Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Banerji (Bibhuti Bhusan)

Écrivain indien de langue bengalie (Kacarapara 1894 – Ghatsila 1950).

Rendant sensible la beauté et la dureté du monde rural, il décrit l'éveil d'une conscience d'artiste (la Complainte du sentier, 1969 ; l'Invaincu, 1932).

Banerji (Manik)

Écrivain indien de langue bengalie (Dumka 1908 – Calcutta 1956).

Mêlant réalisme et imagination, il introduit la vision freudienne dans le roman et la nouvelle bengalie (l'Histoire des marionnettes, 1936 ; le Batelier de la Padma, 1936).

Banerji (Tara Shankar)

Écrivain indien de langue bengalie (Labhpur 1898 – Calcutta 1971).

Romancier et nouvelliste du monde rural, il en évoque les mutations avec sympathie et parfois nostalgie (le Peuple-dieu, 1942 ; Radha au lotus, 1975).

Bang (Herman)

Romancier danois (Adserballe, île d'Als, 1857 – Ogden, Utha, 1912).

Après avoir sans succès tenté une carrière de comédien, il se tourna vers le journalisme. Critique littéraire, il s'intéressa à la littérature moderne, à Zola, aux Goncourt et au naturaliste danois Topsoe, cherchant, au-delà du roman d'analyse et du récit traditionnel, une forme nouvelle de roman objectif et « scénique », où l'auteur, sans laisser deviner sa présence, ferait « voir » action et personnages. Il aboutit ainsi à un roman « impressionniste », proche de l'art de Jonas Lie, et qui évoque aussi bien les tourments dus à son homosexualité que l'atmosphère désillusionnée de la fin du siècle. Races sans espoir (1880), suivi de Phèdre (1883), joue ainsi sur le thème de l'hérédité, familier à Zola et que Bang retrouva dans les Revenants d'Ibsen. Son art s'affine dans Nouvelles excentriques (1885), Existences tranquilles (1886) et Stuc (1887), qui marque avec Tine (1889) un sommet de son œuvre. S'il reste surtout fidèle à l'œuvre brève avec les nouvelles de Sous le joug (1890) et des Quatre Diables (1899), il connaît le succès avec deux romans, Ludvigsbakke (1896) et Mikael (1904). Son dernier récit sera un « roman d'artiste », les Sans-patrie (1906). Il a aussi laissé des Poèmes (1891), des pièces et des articles sur le théâtre (il fut un excellent metteur en scène), ainsi que des ouvrages autobiographiques (Maison blanche, maison grise, 1901).

Bangladesh

Bengale-Oriental jusqu'en 1947, puis Pakistan oriental jusqu'en 1971, le Bangladesh est depuis cette date indépendant. Le bengali est la langue nationale et la population est en grande majorité de confession musulmane. Depuis 1947, la littérature s'est beaucoup développée. En poésie, genre qui jouit d'un très grand prestige, certains s'inspirent de la tradition islamique tandis que d'autres se situent dans la continuité des thèmes et des formes des grands modèles que sont Kazi Nazrul Islam et Rabindranath Tagore. Shamsur Rahman, né en 1928, est le poète le plus apprécié de sa génération. Sayed Ali Hasan, Sayed Shamsul Haq, Nirmalendu Gun, Al-Mamud et Mohammed Moniruzzaman ont acquis une grande notoriété. Les romanciers se tournent volontiers vers les milieux les plus défavorisés qu'ils dépeignent dans une langue proche de la leur. La critique des injustices sociales est très puissante ainsi que celle de l'hypocrisie des religieux. Sayed Waliullah est le plus célèbre des romanciers des années 1970. À sa suite, on peut nommer Abu Ishak, Alauddin Al Azad. Les nouvellistes sont nombreux et le genre a ses maîtres avec Al-Mamud, Sayed Shamsul Haq, Shaokat Osman et Hasan Azizul Hak.

Bänkelsang

Ce terme (de Bänkel, petit banc sur lequel les ménestrels exerçaient leur art devant le châtelain) désigne, en Allemagne, un type de chanson populaire s'inspirant de l'actualité. C'est au XVIIe s. que le Bänkelsang apparaît réellement comme genre : les chanteurs ambulants colportent des histoires contant la vie de criminels. Au XVIIIe s., ces chansons sont considérées comme un art par certains poètes (Gleim, Bürger). Lors de la révolution de 1848, le Bänkelsang devient un moyen de protestation. Sous la république de Weimar, avec le renouveau du Kabarett, cette tradition sera reprise par des auteurs comme Kästner, Döblin, Brecht et Kurt Weill.

Banks (Iain Menzies)

Écrivain écossais (Fife 1954).

Grand expérimentateur de l'écriture romanesque, il joue avec la narration en donnant à ses récits un aspect labyrinthique. Le protagoniste du Pont (1986) est un malade comateux qui part à la découverte de la signification de ses rêves. Banks aime les sujets scabreux : dans son premier roman, le Seigneur des guêpes (1984), le personnage central est un tueur pathologique adolescent qui, dépourvu d'organes génitaux, compense ce manque par une violence extrême, avant de découvrir finalement qu'il est une femme. Banks est également connu pour ses nombreux romans de science-fiction : le cycle intitulé « la Culture » (1987-1990), Contre un arrière-plan sombre (1993), Terrible Engin (1994).

Banks (Russell)

Écrivain américain (Newton, Massachusetts, 1940).

Après des débuts comme éditeur du magazine Lillabulero, Banks enseigna dans diverses universités et notamment à Princeton depuis 1981. Ses romans (de Vie de famille, 1975, à Et ils vécurent heureux, 1992) et ses nouvelles (de À la recherche des survivants, 1975, à Histoires de réussites, 1986) tracent une lignée des complexités postmodernes de ses débuts au semi-réalisme de ses œuvres récentes. Ses expérimentations génériques sur la fable ou la parabole soulignent son souci de situer l'homme par rapport aux traditions. La dérive des continents (1985) est le moment de rupture avec le postmodernisme : une narration limpide de la vie de Bob Dubois vise à susciter « célébration et compassion » dans une vision cynique d'un monde où ne restent que ces émotions premières et l'impossibilité de toute transcendance.

Banti (Lucia Longhi Lopresti, dite Anna)

Écrivain italien (Florence 1895 – Ronchi di Massa 1985).

Son œuvre atteint son apogée lorsqu'elle explore la vie intérieure de personnages féminins, qu'ils soient fictifs ou historiques (Itinéraire de Paolina, 1937 ; le Courage des femmes, 1940 ; Artemisia, 1947 ; les Mouches d'or, 1962 ; Nous y avons cru, 1969 ; les Jardins de Bobboli, 1973). Artemisia, son roman le plus connu,  retrace la biographie romancée du peintre Artemisia Gentileschi (1597-1651). Femme du critique d'art Roberto Longhi, Anna Banti a laissé une œuvre remarquable de traductrice et d'essayiste, surtout dans le domaine de l'histoire de l'art.