Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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JABOR (Arnaldo)

cinéaste brésilien (Rio de Janeiro 1940).

Venant du théâtre, il aborde le cinéma par le biais du documentaire, comme d'autres réalisateurs du Cinema Novo. Mais les thèmes de ses films révèlent d'emblée des préoccupations personnelles. Le court métrage O Circo (1965) recherche les origines d'une tradition populaire dans le cirque, en voie de disparition. Dans le long métrage Opinião Pública (1967), la sociologie rejoint la « psychologie des foules ». Avec Pindorama (1970), il passe à la fiction et réalise l'une des œuvres les plus échevelées de l'apogée du « tropicalisme ». Dans un décor entièrement fabriqué, il relie le passé colonial et la projection utopique par l'allégorie. C'est avec métier, parfois même avec brio, que Jabor porte à l'écran une pièce de Nelson Rodrigues (le Tennessee Williams carioca), Toute nudité sera châtiée (Toda Nudez Será Castigada, 1973), comédie pourfendant l'hypocrisie morale et sexuelle de la bourgeoisie. La tentative de rééditer ce succès à partir d'un roman du même auteur n'aboutit qu'à un film peu convaincant (O Casamento, 1975). C'est sur un scénario original qu'il réussit son œuvre la plus ambitieuse (Tudo Bem, 1978), film décapant, confrontant mysticisme populaire et aliénations bourgeoises, frustrations d'hier et rêves d'aujourd'hui, non sans alacrité. Sur un ton plus intime et dans le huis clos d'un lieu presque unique, il signe, avec Eu Te Amo (1980), une comédie au ton pourtant parodique, où un homme et une femme s'adonnent aux jeux de l'amour et à celui de la vérité. Émotion et distance, ironie et lucidité sont au rendez-vous de ces films d'un cinéaste imbu de culture théâtrale et psychanalytique qui persiste avec Eu Sei Que Vou Te Amar (1985). Ensuite, en attendant que le cinéma brésilien surmonte sa crise, Jabor se consacre au journalisme avec une verve remarquable.

JACKSON (Glenda)

actrice britannique (Birkenhead 1936).

Ancienne élève de l'Académie royale d'art dramatique, elle entre, en 1964, à la Royal Shakespeare Company et attire l'attention par sa manière toute personnelle d'interpréter le personnage d'Ophélie dans Hamlet, sur la scène de Stratford-upon-Avon. Peter Brook l'engage au sein du groupe expérimental qu'il a créé sous le nom de Theatre of Cruelty. Sa performance, dans le rôle de Charlotte Corday de The Persecution and Assassination of Jean-Paul Marat as Performed by the Inmates of the Asylum of Charenton Under the Direction of the Marquis De Sade, fait sensation aussi bien en Grande-Bretagne qu'aux États-Unis, où elle reçoit le Variety Poll (qui distingue l'actrice débutante la plus douée). Elle paraît à l'écran dans une transposition de cette pièce. En 1970, elle obtient un Oscar pour sa remarquable interprétation de Gudrun dans Love. Trois ans plus tard, la même distinction lui est attribuée pour Une maîtresse dans les bras... une femme sur le dos. Son personnage d'Antonina Milyukova dans Music Lovers, biographie de Tchaïkovski librement filmée par Ken Russell, lui apporte une éblouissante consécration. Glenda Jackson est alors devenue l'une des plus grandes actrices britanniques, aussi bien au théâtre qu'au cinéma. Très à l'aise pour jouer les grandes dames historiques (la reine Élisabeth dans Marie Stuart, reine d'Écosse, lady Hamilton dans Bequest to the Nation, ou Sarah Bernhardt dans Incroyable Sarah), elle a pourtant trouvé ses meilleurs rôles dans des contextes plus réalistes (Un dimanche comme les autres, Triple Écho, Une Anglaise romantique), où peut jouer son tempérament mobile, servi par une féminité sans mièvrerie, parfois, au contraire, âpre et animale, presque toujours émouvante.

Films  :

le Prix d'un homme (L. Anderson, 1963) ; Marat-Sade (P. Brook, 1967) ; Tell Me Lies (id., 1968) ; Negatives (Peter Medak, id.) ; Love (K. Russell, 1969) ; Music Lovers / la Symphonie pathétique (K. Russell, 1971) ; Un dimanche comme les autres (J. Schlesinger, id.) ; Marie Stuart, reine d'Écosse (Ch. Jarrott, id.) ; The Boy Friend (K. Russell, id.) ; Bury Me in My Boots (M. Zetterling, id.) ; Triple Écho (M. Apted, 1973) ; Une maîtresse dans les bras... une femme sur le dos (M. Frank, id.) ; Bequest to the Nation (James Cellan Jones, id.) ; Il sorriso del grande tentatore (D. Damiani, 1974) ; les Bonnes (Ch. Miles, 1975) ; Une Anglaise romantique (J. Losey, id.) ; Hedda (Trevor Nunn, id.) ; Drôles de manières (Nasty Habits, Michael Lindsay-Hogg, 1976) ; Incroyable Sarah (R. Fleischer, id.) ; The Class of Miss MacMichael (S. Narizzano, 1978) ; Stevie (Robert Enders, id.) ; House Calls (H. Zieff, id.) ; Lost and Found (M. Frank, 1979) ; Health (R. Altman, id.) ; Jeux d'espions (R. Neame, 1980) ; le Retour du soldat (A. Bridges, 1982) ; Sakharov (Jack Gold, 1984) ; Turtle (Turtle Diary, John Irvin, 1985) ; Beyond Therapy (id., R. Altman, 1987) ; Salome's Last Dance (K. Russell, 1988) ; Business as Usual (Lezli-An Barrett, id.) ; Doombeach (Colin Finbow, 1990) ; King of the Wind (Peter Duffell, id.).

JACKSON (Pat)

cinéaste britannique (Londres 1916).

Fortement influencé par les options esthétiques de John Grierson, chef de file de l'école documentariste anglaise, il se rend célèbre par Western Approaches (1944), long métrage semi-documentaire en Technicolor. Il tourne ensuite : The Shadow on the Wall (1948 ; US) ; Encore (1951 ; CO : H. French et Anthony Pelissier) ; White Corridors (1951) ; Something Money Can't Buy (1952) ; The Feminine Touch (1956) ; The Birthday Present (1957) ; Virgin Island (1958) ; Snowball (1960) ; What a Carve Up ! (1961) ; Seven Keys (1962) ; Don't Talk to Strange Men (id.) ; Seventy Deadly Pills (1964) ; Dead End Creek (id.).

JACKSON (Samuel L.)

acteur américain (Washington, D.C., 1948).

Ce sont les films de Spike Lee qui ont révélé cet acteur au regard puissant aimant à composer le pittoresque extérieur de ses personnages (Do the Right Thing, 1989 ; Mo' Better Blues, 1990 ; Jungle Fever, 1991). Si Spielberg et quelques autres ont confirmé la solidité de son talent (Jurassic Park, 1993), c'est Quentin Tarentino qui a su le mieux tirer parti de son exubérance et de son panache. Dans Pulp Fiction (1994), Jackson crée avec John Travolta un mémorable duo de tueurs à la fois terrifiants et calamiteux. Dans Jackie Brown (1998), il est à nouveau un malfrat flamboyant (sa barbiche est célèbre) qui rudoie son acolyte, un Robert De Niro abruti. Dans Incassable (Unbreakable, M. Night Shyamalan, 2000), il compose un étrange personnage d'esthète de la bande dessinée, claudiquant, sanglé dans le cuir noir, et les cheveux coiffés en coup de vent.