Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Frischman (David)
ou David Frischmann

Écrivain russe de langue hébraïque et yiddish (Lódz 1859 – Berlin 1922).

Écrivain précoce et prolifique, il afficha son non-conformisme littéraire tant dans son style que dans ses sujets. Influencé par la littérature occidentale, il s'essaya tour à tour à la nouvelle (le Jour de Kippour, 1881), au conte de fiction en style biblique (Au désert, 1923), au feuilleton lyrico-satirique. Poète (Je ne les suivrai pas, Idoles), il s'est fait dans ses essais le champion de « l'art pour l'art » (Tohu-Bohu, 1883). On lui doit également de nombreuses traductions (Andersen, Pouchkine, Byron, George Eliot, Nietzsche).

Frison-Roche (Roger)

Écrivain français (Paris 1906 – id. 1999).

Alpiniste et grand reporter, il a participé à la première expédition dans les montagnes du Sahara central (1935). Son premier livre, Premier de cordée (1941), exalte l'effort, la ténacité et le dépassement de soi. La montagne reste, avec le désert (Djebel Amour, 1978), son thème préféré, modèle et refuge contre une société pervertie (la Grande Crevasse, 1947 ; la Vallée sans hommes, 1973 ; le Versant du Soleil, 1981). Ses séjours au Sahara ont inspiré un grand roman saharien, Bivouacs sous la lune, dont la Piste oubliée (1950), la Montagne aux écritures (1952), le Rendez-vous d'Essendilène (1954) forment les trois volets.

frisonne (littérature)

Langue du groupe germanique occidental, le frison s'est divisé très tôt en trois branches : le frison septentrional, parlé dans l'île d'Helgoland et les côtes du Schleswig, le frison oriental, qui n'est plus utilisé que par quelques milliers d'habitants de la province d'Oldenburg, le frison occidental, qui possède un statut officiel dans la province de Frise aux Pays-Bas, vestige d'une reconnaissance traditionnelle de la nation frisonne. Si la langue parlée est divisée en de nombreux dialectes locaux, le frison écrit, apparenté au néerlandais et à l'anglais, apparaît dès le XIVe s. sous forme de textes juridiques. C'est d'ailleurs à un juriste, Alvinus de Snits, qu'est dû le premier poème conservé (Thet freske riim). Pendant plus de trois siècles, la langue et la littérature frisonnes cherchent à définir leur identité face, à la fois, au latin des humanistes (Cornelius Kempis, Reyner Bogerman) et au néerlandais de la République des Provinces-Unies dont la Frise faisait partie. L'unification nationale hollandaise se fera au détriment du frison, interdit en 1573 dans les actes officiels et peu utilisé par les littéraires frisons, comme le montre l'exemple d'Onno Zwier van Haren écrivant en néerlandais. Après la grande œuvre classique du poète Gysbert Japicx (Friesche Rymelerye, 1668), il faut attendre la constitution de la « Fryske Genoatskap » (Association frisonne, 1826), puis de la « Fryske Selskip » (Société frisonne, 1844) pour voir poindre la renaissance littéraire de la province. Harmen Systra et sa revue Iduna soutiennent la création, à la fois poétique, dramatique et humoristique. La poésie sera longtemps à la pointe du renouveau culturel avec P. J. Trœlstra (Rispinge, 1909), O. Postma, Hendrika Van Dorssen dite Rixt (De gouden ridder, 1954), avant que le roman – Simke Kloosterman (De Hoara's fen Hastings, 1918) et Reinder Brolsma (Sate Humalda, 1932-1934) – n'enracine le lecteur dans les coutumes et les problèmes des paysans frisons. Plus nationaliste et plus classique avec la « Jongfryske Mienskip » (Communauté de la Jeune Frise, 1915), la littérature se fera l'écho des grandes crises du temps présent, dans une perspective plus austère et religieuse avec F. de Schurer (Samson, 1949), ou plus ouverte sur l'Europe littéraire, avant de s'intéresser aux recherches formelles. Les écrivains s'interrogent surtout sur les problèmes nés de la guerre, notamment autour des journaux De Tsjerne (1946-1968) et Quatrebras (1954-1968). Ils se dispersent depuis dans des expérimentations multiples, ballottés entre formalisme, enracinement et finalité philosophique et culturelle.

Fröding (Gustaf)

Poète suédois (Alster 1860 – Stockholm 1911).

Le recueil Guitare et Accordéon (1891) ouvrit les voies du modernisme à la poésie suédoise. Atteint de schizophrénie en 1894, Fröding eut le temps de faire publier ses Nouveaux Poèmes (1894), suivis en 1896 de Bribes et Éclaboussures, qui lui valurent d'être poursuivi pour atteinte à la morale. On apprécie surtout aujourd'hui une fantaisie vraiment souveraine qui se plaît à oblitérer les démarcations entre le rêve et la réalité.

Froissart (Jean)

Chroniqueur et poète français (Valenciennes v.1337 – Chimay 1405 ?).

Il reçoit une formation religieuse, avant de partir en Angleterre en 1361 pour y servir Philippa de Hainaut, épouse d'Édouard III. Revenu dans sa province d'origine, il a pour protecteur Wenceslas de Brabant et, curé des Estinnes près de Mons, obtient un canonicat à Chimay. C'est ensuite Guy de Blois qui le fait travailler et il évolue davantage dans les milieux de la noblesse française, voyageant en Béarn à la cour d'Orthez, en Avignon, avant de revisiter l'Angleterre. Ces voyages lui permettent de compléter l'information dont il a besoin pour la rédaction de ses Chroniques. Utilisant diverses chroniques, des sources orales, des témoignages directs, son expérience personnelle, il fait le récit des guerres survenues depuis l'avènement d'Édouard III jusqu'à la mort de son petit-fils Richard II, entre 1325 et 1400. Les Chroniques sont divisées en 4 livres sans cesse remaniés, en fonction surtout des sympathies plus ou moins marquées de l'auteur pour l'Angleterre. Travail littéraire plus qu'historique – car il s'agit de fixer l'image de la vraie vertu, la prouesse –, même s'il s'avère un outil délicat à manier par l'historien, l'ouvrage constitue une évocation pittoresque de la vie de cour au XIVe siècle. Avant de se consacrer à la célébration des armes puis, parallèlement, à sa rédaction, Froissart avait composé des poèmes illustrant l'idéal courtois, soit dans le genre lyrique, soit dans le genre narratif, selon l'exemple de Guillaume de Machaut, son maître en poésie : le Paradis d'Amour (1361-1362), songe allégorique ; l'Horloge amoureuse (1368), allégorie du mécanisme amoureux, où l'auteur assimile l'amant à cet instrument de mesure du temps, nouveau encore pour l'époque ; l'Espinette amoureuse (1369), récit d'un premier amour, enrichi de digressions mythologiques et d'insertions lyriques, et influencé par Ovide et le Roman de la Rose. La Prison amoureuse (1371-1372) est inspirée par la composition du Voir-Dit de Guillaume de Machaut, avec ses poèmes, ses lettres en prose et sa narration en octosyllabes, mais cette consolation pour le prince Wenceslas de Brabant s'en distingue par les deux correspondants masculins et par l'insertion de deux dictiés (une histoire mythologique inventée par Froissart puis un songe de l'un des correspondants, sous le nom de Rose, qui donne son titre à l'œuvre) ; le Joli Buisson de Jeunesse (1373) est un retour à la jeunesse et une sorte d'adieu aux amours. Entre-temps, Froissart a rédigé le dernier grand roman arthurien, Meliador, dont il existe deux versions (1365 et 1380). D'une composition très lâche, celui-ci repose sur de multiples aventures entrelacées à une trame principale et des insertions lyriques dues au commanditaire, Wenceslas de Brabant. L'image de la chevalerie est idéalisée, les valeurs anciennes de courtoisie et de prouesse semblant inchangées, même si l'emporte désormais la recherche du bonheur individuel en lieu et place de la quête arthurienne d'autrefois.