Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Audoux (Marguerite)

Romancière française (Sancoins 1863 – Saint-Raphaël 1937).

Enfant abandonnée, fille de ferme puis couturière à Paris, elle écrivit son autobiographie Marie-Claire (1910), « roman prolétarien » (H. Poulaille), qui obtint le prix Femina. Elle publia ensuite l'Atelier de Marie-Claire (1920), des contes (la Fiancée, 1932) et des romans.

Audubon (John James)

Naturaliste et écrivain américain (Saint-Domingue 1785 – New York 1851).

Outre ses travaux d'ornithologie (les Oiseaux d'Amérique, 1837-1838) et ses nombreux dessins, il a laissé un journal, partiellement édité (Caractéristiques du paysage et de l'homme américains, 1926 ; Journal de John James Audubon, écrit lors de son voyage à la Nouvelle-Orléans en 1820-1821, 1929), remarquable source d'informations sur les Indiens et les pionniers américains.

Auerbach (Erich)

Critique américain d'origine allemande (Berlin 1892 – Wallingford, Connecticut, 1957).

Professeur à Marburg, destitué par les nazis (1935), il émigra aux États-Unis. Outre des travaux sur Dante, sur l'influence littéraire du symbolisme chrétien, la littérature latine médiévale, la littérature française, il a publié Mimesis, la représentation de la réalité dans la littérature occidentale (1946) et le Language littéraire et son public dans l'Antiquité tardive et au Moyen Âge (1958). Par des typologies rigoureuses, il construit une analyse relativiste et dialectique, qui souligne la nature transhistorique de l'œuvre. Sa conception du réalisme est à la fois perception concrète de la réalité politique, sociale, et sentiment tragique de l'existence. Il met en question la théorie classique des niveaux en montrant l'intimité entre réel et sentiment tragique, entre réalité quotidienne et grandeur. Auerbach se fait ainsi l'historien de la déflation du sublime et l'apologiste de la magnificence de l'homme commun.

Auerbach (Moses Baruch, dit Berthold)

Écrivain allemand (Nordstetten 1812 – Cannes 1882).

Issu d'une famille de commerçants juifs de Forêt-Noire, il étudia la théologie hébraïque, le droit et la philosophie. Ses premières publications (Frédéric le Grand, 1824 ; Spinoza, 1837), destinées au grand public, traduisent son double attachement à la patrie allemande et au peuple juif. Ses cinq volumes de nouvelles villageoises (Contes villageois de la Forêt-Noire, 1843-1876) et le roman la Petite Jeune Fille aux pieds nus (1856), inspirés par la nostalgie du pays natal et alliant coloris régionaliste, observation réaliste et clichés sentimentaux, lui apportèrent un succès triomphal.

Aufklärung

Ce terme désigne le siècle des Lumières en Allemagne. Fortement influencé par le mouvement philosophique en Angleterre (Shaftesbury, Berkeley, Hume) et en France (Bayle, dont le Dictionnaire historique et critique a été traduit en allemand par Gottsched, Fontenelle, l'abbé du Bos, Voltaire, Montesquieu, Rousseau, les Encyclopédistes et les Physiocrates), il est cependant plus tardif, le terme d'Aufklärung ne devenant d'un emploi courant que dans la deuxième moitié du XVIIIe s. Mouvement rationaliste d'émancipation de l'homme, l'Aufklärung se rattache par de nombreux aspects à l'humanisme de la Renaissance. Ses précurseurs du siècle précédent sont Descartes, Bacon, Newton, Hobbes, Locke, Spinoza, Leibniz. En Allemagne, l'Aufklärung se développe en relation souvent contradictoire avec le piétisme et en liaison avec le succès rapide de la franc-maçonnerie. Par rapport à la période baroque, l'Aufklärung représente une rupture radicale : c'est à cette époque que s'affirment la revendication d'une philosophie distincte de la théologie et la conception d'une « religion naturelle » débarrassée des dogmes et fondée sur la tolérance. Les trois éléments fondamentaux de ce mouvement sont la nature, l'homme et la raison. Dans un texte célèbre, Kant définit en 1784 l'Aufklärung comme « l'effort de l'homme pour sortir de l'immaturité dont il est lui-même responsable. » L'Aufklärung exprime en même temps les idées de la bourgeoisie allemande montante, son exigence de liberté individuelle et de démocratie, son hostilité au système féodal, le rôle éminent qu'elle attribue aux nouvelles formes de l'économie, sa revendication d'un État fondé sur le droit. Plus que d'un bouleversement global de la société, l'Aufklärung attend beaucoup de l'éducation des hommes. Son optimisme social se fonde sur la croyance dans le progrès et dans la science, et sur le culte de la vertu.

   La première phase de l'Aufklärung est marquée par Christian Thomasius, Christian Wolff, vulgarisateur de la pensée de Leibniz, et surtout Johann C. Gottsched (1700-1766). Traducteur, fondateur de nombreuses revues, pédagogue, auteur de manuels d'enseignement, codificateur de la littérature, Gottsched entreprit de réformer le théâtre allemand : bannissant ses formes populaires, il propose en exemples Aristote et le théâtre français du XVIIIe s. Dans une deuxième phase, l'Aufklärung s'ouvre à de nouvelles idées. Les Suisses Bodmer et Breitinger, à la différence de Gottsched, imaginent un théâtre national inspiré non plus de l'exemple français, mais du modèle anglais. Au rationalisme épris de règles de Gottsched, ils substituent une conception faisant une large part à l'imagination et à l'enthousiasme. La dernière phase est dominée par les figures de Lessing (1729-1781), Wieland (1733-1813) et Klopstock (1724-1803). Lessing défend les idées typiques de l'Aufklärung (respect de l'homme, tolérance, rôle de la raison) et s'efforce, en théorie comme en pratique, de fonder un théâtre national allemand. Wieland propose une vision aimablement ironique du monde. Klopstock enfin illustre sa conception d'une poésie considérée non comme un simple divertissement, mais comme une activité essentielle de l'homme.

Auger (Louis-Simon)

Écrivain français (Paris 1772 – Meulan 1829).

Secrétaire perpétuel (1826) de l'Académie française, après avoir été bureaucrate et journaliste, il a chanté les divers régimes en représentant le courant réactionnaire ; antiromantique, il s'est fait l'exorciste de la « secte impie », pourfendant en un célèbre Discours (1824) tout à la fois les pernicieuses influences des « barbares » étrangers et l'amoralité de la nouvelle école. Il doit pourtant sa postérité à Stendhal, qui le caricature dans Racine et Shakespeare.