Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
W

Walder (Francis Waldburger, dit Francis)

Écrivain belge de langue française (Ixelles 1906-Paris 1997).

Il met son écriture classique et son intuition des caractères au service du récit historique. Il remporte d'abord le Goncourt, en 1958, avec son roman, Saint-Germain ou la Négociation, subtile analyse psychologique des principaux interlocuteurs des négociations devant mener à la paix de Saint-Germain-en-Laye entre Catherine de Médicis et les protestants (1570). Puis, après Cendre et Or (1959), il revient à l'histoire avec Une lettre de Voiture (1962), évocation d'une délicate mission d'intermédiaire menée par le poète Voiture, sous Louis XIII. On lui doit également des essais (l'Existence profonde, 1953 ; les Saisons de l'esprit, 1955).

Waldrop (Rosmarie)

Poétesse américaine (Kitzingen/Main, Allemagne, 1935).

Avec l'Agressivité de l'inconnu désinvolte (1972), Waldrop, au départ traductrice, commence une carrière poétique dont l'évolution, avec la Reproduction des profils (1987), Mouvements spécifiques (1990) et la Clé du langage de l'Amérique (1994), est un manifeste sur l'épuisement du langage et la nécessité d'aller aux limites du langage, travailler sur l'indicible et l'inconnaissable pour empêcher la sclérose mentale. Aux frontières du vide ou du blanc, dans une problématique inspirée de Wittgenstein et de Derrida, elle inscrit un poème où les mots sont un sous-ensemble du perceptible par la conscience. La connaissance augmente, quand la syntaxe est bousculée, quand le poème devient mathématique, « pure relation » et se libère des conventions du langage.

Walewein

Roman néerlandais du début du XIIIe s. Dû à deux auteurs originaires de Flandre occidentale, il adapte la « matière de Bretagne » dans un style et un esprit originaux : le héros recherche moins le Graal qu'un échiquier magique.

Wali (Shamsuddin Waliullah)
ou Shamsuddin Waliullah Vali

Écrivain indien de langue urdu (Aurangabad 1668 – Delhi 1741).

Soufi inspiré par la poésie persane, il fut le premier poète à employer le mot urdu pour désigner l'idiome parlé au palais de Delhi. La parution de son Diwan (vers 1700) marque le début de la poésie urdu en Inde.

Walid (Ibn Yazid al-)

Calife omeyyade (708 – 744).

Ce prince est un poète né, et reconnu comme tel par nombre d'anthologues, dont Abu al-Faradj al-Isfahani. Se libérant des formes traditionnelles, il annonce les accents nouveaux qui vont bientôt se développer dans l'Iraq citadin.

Waller (Maurice Warlomont, dit Max)

Écrivain belge de langue française (Bruxelles 1860 – Saint-Gillis 1889).

Il fonda et dirigea la Jeune Belgique, contribution majeure au renouveau littéraire belge de 1880. Il fut l'auteur de quelques brefs récits (le Baiser, 1883 ; Daisy, 1892), de pièces (Jeanne Bijou, 1886) et d'un recueil de vers (la Flûte à Siebel, 1891) plus proche de Cros ou de Laforgue, par le ton badin ou sarcastique, que du Parnasse dont il fut pourtant l'ardent défenseur.

Walpole (Horace)

Comte d'Orford, écrivain anglais (Londres 1717 – id. 1797).

Fils du Premier ministre Robert Walpole, ami de Thomas Gray, son condisciple à Eton, avec qui il voyagea en France et en Italie (1739-1741), il se consacra après des désillusions politiques (il abandonna le Parlement en 1768) aux arts et à la littérature. Il inspira à Mme du Deffand une passion de vieillesse, qui est à l'origine d'une admirable correspondance. Esthète, il concrétisa sa passion pour le gothique, caractéristique du préromantisme, en construisant un château dans ce style dans sa propriété de Strawberry Hill, à Twickenham. Pionnier du renouveau « gothique » et des jardins à l'anglaise, il donna avec ses Doutes historiques sur la vie et le règne de Richard III (1768) un nouveau style à l'histoire. Son œuvre se partage entre des poèmes et des pièces de théâtre, Fugitive Pieces in Verse and Prose (1758), The Mysterious Mother (1768), tragédie de l'inceste dans un cadre médiéval, et des travaux d'histoire de l'art ou du goût, Catalogue of Royal and Noble Authors (1758), Anecdotes of Painting in England (1762-1771), A Catalogue of Engravers who have been born or lived in England (1763). Mais c'est grâce à un seul récit, le Château d'Otrante (1764), qu'il appartient à l'histoire littéraire. Il donne là le prototype du roman noir et en définit les thèmes quasi invariables : surnaturel, cadre italien, souterrains, crimes passionnels, victime persécutée, en même temps qu'il transpose, dans des images et un argument littéraires, le gothique de Strawberry Hill. Malgré l'absence de profondeur psychologique et le caractère un peu laborieux du fantastique, le roman, perçu comme manifeste antirationaliste, rencontra un vif succès et lança un genre.

Walravens (Jan)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Anderlecht 1920-Grainheim, près de Bruxelles, 1965).

Journaliste au Het Laatste Nieuws, à Tijd en Mens et à De Vlaamse Gids, il témoigna de son intérêt pour les rapports entre la littérature et les arts plastiques. Influencé par l'existentialisme, il place les personnages de ses romans dans des situations limites qui provoquent des comportements qu'il observe avec une froideur d'entomologiste (Immobile devant la mer, 1951 ; Négatif, 1958). Jan Biorix (1965) compose un bilan autobiographique.

Walser (Martin)

Écrivain allemand (Wasserburg, Wurtemberg, 1927).

Dans ses premiers textes (Histoires pour mentir, 1955), on sent encore l'influence de Kafka, mais Walser trouve rapidement sa manière avec Quadrille à Philippsbourg (1957) et surtout avec la trilogie Mi-temps (1960), la Licorne (1966) et la Chute (1973) : réalisme psychologique, radioscopie de la vie quotidienne, mélange de récit objectif et de monologues intérieurs. Tous les « héros » de Walser souffrent de la société. Qu'ils soient salariés ou indépendants, représentants de commerce ou cadres, chauffeurs ou écrivains, ils doivent réussir, maintenir leur statut social. Écartelés par les rôles qu'ils sont obligés de tenir, ils perdent leur personnalité, se trouvent mutilés, aliénés et révèlent leur inconsistance. Ils mettent au point des « stratégies de survie » mais arrivent rarement à éviter la catastrophe. Selon Walser, la littérature doit contribuer à une prise de conscience, mais non proposer des explications et montrer des issues (Ressac, 1985). Au théâtre, Walser a connu des succès avec des pièces sur les séquelles du nazisme (Chêne et lapins angoras, 1962 ; le Cygne noir, 1964) ou sur les problèmes du couple (le Crochet, 1961 ; Bataille en chambre, 1967), ainsi qu'avec une parabole politique grotesque (Monsieur Krott, plus grand que nature, 1963). On retrouve dans ses pièces le même pessimisme que dans ses romans ; ce regard se teinte d'humour et de compassion dans ses essais sur la littérature (Déclarations d'amour, 1983).