques qu'il intègre dans sa création, comme les habitants de Ryukyu, les Aïnous, les Coréens et les fils d'émigrés japonais au Brésil ; il élargit sa vision jusqu'à l'Asie.

Nakahara Chuya

Poète japonais (Yamaguchi 1907 – Kamakura 1937).

Né dans une famille catholique dont le père est médecin, il se passionna tôt pour la poésie. Dès 13 ans, ses nombreux poèmes de tanka sont primés dans un journal local. La rencontre avec le dadaïsme, puis avec la poésie symboliste de Verlaine et de Rimbaud, lorsqu'il est lycéen à Kyoto, l'oriente vers la création poétique. Venu à Tokyo en 1925 avec son amie actrice qui le trahira bientôt, il fait connaissance avec Kobayashi Hideo et Ooka Shohei, et étudie le français (1931-1933). Il publie son premier recueil, Chansons d'une chèvre en 1934. Souffrant de neurasthénie après la mort prématurée de son premier enfant, et atteint d'une méningite tuberculeuse, il meurt à l'âge de 30 ans, laissant son recueil posthume, Chansons des jours qui ont été (1938), et une remarquable traduction de Rimbaud.

Nakajima Atsushi

Romancier japonais (Tokyo 1909 – id. 1942).

Né dans une famille de sinologues de père en fils, il apprit la littérature classique chinoise dès son enfance, et fit des études de littérature japonaise à l'Université de Tokyo. Il mourut prématurément d'asthme à 33 ans, laissant des romans et des nouvelles remarquables par leur style classique très distingué, et ayant souvent comme cadre l'histoire ancienne et la littérature chinoise ou orientale. Chronique de Montagne et de Lune (1942) ; la Lumière, le Vent et le Rêve (1942) ; le Disciple et Riryo (posthumes, 1943).

Nakamura Shinichiro

Écrivain japonais (Tokyo 1918 – 1997).

Après avoir étudié la littérature française à l'Université de Tokyo, il crée, durant la guerre, avec Fukunaga et Kato, le groupe « Matinées poétiques » (1942). En 1946, leur essai collectif, Réflexions sur la littérature, fait date en définissant les objectifs de l'École de l'après-guerre. Dès l'année suivante, le roman Dans l'ombre de la mort (1947) le consacre comme un grand écrivain. Traducteur de Nerval, Supervielle, Claudel, Robbe-Grillet, et critique traitant avec le même bonheur des œuvres japonaises de l'époque classique ou des temps modernes, il est avant tout un « romancier du temps qui passe » qui s'est choisi comme références le Genji monogatari et Proust : la Fontaine d'amour (1962), Solitude (1966), l'Été (1978), l'Automne (1981), l'Hiver (1985).

Nakano Shigeharu

Écrivain japonais (Fukui 1902 – Tokyo 1979).

Diplômé de littérature allemande de l'Université de Tokyo en 1927, il publie un roman prolétarien, le Vent des premiers jours du printemps (1928), et devient, en 1931, membre du parti communiste. En 1940, il participe à la création de la revue Roba où il fait paraître des poèmes, des essais et des traductions, dont ses plus beaux poèmes prolétariens, l'Adieu de l'aube et Chant, rassemblés dans ses Poèmes (1945). Il quitta, puis réintégra le parti communiste (1945) avant d'en devenir sénateur (1947-1950). Il est également auteur de plusieurs récits autobiographiques et de critiques (Notes rapides sur l'Art, 1929 ; Notes sur Saito Mokichi, 1942).

Nakhla (Rachid)

Écrivain libanais (Bârûk 1873 – Beyrouth 1939).

Il est resté célèbre pour ses poèmes qui lui valurent le surnom de « Prince de la poésie dialectale ». On lui doit l'hymne national libanais (1926), un Dîwân (1945) et une pièce de théâtre (Muhsin al-Hazzânî, 1936). Son fils Amîn (Bârûk 1901 – Beyrouth 1976) fonda à Beyrouth l'hebdomadaire al-Cha'b (le Peuple) et fut élu député en 1947. Outre des essais juridiques, historiques et littéraires, il publia des recueils poétiques (le Cahier de poésie, 1952 ; Nouveau Recueil, 1961).

Nalatiyar

Traité didactique indien de langue tamoule (entre IVe et IXe s.).

Traditionnellement lié au Sangam, il rassemble 400 stances sur la morale et l'amour. « Veda des agriculteurs », il formule dans un style imagé des sentences sur la vertu et la richesse.

Namora (Fernando Gonçalves)

Écrivain portugais (Condeixa, Coimbra, 1919 – Lisbonne 1989).

Médecin de campagne – il relatera son expérience dans les Journées d'un médecin (1948) –, il débuta comme poète dans le groupe Novo Cancioneiro, avant de devenir, avec ses romans, l'un des chefs de file du néoréalisme portugais. Ainsi, les Quatre Coins du monde (1938), sur l'adolescence, vise un réalisme psychologique, exprimé aussi dans Feu dans la nuit obscure (1943), sur la jeunesse universitaire. Ses contes (Réponse à Mathilde, 1980) et ses récits allient la recherche de la forme avec une sympathie concrète pour les humbles. Dimanche après-midi (1961) est peut-être son œuvre la plus accomplie. La chronique se superpose à la fiction dans Dialogue en septembre (1966), Une cloche dans la montagne (1968), les Clandestins (1972), roman multilinéaire, Chevauchée grise (1977), chronique de la vie à New York, et le Fleuve triste (1982), récit polyphonique des dernières années du salazarisme.