Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
T

Tamaro (Susanna)

Écrivain italien (Trieste 1957).

Elle débute en écrivant des romans sur la souffrance individuelle (la Tête dans les nuages, 1989) et sur le monde des marginaux (Pour voix seule, 1991). Elle se rattache plus tard au courant spirituel « new age » dans le best-seller Va où ton cœur te porte (1994) et dans Anima mundi (1997).

tamasa

Forme populaire du théâtre indien de langue marathi. Le tamasa, « action cocasse », est improvisé par les acteurs, selon une ancienne tradition dans les villages, à partir d'un thème inspiré de faits divers ou politiques pour faire rire le public. C'est un théâtre musical (dholak, tuntuna, chants) et en partie dansé, qui a influencé le cinéma.

Tamási (Áron)

Écrivain hongrois (Farkaslaka, auj. Lupeni, 1897 – Budapest 1966).

Ses romans (Abel dans la forêt, 1932 ; Abel au pays, 1933 ; Abel en Amérique, 1934) décrivent la vie des montagnards de sa Transylvanie natale.

Tamayo (Franz)

Homme politique et écrivain bolivien (La Paz 1879 – id. 1956).

Directeur des périodiques El Hombre libre et El Fígaro, élu président de la République pendant la guerre du Chaco, il est l'auteur d'une œuvre poétique largement inspirée par la Grèce antique et liée, par la forme, au modernisme (Odes, 1898 ; Proverbes, 1905 ; Nouveaux Proverbes, 1922 ; les Nouveaux Rubayat, 1927 ; Scherzos, 1932 ; Épigrammes grecques, 1945). Auteur de tragédies (Scopas, 1939), il a également laissé plusieurs essais (Horace et l'art lyrique, 1915).

Tamayo y Baus (Manuel)

Auteur dramatique espagnol (Madrid 1829 – id. 1898).

Adaptateur (Anicet-Bourgeois, Schiller), il composa des drames romantiques souvent inspirés d'œuvres antérieures (Angela, 1852 ; Virginia, 1853), et des pièces moralisantes (la Boule de neige, 1856 ; le Positif, 1862). Les personnages d'Un drame nouveau (1867), son chef-d'œuvre, sont des comédiens qui vivent les péripéties du drame qu'ils sont censés jouer devant les spectateurs.

Tamir (Zakariyya)

Écrivain syrien (Damas 1931).

On lui doit de nombreux recueils de nouvelles où, dans des univers fantaisistes et fantasmagoriques, se développe avec un humour noir et beaucoup d'ironie une critique violente de la société arabe contemporaine (le Hennissement du cheval blanc, 1960 ; Printemps de cendres, 1963 ; le Tonnerre, 1970 ; Damas aux incendies, 1973 ; les Tigres le dixième jour, 1978 ; l'Appel de Noé, 1994) et des contes pour enfants (Pourquoi le fleuve s'est tu, 1973 ; La rose a dit à l'hirondelle, 1977 ; le Pays des lapins, 1979).

Tammsaare (Anton Hansen, dit A. H.)

Écrivain estonien (Albu 1878 – Tallinn 1940).

Il débuta par des récits réalistes sur le monde rural (les Vieux et les jeunes, 1903), cultiva l'impressionnisme psychologique, sous l'influence du groupe Noor-Eesti (les Longs Pas, 1908 ; Jeunes Âmes, 1909 ; Nuances, 1917), puis développa un humanisme pessimiste, en s'efforçant de parvenir à une compréhension globale de l'homme, être contradictoire tiraillé entre le bien et le mal (drame biblique, Judith, 1921 ; roman rural, le Patron de Kõrboja, 1922 ; saga familiale et philosophique, Vérité et Justice, 5 vol., 1926-1933). Il dénonça le totalitarisme (pièce de théâtre, le Roi a froid, 1936), avant de renouveler son réalisme psychologique en y mêlant des éléments fantastiques (le Nouveau Diable du Fond-de-l'Enfer, 1939).

tamoule (littérature)

Parmi les grandes langues dravidiennes (tamoul, telugu, kannara et malayalam), le tamoul, avec un passé littéraire de plus de deux millénaires, est la plus ancienne. Il a été le mode d'expression de la seconde grande culture de l'Inde après le sanskrit, et c'est par l'intermédiaire du tamoul que l'influence indienne a rayonné dans l'Asie du Sud et du Sud-Est, et même jusqu'en Chine (XIIIe-XIVe s.). Premier monument des langues dravidiennes, le Sangam reste sans équivalent et fait de la littérature tamoule une des grandes littératures universelles. On désigne sous ce nom à la fois un ensemble de recueils poétiques et les académies littéraires où ils auraient été élaborés. La légende fait état de trois académies successives, placées sous le patronage des rois Pandya, qui auraient duré 9 950 ans et compté 8 598 lauréats. L'unité de ton et le classicisme d'un type particulier qui caractérise les recueils qui nous sont parvenus prouvent la réalité historique du Sangam et son ancienneté. Mais les poèmes les plus anciens, qui reflètent la vie sociopolitique des royaumes Cera, Cola et Pandya et d'une foule de principautés rivales du sud de l'Inde, doivent, en fait, dater du début de l'ère chrétienne (Ier-IIe s. ?). Ces textes, qui se singularisent notamment par l'absence de toute référence à une religion spécifique, célèbrent, dans une vision naturaliste, la vie humaine sous ses deux aspects : la vie extérieure (puram) et la vie intérieure (akam). Au puram se rattachent les panégyriques de guerriers et de souverains et les élégies (Purananuru, Padittuppattu), à l'akam, les thèmes amoureux, développés dans six anthologies (Kuruntogei, Mattinei, Agananuru, Aingurunuru, Kalittogei et Paripatal).

   L'époque du moyen tamoul (à partir du VIIe s.) voit s'épanouir une poésie religieuse, sivaïte d'abord, visnuite ensuite, qui repose sur la « dévotion » (bhakti). La symbolique amoureuse de l'akam sert désormais à exprimer l'amour de Dieu, et les poèmes du Paripatal, qui peuvent être considérés comme les premiers écrits dévotionnels tamouls, annoncent le lyrisme de la bhakti. Le Tevaram (la Guirlande de la divinité), qui réunit en sept livres les hymnes d'Appar, de Campantow et de Cuntarar (VIIe-VIIIe s.), représente par excellence la mystique sivaïte. Avec les odes de Manikkavacakar (Tiruvacakam), et le Tirumantiram attribué au poète, philosophe et yogin Tirumular, il fait partie du Tirumurai, les « Onze Livres » sacrés du sivaïsme méridional. Parallèlement, le mouvement visnuite, déjà amorcé après le Sangam, s'amplifie jusqu'au Xe s. et s'exprime dans les hymnes des douze alvar (« dévots profonds ») rassemblés dans le Nalayirativiya-pirapantan. Nammalvar, sans doute le plus célèbre de ces sages visnuites, est l'auteur des quatre textes groupés sous le nom de Prabandham.

   La poésie médiévale profane est représentée par Kampar (XIIe s.), auteur d'une adaptation du Ramayana sanskrit. D'autres poètes cultivent l'éloge royal, représenté par le Nanti-K-Kalapakam en l'honneur de Nandivarman III (IXe s.) et le Kalinkattuparani de Ceyankontan (XIe s.). Au XIIIe s., le Nalavenpa de Pukalenti perpétue cette tradition littéraire raffinée. Le Mahabharata est plusieurs fois adapté en tamoul. Arunakirinatar, auteur du Tirrupukal, marque un tournant et ouvre le chemin au chant dévotionnel populaire (kirttanai).

   Au XVIIIe s., la tradition de la bhakti se poursuit avec notamment le poète mystique Tayumanavar et Ramalinga Swami. L'islam s'impose par le Cirapuranam d'Umaru, qui raconte la vie du Prophète, alors que le jésuite italien Boschi, père de la prose tamoule, grammairien et poète, donne le premier kavya chrétien (Tempavani). La fin du XVIIe et le XVIIIe s. voient aussi le développement du lyrisme et du folklore à travers des œuvres comme le Kurralakkuravanci de Rajappa Kavirayar (1718), le Mukkutal pallu et les nonti natakamou (« drames du boiteux »). Au XIXe s., la prose savante prend son essor avec Arumuka Navalar, Damodaram Pillai et surtout U. V. Swamunatha Iyer. Le premier roman tamoul est l'œuvre de S. Vedanayagam Pillai (Histoire de Piratapa Mutaliyar, 1897). Le genre est ensuite représenté par Rayam Iyer, S. M. Natesa Sastri, A. Madhaviah et Kalki, auteur de romans historiques. Citons également K. V. Jagannathan, Kothamamgalam Subbu, Cavi, Devan, Natoti, qui ont ouvert de nouvelles voies à la littérature tamoule, ainsi que L. S. Ramamirtam, T. Janakiraman, N. Partasarathi et Candilyan. La poésie moderne est représentée par le poète-rebelle Bharati et par un réformateur social, Bharati Dasan. Aujourd'hui, la poésie populaire et sociale est dominée par les œuvres de Kannatacan.