Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MATTHAU (Walter Matuschanskavasky, dit Walter)

acteur américain (New York, N. Y., 1920 - Santa Monica, Ca., 2000).

Né dans un milieu extrêmement pauvre d'émigrants, il joue de petits rôles au théâtre et réussit enfin à faire des études. Il débarque à Broadway après la guerre, s'y fait une place, et sa carrière, à partir de 1950, se partage entre la scène et l'écran. Ses premiers rôles à Hollywood semblent le cantonner dans des emplois antipathiques (l'Homme du Kentucky, B. Lancaster, 1955 ; Derrière le miroir, N. Ray, 1956 ; Un homme dans la foule, E. Kazan, 1957 ; Charade, S. Donen, 1963) suggérés sans doute par le rictus qui habite en permanence son visage. En 1960, il dirige et joue un film à petit budget, Gangster Story, qui ne le tire pas de l'ornière. Mais il bénéficie de ses succès à la scène et se voit engagé dans des comédies où sa méchanceté fait merveille : Un, deux, trois, B. Wilder (1961), puis la Grande Combine (id., 1966), qui lui vaut un Oscar. Wilder fera encore appel à lui, opposé à Jack Lemmon, pour Spéciale première (1974) et Buddy Buddy (1981). Par ailleurs, variant son jeu, Matthau interprète avec un soin égal des personnages traditionnels du Boulevard (California Hotel, H. Ross, 1978) ou un aventurier toujours plus prévoyant et plus intelligent que ceux qui le poursuivent (Tuez Charley Varrick, D. Siegel, 1973). Sa carrière ressemble beaucoup à celle de son ami Jack Lemmon. Dans les années 80, il se fait plaisir en travaillant avec des cinéastes originaux, qu'il s'agisse du rôle principal (le tonitruant héros de Pirates, Roman Polanski, 1985 ; le diable en personne dans le Petit Diable, R. Benigni, 1989) ou d'un drôle de complément (JFK, O. Stone, 1991). De toute manière, il ne se départit jamais de son humour ravageur ni de sa virtuosité à suggérer la sournoiserie.

Autres films :

Hello Dolly ! (G. Kelly, 1969) ; Kotch (J. Lemmon, 1971) ; Peter et Tillie (M. Ritt, 1972) ; The Sunshine Boys (Ross, 1975) ; The Bad News Bears (M. Ritchie, 1976) ; Jeux d'espions (R. Neame, 1980) ; First Monday in October (id., 1981) ; I Ought to Be in Pictures (Ross, 1982) ; The Couch Trip (M. Ritchie, 1988) ; le Petit Diable (R. Benigni, 1989) ; l'Amour en équation (F. Schepisi, 1995), Raccroche !, (D. Keaton, 2000).

MATTHEWS (Jessie)

actrice et danseuse britannique (Londres 1907 - id. 1981).

La popularité de Jessie Matthews en Grande-Bretagne fut immense. Sa grâce innée de danseuse (d'origine pauvre, elle ne suivit aucun cours) l'avait fait surnommer « la divinité dansante ». De la fin des années 20 à sa mort, elle resta l'une des figures les plus éminentes et les plus aimées du théâtre musical anglais. Elle s'était essayée au muet, mais c'est le parlant, avec ses films musicaux, qui aurait pu l'amener à donner la pleine mesure de sa personne. Hélas, sa rencontre avec le cinéma ressemble fort à un rendez-vous manqué. On retiendra sa prestation froufroutante dans un Hitchcock atypique, le Chant du Danube (1934), et, la même année dans son plus grand titre de gloire, Evergreen (V. Saville), ambitieux essai de musical à l'américaine avec des chansons de Richard Rogers et Lorenz Hart et de bons moments de danse (Dancing on the Ceiling). Il y a peu de chose à retenir de la vingtaine de films qu'elle tourna. On regrettera cependant qu'elle ait refusé au dernier moment d'être la partenaire de Fred Astaire dans Demoiselle en détresse (G. Stevens, 1937), qui avait été préparé pour elle. Sa dernière participation à un film date de 1980.

MATTOLI (Mario)

cinéaste italien (Tolentino 1898 - Rome 1980).

Créateur de la compagnie Za-Bum qu'il dirige de 1928 à 1934, Mattoli fait ses débuts au cinéma en 1934 avec Tempo Massimo en adaptant à l'écran ses succès du théâtre de revues. Cinéaste d'une grande prolixité (on lui doit près de 70 films), Mattoli s'est surtout spécialisé dans la comédie et le film comique, dirigeant tour à tour Vittorio De Sica, Armando Falconi, Macario, Aldo Fabrizi, Carlo Campanini, Walter Chiari, Alberto Sordi, Peppino De Filippo, Ugo Tognazzi et surtout Totò, dont il est un des metteurs en scène attitrés et avec lequel il réalise quelques-uns de ses meilleurs films (Fifa e arena, 1948 ; Totò al giro d'Italia, id. ; Totò Tarzan, 1950 ; Un turco napoletano, 1953 ; Totò misère et noblesse [Miseria e nobiltà], 1954 ; Il medico dei pazzi, id. — ces trois derniers films inspirés de comédies d'Eduardo Scarpetta ; Sua Eccellenza si fermò a mangiare, 1961). Également à l'aise dans le mélodrame (La damigella di Bard, 1936 ; Lumières dans les ténèbres [Luce nelle tenebre], 1941 ; Chaînes invisibles [Catene invisibili], 1942 ; Labbra serate, 1943 ; Stasera niente di nuovo, id. ; Assunta Spina, 1949,  : 1947), il donne à des comédiennes comme Emma Gramatica, Alida Valli ou Anna Magnani quelques-uns de leurs plus beaux rôles.

MATTSSON (Arne)

cinéaste suédois (Uppsala 1919).

Le cinéma scandinave fit une rentrée remarquée sur le marché international en 1951, sans doute grâce à Mademoiselle Julie d'Alf Sjöberg, mais aussi grâce à Elle n'a dansé qu'un seul été (Hon dansade en sommar), dont la scène d'amour au bord du lac entouré de roseaux devait compter dans la (petite) histoire du cinéma. Mattsson, l'auteur de ce film érotique (du moins apparaît-il ainsi à l'époque) qui produit l'effet d'une bombe, avait fait ses premières armes dans l'industrie cinématographique comme assistant de Per Lindberg et en signant en 1942 un court métrage le Régiment de Halland (Hallands regemente). Neuf ans plus tard, il avait déjà signé quinze longs métrages, dont l'Œuf pourri (Rötägg, 1946) et Printemps dangereux (Farlig v˙ar, 1949). À la vérité, Elle n'a dansé qu'un seul été est une œuvrette plutôt racoleuse et, si Mattsson mérite une place au palmarès du cinéma scandinave, c'est grâce à trois films ultérieurs : le Pain de l'amour (Kärlekens bröd, 1953), qui traite de la guerre opposant en 1939 l'URSS et la Finlande ; Salka Valka (1954), d'après un roman de Halldor Laxness dépeignant une communauté de rudes et robustes pêcheurs, et les Gens de Hemsö (Hemsöborna, 1955), qui retrouvait le ton savoureux et la sinistre allégresse du roman de Strindberg fondé sur la vie des habitants de l'archipel de Stockholm.