Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
P

Puig (Manuel)

Écrivain argentin (General Villegas 1932 – Cuermavaca, Mexique, 1990).

Influencé par le roman-feuilleton et les techniques cinématographiques, il tend à effacer dans ses romans la personne du narrateur pour retrouver un reflet fidèle de la réalité quotidienne argentine, au moyen de monologues, de dialogues, de « collages » (la Trahison de Rita Hayworth, 1968 ; le Plus Beau Tango du monde, 1969 ; le Baiser de la femme araignée, 1976 ; Pubis angelical, 1979 ; Malédiction éternelle à qui lira ces pages, 1980 ; Sang de l'amour partagé, 1982).

Pujmanová (Marie)

Romancière tchèque (Prague 1893 – id. 1958).

Ses récits évoluent d'un impressionnisme fin (Contes du square, 1920 ; le Pressentiment, 1942) à une inspiration historique et collective (Des hommes à la croisée des chemins, 1937 ; le Jeu avec le feu, 1948 ; la Vie contre la mort, 1952). Elle écrivit également des poèmes (Poèmes maternels, 1940 ; Joie et Tristesse, 1944 ; Prague, 1954).

Pulci (Luigi)

Poète italien (Florence 1432 – Padoue 1484).

Frère de Bernardo et de Luca, il fut familier de Laurent de Médicis. Sa fable rustique Beca da Dicomano, inspirée de la Nencia da Barberino de Laurent le Magnifique, témoigne du même dessein de restaurer la tradition populaire de la poésie florentine. Son poème chevaleresque en 28 chants Morgant, publié (1480) en 23 chants, puis (1483) en octaves et en 28 chants – ce qui lui valut l'épithète de majeur – narre les exploits, à travers l'Afrique et l'Asie, des paladins Roland et Renaud, provisoirement écartés de la cour de Charlemagne par les intrigues du traître Ganelon. Avant d'être rejoint par Renaud, Roland affronte, sur le chemin de la Paganie, trois géants qui semaient la terreur dans un couvent de moines. Il en tue deux et convertit le troisième, Morgant, qui devient son écuyer. Celui-ci connaît une mort digne de sa bouffonnerie héroï-comique : blessé au talon, comme Achille, mais d'une morsure de crabe. Il est flanqué un instant d'un compagnon de fortune, le demi-géant Margutte, personnage picaresque et jouisseur entièrement inventé par Pulci, qui est à la fois sa propre antithèse et l'inversion parodique de tous les héros de la tradition chevaleresque. L'œuvre surpasse, par sa richesse linguistique, son habileté métrique et stylistique, les chansons de geste du XIVe s. dont elle se voulait la parodie : son esthétique va à l'encontre de l'évolution des goûts littéraires à la cour de Laurent, de plus en plus gagnée au néoplatonisme. Entrepris sur le conseil de la mère de Laurent, Lucrezia Tornabuoni, dans le cadre d'un rapprochement avec la France, Morgant s'apparente trop, stylistiquement, aux divertissements populaires de la jeunesse de Laurent, désormais reniés, pour ne pas décevoir une cour choquée dans son désir croissant de raffinement. S'il ne put obtenir – en dehors du cercle de Laurent, la faveur d'un large public, rien n'est moins spontané toutefois, dans la richesse de son invention prosodique et lexicale, que le réalisme de Pulci.

Pulgar (Hernando del)

Humaniste espagnol (Tolède  ? v. 1430 – 1493).

Il composa une Chronique des Rois Catholiques allant jusqu'en 1490 : traduite en latin par A. de Nebrija, elle fut publiée sous le nom de celui-ci en 1545, puis imprimée en 1567 sous celui de son véritable auteur. Il a aussi écrit des Lettres (vers 1485), à la fois miroir intime et tableau vivant d'une époque, et un ensemble de portraits des héros de sa patrie (les Hommes illustres de Castille, 1486).

Pumpurs (Andrejs)

Écrivain letton (Lieljumprava 1841 – Riga 1902).

Cet auteur romantique est surtout connu pour avoir composé l'épopée nationale lettonne Lāčplāsis (le Tueur d'Ours, 1888). S'inspirant entre autres du folklore national, cette épopée évoquait la lutte du peuple letton contre les Allemands, venus envahir le pays au XIIIe s. sous couvert de christianisation. Les poèmes qu'Andrejs Pumpurs avait composés lorsqu'il parcourait la Lettonie dans le cadre de son activité de géomètre furent publiés en 1890 dans le recueil Dans ma Patrie et à l'Étranger. Après être parti comme volontaire en Serbie afin de combattre les Turcs (1877), il servit dans l'armée impériale russe. Les souvenirs de son expédition en Serbie parurent en 1895 sous le titre De la Daugava au Danube.

punique (littérature)

Carthage, s'étant politiquement affranchie de sa métropole phénicienne Tyr, a peu à peu agrandi ses territoires et étendu considérablement son emprise en Afrique, mais aussi sur de grandes îles méditerranéennes (Malte, Sicile, Sardaigne, Baléares) et jusqu'en Espagne – son empire menaçant sérieusement la puissance romaine –, et elle a développé et répandu une civilisation originale et riche, la civilisation punique, dont le rayonnement a survécu longtemps à la prise et à la destruction de Carthage par les Romains en 146 av. J.-C. Divers témoignages, surtout extérieurs, confirment que les Puniques avaient élaboré une riche littérature : annales, chroniques, ouvrages de droit, d'histoire, de géographie, d'agronomie, textes religieux, poèmes mythologiques, etc. On sait, en effet, par les écrivains grecs et latins, que Carthage avait constitué d'immenses bibliothèques, dont la plupart ont disparu lors de la destruction de la cité. De toute cette littérature, les quelque 7 000 inscriptions puniques connues ne nous ont conservé que d'infimes vestiges : il s'agit avant tout d'inscriptions votives et, à un moindre degré, funéraires, mais on possède aussi de longs tarifs sacrificiels, des textes commémoratifs, etc. Cependant, des spécimens de textes proprement littéraires sont connus en transcription latine (ainsi dans le Poenulus de Plaute) et en traduction, ou adaptation, grecque et latine, comme c'est le cas du Serment d'Hannibal, transmis par Polybe, du célèbre Périple d'Hannon ou du Traité d'agriculture de Magon, non dépourvu de qualités littéraires.

Purana
(« Ancien », d'où « histoire des temps anciens »)

Textes sanskrits célébrant la puissance, les faits et gestes des dieux, écrits entre le IVe et le XIVe siècle.

Il y a 18 « grands » Purana (mahapurana) : Brahma, Padma, Visnu, S'iva (ou Vayu), Bhagavata, Narada, Markandeya, Agni, Bhavisya, Brahmavaivarta, Linga, Varaha, Skanda, Vamana, Kurma, Matsya, Garuda et Brahmanda. Ils traitent des cosmogonies et des dissolutions cosmiques, des lois de Manu (Homme primordial), des dynasties royales lunaires et solaires. Il existe également 18 Purana secondaires ou upapurana. Tous ces textes étaient essentiellement destinés à transmettre l'enseignement des Veda et des Upanisad aux illettrés et aux membres des castes inférieures.