Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Cassou (Jean)

Écrivain et critique d'art français (Deusto, près de Bilbao, 1897 – Paris 1986).

Ses premiers livres (Éloge de la folie, 1925 ; Souvenirs de la terre, 1933) montrent un attrait fondamental pour le romantisme allemand et la littérature espagnole : la pitié, la souffrance, l'émotion universelle, la damnation sont les composantes de ses romans (le Bel Automne, 1950 ; le Voisinage des cavernes, 1971), qui alternent avec des contes d'allure surréaliste (Sarah, 1931 ; De l'Étoile au Jardin des Plantes, 1935) et des essais sur des peintres (le Greco, 1931 ; Picasso, 1937 ; Matisse, 1939). Il fut conservateur en chef du musée national d'Art moderne à Paris (1946-1965). On lui doit aussi des souvenirs (Une vie pour la liberté, 1981).

Castel-Bloom (Orly)

Écrivain israélien (Tel-Aviv 1960).

Elle peut être considérée comme le chef de file de la nouvelle tendance de la littérature israélienne. Par son style dépouillé et l'univers angoissant voire apocalyptique qu'elle décrit, elle rompt les conventions de la littérature précédente. (Environnement hostile, 1989 ; Dolly City, 1992 ; Où suis-je ? 1990 ; Radicaux libres, 2000).

Castelein (Matthijs de)

Poète hollandais (Oudenaarde 1485 – id. 1550).

Auteur de chansons d'amour et de poèmes bachiques, ce « rhétoriqueur » est l'auteur du premier art poétique néerlandais (1549) inspiré de celui de Jean Molinet.

Castellanos (Rosario)

Femme de lettres mexicaine (Mexico 1925 – Tel-Aviv 1974).

Professeur de philosophie, poétesse (Poèmes 1953-1955, 1957 ; Au pied de la lettre, 1959 ; Matière mémorable, 1969), auteur de pièces de théâtre, de contes (les Convives d'août, 1964), d'essais, elle est surtout connue comme romancière : les Étoiles d'herbe (1957) et le Christ des ténèbres (1962), construits à partir d'études ethnologiques, illustrent les conflits, souvent sanglants, entre métis et Blancs d'une part, et Indiens attachés à la tradition maya.

Castelo Branco (Camilo)

Romancier portugais (Lisbonne 1825 – São Miguel de Ceide 1890).

Sa vie a été aussi riche en événements et aussi tragique que celle de ses personnages : fils naturel d'un père noble et d'une mère paysanne, il est très tôt resté orphelin. Marié à 16 ans, il connut d'autres passions tumultueuses, dont l'une le mena en prison : celle pour Ana Placido, qui devait devenir sa compagne. Menacé par la cécité, il se suicida. Doué d'une fécondité que les difficultés matérielles ne faisaient que stimuler, il a vite dépassé toutes les influences, évoluant du romantisme de ses débuts (Amour de perdition, 1862) vers un réalisme où il a été conduit surtout par défi : en voulant faire une caricature des romans réalistes de la nouvelle génération (notamment ceux d'Eça de Queirós), il a donné avec Eusébio Macário (1879), la Horde [A Corja] (1880) et la Brésilienne de Prazins (1883) les chefs-d'œuvre du genre. Ses Nouvelles du Minho (12 volumes, 1875-1877) réunissent le meilleur de son inspiration : authenticité paysanne et savoureuse richesse de la langue. Amour de perdition (1862) est, d'après Miguel de Unamuno, le plus grand roman d'amour de la péninsule Ibérique. Écrit en 1860, lorsque Camilo était en prison pour ses amours avec une femme mariée, il relate la passion clandestine de deux jeunes gens, Simão et Teresa, passion à laquelle s'ajoute l'amour de Mariana, une fille du peuple qui s'éprend de Simão, tout en continuant à lui servir de messagère auprès de Teresa.

Castiglione (Baldassare)

Écrivain italien (Casatico, Mantoue, 1478 – Tolède 1529).

Diplomate, il est au service des cours de Milan, de Mantoue et d'Urbin. Entré dans les ordres en 1520, il fut nommé nonce à Madrid par Clément VII. Son Livre du courtisan (1528), dialogue composé pour l'essentiel de 1513 à 1518, donne la parole, au cours de quatre « soirées », aux plus illustres personnages de la cour d'Urbin, dont chacun conduit le débat relatif à sa spécialité. Le thème de l'amour platonique est ainsi confié à Bembo, tandis que c'est à Bibbiena qu'il revient d'exposer l'art de la plaisanterie qui sied au courtisan, tout en tenant le plus grand compte de la hiérarchie qui n'autorise la raillerie que du supérieur à l'inférieur. La « question de la langue », enfin, est amplement débattue dans le Prologue et dans le Livre I. Castiglione y définit le juste milieu d'une langue littéraire conforme à l'usage des cours, autrement dit susceptible d'accueillir avec modération des tours familiers ou dialectaux étrangers au toscan. Il y introduit également le concept stylistique de sprezzatura, propre d'un art qui excelle à dissimuler ses procédés, autrement dit l'art du naturel. Castiglione nous a laissé également une églogue (Tirsi, 1506), des poésies latines et une importante correspondance publiée au XVIIIe s.

Castilho (António Feliciano de)

Poète et pédagogue portugais (Lisbonne 1800 – id. 1875).

Aveugle dès l'âge de 6 ans, il vécut entouré de disciples qui lui vouaient un vrai culte. Ses poèmes, dont les plus importants sont réunis dans Fouilles poétiques (1844), témoignent de sa formation néoclassique. Obligé de se fixer pendant de nombreuses années à San Miguel, aux Açores, il y donne libre cours à sa passion pédagogique, qui ne concerne pas seulement l'instruction primaire, mais aussi les techniques poétiques (il écrit en 1851 un Traité de versification portugaise) et l'activité agricole : l'œuvre où il conjugue sa connaissance de Virgile, ses exaltations poétiques de la nature et son sens pratique de pédagogue s'intitule significativement le Bonheur par l'agriculture (A Felicidade pela Agricultura, 1849). La postface qu'il rédigea en 1864 pour le livre d'un de ses disciples, Pinheiro Chagas, déclencha une importante querelle littéraire qui vit s'affirmer la « génération de 70 ».

Castillejo (Cristóbal de)

Poète espagnol (Ciudad Rodrigo v. 1490 – Vienne 1550).

Secrétaire de l'archiduc Ferdinand, frère de Charles Quint, il écrit une œuvre nourrie à la source des cancioneros. Virtuose du mètre court, fidèle à la morale médiévale (Dialogue de femmes, 1544) et aux traditions de l'ancienne poésie espagnole, y compris dans ses registres parodiques et satiriques (Sermon d'amours, 1542), il réagit contre l'esprit italien de l'école de Boscán et de Garcilaso.