Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Goulart (Ron)

Écrivain américain (Berkeley 1933).

Travaillant dans la publicité, il consacre un ouvrage à l'histoire du crime organisé (les 13 César, 1967) et un essai à la paralittérature (Cheap Thrills : an Informal History of the Pulps Magazines, 1972), se lance dans la science-fiction (l'Effet garou, 1972), puis dans le roman policier (la Chasse à la B.D., 1989 ; la Peau du ventriloque, 1990) et les scénarios de bande dessinée.

Goulia (Dmitri Iosifovitch)

Écrivain abkhaze (Ouartcha 1874 – Agudzéra 1960).

Fils de paysan pauvre, folkloriste, lexicologue et créateur de l'alphabet national (1892), il est, en 1919-1921, l'organisateur du théâtre et de la presse abkhazes (journal Apsny). Auteur de vers dénonçant les injustices (Lettre d'amour, 1913), il devient après 1917 le chantre du socialisme et du retour à la paix (Chant d'Abkhazie, 1940 ; Automne au village, 1946 ; Mon foyer, 1954). Il a fait revivre dans un roman (Kamatchitch, 1940) et un drame (les Spectres, 1946) la vie de l'Abkhazie prérévolutionnaire.

Goulu (Jean)

Moine et écrivain français (Paris 1576 – id. 1629).

De l'ordre des Feuillants, supérieur de sa congrégation (1624), traducteur de Denys l'Aréopagite et d'Épictète, il entra dans la polémique contre le style de Guez de Balzac (Lettres de Phyllarque à Ariste, où il est traité de l'éloquence française, 1627-1628), qu'il considère comme l'annonce d'une nouvelle sophistique et auquel il oppose la vigueur d'une éloquence née de la vérité et comparable aux « dessins de Michel-Ange ».

Goumiliov (Nikolai Stepanovitch)

Poète russe (Krondstadt 1886 – Petrograd 1921).

Il fait ses études à Tsarkoíe Selo et publie son premier recueil de vers, la Route des Conquistadores, en 1905. Il passe deux ans en France et y publie les Fleurs romantiques (1908), au titre emblématique. Son mariage avec Akhmatova (en 1910) est de courte durée et leur rupture lui inspirera les magnifiques Pentamètres iambiques (1913). Il partage son temps entre la littérature et des voyages d'exploration en Afrique. En 1912, il fonde l'école acméiste (Perles, 1910 ; Un ciel étranger, 1912). Engagé volontaire en 1914, il est à Paris quand éclate la révolution. Il revient en Russie en 1918, divorce et vit à Petrograd, participant aux traductions entreprises par Gorki. Accusé, à tort, d'avoir conspiré contre le gouvernement, il est fusillé. Ses poèmes (le Carquois, 1915 ; la Colonne de feu, 1921), pleins d'exotisme et d'aventures héroïques, cachent derrière une forme parfaite un frémissement d'inquiétude.

Gourgouli

Épopée populaire tadjike.

Branche orientale du Kior-ogly, élaborée aux XVIIe-XVIIIe s., à partir d'emprunts au folklore turcophone, l'épopée offre un ensemble de destans en prose (nord du Tadjikistan) ou en vers (sud du Tadjikistan : 100 000 vers) répartis en cycles autour du héros, maître du royaume égalitaire de Tchamboul, et de son fils Avaz. Leurs exploits, identiques à ceux des versions parallèles (Ghiorogly, Kior-ogly), associent au thème héroïque (la lutte avec le khan Khounkhar, l'adoption de Chodmon et Hassan) des éléments de merveilleux et d'utopie sociale.

Gouri (Haïm)

Poète israélien (Tel-Aviv 1923).

Officier dans l'armée israélienne lors de la guerre d'Indépendance, il consacre ses premiers recueils à cette époque (Fleurs de feu, 1949 ; Jusqu'à l'aube, 1950). Les Poèmes scellés (1954) et Rose des Vents (1961) sont teintés d'un romantisme nostalgique. Dans les années 1970, il publie trois livres de poésie, et son œuvre complète parut en 1998. Journaliste, il rendit compte du procès d'Eichmann (Face à la cage de verre, 1962) et écrivit plusieurs romans, dont l'Affaire du chocolat (1965) et le Livre fou (1976).

Gourmont (Remy de)

Écrivain français (Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858 – Paris 1915).

Figure majeure et méconnue du symbolisme littéraire, et de la littérature de « l'avant-siècle », il fut aussi l'un des meilleurs esprits de son temps, romancier, conteur, poète, philologue, critique et philosophe. Mais une maladie pénible, un lupus tuberculeux, qui lui défigurait le visage, le contraignit précocement à vivre à l'écart de la scène sociale, lui valant la réputation de « reclus » du symbolisme.

   Originaire d'une famille de gentilhommes normands et de maîtres imprimeurs, il obtient, en 1881, un emploi au service du catalogue de la Bibliothèque nationale. En 1886, la lecture d'un numéro de la Vogue ouvre au symbolisme ce lecteur passionné. Il fréquente et admire Huysmans, Mallarmé, Villiers de l'Isle-Adam, Léon Bloy. En 1890, il fait partie, avec Rachilde, Vallette, Albert Aurier et d'autres, des fondateurs du Mercure de France dont il devient le pilier et l'un des critiques les plus remarquables (c'est lui qui lance la « littérature Maldoror »). Auteur en 1891 d'un pamphlet anti-revanchard, le Joujou patriotique, il perd son emploi de fonctionnaire et se voit désormais interdit de grande presse. Les ouvrages de sa période symboliste, illustrant les genres les plus variées, présentent un mélange complexe d'idéalisme, de scepticisme, assorti du goût du mot rare et des tournures elliptiques et abstraites : Sixtine, roman de la vie cérébrale, en 1890 ; de la poésie, avec les Litanies de la rose (1892), les Fleurs de jadis (1893), les Hiéroglyphes (1894) ; du théâtre, avec Lilith (1892), Théodat (1893), l'Histoire tragique de la princesse Phénissa (1894) ; des contes et des poèmes en prose avec le Fantôme (1893), le Château singulier (1894), Proses moroses (1894) ; enfin, en 1892, le Latin mystique, son essai consacré « aux poètes de l'Antiphonaire et à la symbolique au Moyen Âge ». Cette érudition créatrice, qui lui permet de fonder sa défense de l'esthétique nouvelle sur la connaissane de l'ancien, se manifeste également dans la revue de l'Ymagier qu'il fonde avec Alfred Jarry en 1894. Dans la galerie de portraits du Livre des masques (1896-1898), illustré par des bois de Vallotton, Gourmont finit par mettre le symbolisme à distance tout en livrant un document précieux pour l'Histoire. Adepte d'une philosophie critique, sa démarche intellectuelle se réclame toujours plus de la « dissociation des idées », art de prendre à contrepied les pensées admises qu'il théorise dans la Culture des idées (1900) et les Promenades philosophiques (1905) et qu'il met à l'œuvre dans ses essais philologiques : l'Esthétique de la langue française (1899) et le Problème du style (1902). Il continue à publier de la poésie, des contes, des romans, et à exercer une intense activité critique, d'érudit et de découvreur, rassemblée dans ses précieuses Promenades littéraires (1904-1913) ; il fréquente Rouveyre et Léautaud, influence Apollinaire et Cendrars. Deux volumes de correspondance (l'un adressé à Berthe Courrière, le second à Natalie Clifford Barney), publiés après sa mort, témoignent de sa volonté de transposer l'expérience amoureuse sur le plan littéraire (Lettres à l'Amazone, 1914-1926 ; Lettres à Sixtine, 1921).