Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
Z

Zauberspruch

Ce mot allemand désigne un genre de courts poèmes incantatoires (en français : « charmes ») découverts dans des manuscrits des IXe et Xe siècles (comme les manuscrits dits « de Merseburg » ou « de Lorsch »), mais dont les origines sont beaucoup plus anciennes. Ils étaient censés avoir des effets magiques pour écarter des dangers ou porter remède à toutes sortes de maux. Vestiges des temps païens, les « charmes » ont survécu à la christianisation du pays, le plus souvent en se transformant en « prière » (Segen) invoquant l'aide de Dieu, de la Vierge ou de quelque saint.

Zauberstück (féerie)

Genre dramatique très en vogue sur les scènes allemandes et autrichiennes à la fin du XVIIIe et au début du XIXe s. Ses origines remontent au théâtre baroque. Ces pièces (comédies, tragi-comédies, farces), où des représentants des forces surnaturelles viennent se mêler aux humains et interviennent dans leur destin, ont fait la fortune des théâtres populaires, notamment à Vienne. Certaines, comme le Méchant Vaurien vagabond (1833) de Nestroy, le Roi des Alpes et le misanthrope (1828) ou le Dissipateur (1834) de Raimund, sont encore aujourd'hui au répertoire des théâtres de langue allemande.

Závada (Vilém)

Poète tchèque (Ostrava 1905 – Prague 1982).

Son écriture amère, tragique, frappe par sa mélancolie (Panychide, 1927 ; Sirène, 1930 ; la Tour du château, 1940 ; la Résurrection des morts, 1946). Après 1949, un optimisme de commande ne surmonte pas toujours son pessimisme foncier (Ville lumineuse, 1950 ; Fleurs des champs, 1955 ; Une vie, 1963 ; Au seuil, 1970 ; Merci, la vie, 1977).

Zavattini (Cesare)

Écrivain et cinéaste italien (Luzzara, Reggio Emilia, 1902 – Rome 1989).

Un réalisme humoristique marque ses romans : Les pauvres sont fous (1937), Je suis le diable (1942), Lettre de Cuba. Hypocrite 43 à une femme qui m'a trompé (1955). Essayiste et conteur, il publie Un pays (1955), recueil de photographies de son pays natal, suivi de Comment naît un scénario de cinéma (1959), Cinéparoles (1967). Poète écrivant essentiellement en dialecte émilien, journaliste et critique dramatique, il s'intéresse très tôt au cinéma, écrivant pour A. Blasetti le scénario de Quatre Pas dans les nuages (1942) et devient l'un des plus importants théoriciens du néoréalisme. À partir de 1943 commence avec Les enfants nous regardent une longue collaboration avec V. De Sica, dont il écrit la plupart des scénarios, notamment Sciuscià ; Voleur de bicyclette ; Miracle à Milan ; Umberto D ; Station terminus ; l'Or de Naples, mais aussi La ciociara et Mariage à l'italienne. Zavattini est également l'auteur du scénario de Bellissima, de L. Visconti (1951) et a collaboré, en 1953, à un film-enquête de caractère social, l'Amour à la ville.

Zaydan (Jurji)

Écrivain libanais (Beyrouth 1861 – Le Caire 1914).

Issu d'une famille de condition modeste, il étudia au collège protestant syrien de Beyrouth ; attiré par l'Égypte, il se fixa au Caire, où il créa une imprimerie (Dâr al-Hilal) et la revue al-Hilâl (1892). Grand admirateur de W. Scott et de A. Dumas, il fit paraître dans sa revue, entre 1889 et 1914, vingt-deux romans en feuilletons, inspirés de l'histoire de la civilisation arabo-musulmane. À côté de son œuvre d'historien (Histoire de la civilisation islamique, 1902-1906 ; Histoire de la littérature arabe, 1911-1914), ses romans didactiques et populaires le rendirent célèbre.

Zayyad (Tawfîq)

Poète palestinien (Nazareth 1929-1994).

Incarcéré en 1958 et plusieurs fois depuis, il milita pour la cause de son peuple au sein du parti communiste israélien Rakah, fut élu à la Knesset (1974) et devint maire de Nazareth en 1975. Sa poésie de résistance (J'étreins vos mains, 1969 ; Enterrez vos morts et levez-vous, 1969 ; Paroles de combat, 1970 ; Communistes, 1970 ; Chants de révolte et de colère, 1970 ; Amman en septembre, 1971 ; Captifs de la liberté, et autres poèmes interdits, 1973) puise largement dans le fonds culturel et linguistique populaire palestinien, auquel il a consacré plusieurs études.

Zayyat (Latifa al-)

Romancière égyptienne (Damiette 1924 – 1996).

Romancière et militante, incarcérée à deux reprises, en 1948 et en 1981 (Perquisition, 1992), professeur d'anglais à l'université d'Aïn Shams, elle est l'auteur de nouvelles (Vieillesse, 1986), d'un récit (l'Homme qui apprit son chef d'inculpation, 1991) et d'un roman (la Porte ouverte, 1960) où émancipation féminine et lutte de libération nationale se conjuguent.

Zea (Leopoldo)

Écrivain et philosophe mexicain (Mexico 1912 – id. 2004).

Membre, avec Octavio Paz, du groupe réuni autour de la revue Taller, il consacre ses essais à l'analyse de l'histoire de la littérature et des idées (le Positivisme au Mexique, l'Amérique comme conscience, la Pensée latino-américaine). Il est l'un des intellectuels mexicains qui ont marqué leur temps de leur influence, non seulement dans leur pays, mais dans l'Amérique latine tout entière.

Zeitlin (Aaron)

Écrivain de langue yiddish et hébraïque (Ouvarovitch, Biélorussie, 1898 – New York 1973).

Poète profondément marqué par la Cabale (Metatron, 1922 ; Ombres sur la neige, 1923), ses pièces théâtrales (Jacob Frank, 1929 ; Brenner, 1929 ; Jacob Jacobson, 1931 ; Esterke, 1932, Weizmann II, 1934) expriment aussi, par la tragédie où par la farce, une perception mystique de l'histoire. Se trouvant en Amérique au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale, il y reste, mais toute sa famille périt victime des nazis. Son œuvre d'après 1940 constitue une bouleversante réflexion poétique sur le génocide vu de la perspective de la foi (Chants de destruction et de foi, yiddish, New York, 1967-1970 ; Entre le feu et le salut, hébreu, Tel-Aviv, 1957).

Zelazny (Roger)

Écrivain américain (Cleveland 1937 – Santa Fé 1995).

Déclinant les thèmes démiurgiques chers à Van Vogt – immortalité, pouvoirs psychiques – à travers une œuvre devenue emblématique de la fantasy (Toi l'immortel, 1965 ; le Maître des rêves, 1966 ; Seigneur de lumière, 1967 ; l'Île des morts, 1969), il élabore des univers où la technologie sophistiquée confine à la magie et dans lesquels des êtres humains devenus des dieux imposent aux sociétés qu'ils ont assujetties des structures religieuses copiées sur les mythologies anciennes – égyptiennes ou indiennes le plus souvent. La série des Princes d'Ambre, qui met en scène un univers paraceltique, reste son œuvre majeure (les 9 Princes d'Ambre, 1970 ; les Fusils d'Avalon, 1972 ; le Signe de la licorne, 1975 ; la Main d'Obéron, 1976 ; les Cours du chaos ; les Atouts de la vengeance, 1986 ; le Sang d'Ambre, 1988 ; le Signe du chaos, 1989 ; Chevalier des ombres, 1991 ; Prince du chaos, 1993).