Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Milutinovic-Sarajlija (Sima)

Poète d'expression serbo-croate (Sarajevo 1791 – Belgrade 1847).

Par ses œuvres (Chants du Monténégro et d'Herzégovine, 1833 ; la Serbiade, 1826), ce grand patriote et visionnaire a exercé une grande influence sur toute une génération de poètes, en particulier sur Njegos, dont il fut en temps le précepteur.

Mimouni (Rachid)

Écrivain algérien de langue française (Boudouaou 1945 – Paris 1995).

Ses romans (Le printemps n'en sera que plus beau, 1978 ; le Fleuve détourné, 1982 ; Une paix à vivre, 1983 ; Tombéza, 1984 ; l'Honneur de la tribu, 1989 ; la Malédiction, 1993) ou ses nouvelles (la Ceinture de l'ogresse, 1990), d'abord influencés par le modèle de Kateb, développent une critique très dure de la corruption des cadres de son pays, où la recherche littéraire des débuts est progressivement rattrapée par l'horreur d'un quotidien que l'auteur, après la publication de son essai De la barbarie en général et de l'intégrisme en particulier (1992), va être obligé de fuir. Il s'installe au Maroc, où il tient jusqu'à sa mort une chronique radiophonique d'une rare lucidité (Chroniques de Tanger, 1995).

Mina (Hanna)

Écrivain syrien (Lattaquié 1924).

Autodidacte, il exerça plusieurs métiers (vendeur, coiffeur). Emprisonné durant la Seconde Guerre mondiale pour ses activités nationalistes, il collabora au journal al-Inchâ' à Damas avant d'en devenir le rédacteur en chef (1947). Il contribua à la création de l'Association des écrivains syriens, puis de l'Association des écrivains arabes. Son œuvre est celle d'un romancier réaliste engagé, attaché à décrire l'univers des ports syriens et de la mer (les Lampes camouflées, 1954 ; la Voile et la Tempête, 1966 ; l'Ancre, 1975 ; Histoire de marin, 1981 à 1983), les métiers traditionnels, la misère du petit peuple ou l'isolement du héros révolutionnaire (La neige entre par la fenêtre, 1969 ; Du soleil à travers les nuages, 1978). Images résiduelles (1975) et l'Étang (1977), à résonance autobiographique, sont marqués par son admiration pour Gorki.

Minco (Marga)

Romancière hollandaise (Ginneken 1920).

Son œuvre évoque le drame des familles juives à travers les persécutions de la Seconde Guerre mondiale (les Herbes amères, 1957 ; Une maison vide, 1966). On lui doit aussi des nouvelles (De l'autre côté, 1959 ; la Chute, 1983) et des livres pour enfants.

Minkov (Svetoslav Konstantinov)

Écrivain bulgare (Radomir 1902 – Sofia 1966).

Marquée à ses débuts par l'influence du romantisme allemand, son œuvre, de tonalité satirique, témoigne d'un goût très net pour l'étrange et un jeu d'imagination où le fantastique et le sens de l'observation sont étroitement mêlés. Le grotesque est pour lui un moyen de dénoncer la trivialité quotidienne et la dépersonnalisation de l'homme dans une époque dominée par le progrès technique et les jouissances matérielles (le Jeu des ombres, 1928 ; la Maison près du dernier réverbère, 1931 ; Automates, 1932).

minnesang

Terme désignant la poésie lyrique courtoise allemande des XIIe et XIIIe s., plus précisément la poésie d'amour (Minne : amour). Apparu en Allemagne du Sud vers le milieu du XIIe s, le Minnesang connaît son apogée autour de 1180-1230 dans le domaine austro-bavarois, en Souabe, en Suisse, en Rhénanie et en Thuringe. L'influence des troubadours provençaux est décisive. Apanage de l'aristocratie, cette poésie s'écrit et se chante dans les cours princières et seigneuriales.

   Le Minnesang reproduit le code moral de la société chevaleresque. Le service de la Dame y est une véritable religion, avec ses rites et ses interdits. Liée à un code très strict, cette poésie tombe rapidement dans le stéréotype, même chez les grands classiques comme Reinmar, Heinrich von Morungen, Wolfram von Eschenbach, Hartmann von Aue, Hendrik Van Veldeke. Walther von der Vogelweide, qui marque l'apogée du Minnesang, cultive toutes les formes lyriques, de la chanson d'amour au poème politique ou didactique (Spruchdichtung) et chante l'amour de la Dame comme celui de la bergère. Après lui, le genre est poussé parfois jusqu'au maniérisme – Konrad von Wurzbourg (1220-1287) et Ulrich von Lichtenstein (1198-1276) –, ou jusqu'à la parodie – Steinmar von Klingnau (1251-1293), Tannhäuser (1205-1267). Neidhart von Reuental chante les amours villageoises avec beaucoup de réalisme. Après 1300, le Minnesang se survit à lui-même avec Heinrich von Meissen, dit Frauenlob, puis vers 1400 avec Oswald von Wolkenstein et Hugues de Montfort (1357-1423).

Minstrel show

Forme dramatique qui se développe aux États-Unis, durant le XIXe siècle. Ce spectacle, à base d'art populaire nègre, comique ou larmoyant, est mis en scène par des acteurs blancs qui se maquillent le visage au liège carbonisé et jouent le rôle de Noirs ridicules. Après le populaire Thomas Dartmouth Rice (créateur de Jim Crow), les troupes les plus célèbres dans le genre furent les Virginia Minstrels et les Christy Minstrels. Le Minstrel show est caricature du Noir et le terme de « Jim Crow » est resté pour qualifier le racisme des Blancs.

Minucius Felix (Marcus)

Écrivain latin (IIe-IIIe s.).

Originaire de Numidie, il fut avocat à Rome et, devenu chrétien, composa sous forme dialoguée l'une des premières apologies de la nouvelle religion, l'Octavius. Le païen Caecilius Natalis et le chrétien Octavius, tous deux amis de l'auteur, s'y affrontent courtoisement, et à la fin le premier s'incline devant l'argumentation du second. L'œuvre se signale par l'élégance du style et la sérénité amicale du débat.

Minulescu (Ion)

Écrivain roumain (Bucarest 1881 – id. 1944).

Se réclamant du symbolisme, il aborde dans ses poèmes les grands thèmes de la vie et de l'amour (Romances pour plus tard, 1908 ; Je ne suis pas celui que vous croyez, 1936). Virtuose des rimes insolites et de la musicalité, il mélange le ton déclamatoire avec l'ironie et le ludisme. Ses proses (la Maison aux vitres orangées, 1908 ; Rouge, jaune et bleu, 1924), et ses pièces de théâtre (Allegro ma non troppo, 1927 ; l'Amant anonyme, 1928) sont d'une facture similaire.