acteur et cinéaste franco-hongrois (Budapest 1938).

Hongrois réfugié en France en 1956, il fait quelques apparitions dans des films de la Nouvelle Vague, en particulier chez Chabrol et Godard, dont la plus remarquable figure dans À double tour (Chabrol, 1959). C'est le début d'une série d'interprétations de personnages secondaires volubiles, déplacés, marginaux – ou encore espions et policiers... À partir de 1969, il tourne en Hongrie sous la direction de Jancso, Livia Gyarmathy, Rosza, Marta Meszaros (Adoption, 1975). Il interprète magistralement le rôle principal de Cher Voisin (Zsolt Kézdi-Kovács, 1979) et de Mr. Universe tourné aux États-Unis par György Szomjas (1988). En France, où il continuera de jouer les comparses, il écrit et réalise les Gants blancs du diable (1972), un film dans l'esprit de la Nouvelle Vague, un policier distancié et truffé de références cinéphiles ; le regard ironique et l'humour de l'auteur se retrouvent dans sa deuxième œuvre, une comédie brillante avec Catherine Deneuve et Bernadette Lafont : Zig zig (1974). Il lui faudra attendre 1986 pour réaliser – en coproduction franco-hongroise – David, Thomas et les autres, une chronique à la fois tendre et cruelle.

cinéaste hongrois (Budapest 1899 - Palm Springs, Ca., États-Unis, 1979).

Journaliste, il est pendant les années 20 correspondant à Berlin, puis s'intéresse au cinéma, écrit des scénarios et devient réalisateur en Autriche et en Allemagne. Il est rappelé dans son pays afin de faire bénéficier de sa connaissance technique les jeunes metteurs en scène. Pendant huit ans, il va réaliser lui-même 24 films, dont Hyppolite le laquais (Hyppolit, a lakáj, 1931) qui rencontre un grand succès populaire et demeure la première œuvre importante du cinéma parlant en Hongrie. Comédies légères et aventures en tout genre, plus ou moins démarquées des productions germaniques voisines, se succèdent jusqu'en 1938, date à laquelle la montée du fascisme l'oblige à quitter son pays en compagnie de sa femme, la comédienne Irén Agay. Il s'installe à Hollywood, prend le nom de Steve Sekely et tourne de nombreuses séries B à petit budget (Revenge of the Zombies, 1943 ; Waterfront, 1944 ; Lady in the Death House, id. ; Amazon Quest, 1949 ; The Days of the Triffids, 1963). Il est très actif également à la télévision. En 1972, il réapparaît en Hongrie pour tourner le remake d'un de ses grands triomphes des années 30 : ‘ Celle qui aimait les fleurs lilas ’ (Lila ákác, 1^re version, 1934 ; 2^e version, 1972). Il avait également tourné une version française (avec Roland Toutain) et une version hongroise (Repulo arany) de Rouletabille aviateur, en 1932, et, en Italie, associé à Gianni Vernuccio, La peccatrice del deserto (1959 [RÉ 1955]).

acteur hongrois (Tápiósáp 1925 - Budapest 1989).

Interprétant le rôle de József Góz, le paysan pauvre qui lutte, avant-guerre, pour son droit à la terre et à la vie dans Un lopin de terre (F. Bán, 1948), Szirtes est déjà une vedette de l'écran quand il achève ses études à l'École supérieure du théâtre et du cinéma, en 1950. La carrière de cet acteur d'origine paysanne, impensable avant 1945, est habilement exploitée par le régime stalinien, comme dans le cas d'I^mre Soós. Il n'empêche : Szirtes est, à la scène comme à l'écran, capable de jouer, sur un registre étonnamment varié, paysans, soldats ou fonctionnaires d'origine paysanne, sans pour autant s'enfermer dans des rôles en rapport avec ses origines.

Principaux films :

Un lopin de terre (F. Bán, 1948) ; ‘ la Naissance de Simon Menyhért ’ (Zoltan Várkonyi et K. Makk, 1954) ; ‘ Georges Dandin ’ (Várkonyi, id.) ; ‘ l'Accident ’ (Gázolás, Viktor Gertler, 1955) ; Un petit carrousel de fête (Z. Fábri, id.) ; l'Amère Vérité (Várkonyi, 1956, interdit) ; Un amour du dimanche (I. Fehér, 1957) ; la Maison au pied du roc (Makk, 1958) ; la Brigade n^o 39 (id., 1959) ; ‘ En rodage ’ (F. Máriássy, 1960) ; ‘ Musique militaire ’ (Katonazene, Endre Marton, 1961) ; ‘ les Obsédés ’ (Makk, 1962) ; Vingt Heures (Fábri, 1964) ; Jours glacés (A. Kovács, 1966) ; le Sac (P. Zolnay, id.) ; Cati (M. Mészáros, 1968) ; Une nuit de folie (F. Kardos, 1969) ; le Visage (Zolnay, 1970) ; Zone tempérée (Z. Kézdi-Kovács, id.) ; la Petite de l'assistance (L. Ranódy, 1976) ; Just Like America (P. Gothár, 1987).

cinéaste hongrois (Budapest 1940).

Étudiant en architecture (1960-1964), il change d'orientation et s'inscrit à l'École supérieure de Théâtre et de Cinéma de Budapest d'où il sort diplômé en 1968. Il travaille au studio Bela Balázs, réalise plusieurs documentaires (dont ‘ Au bal « Anna » ’ [Füredi Annabál]), puis aborde le long métrage de fiction, s'intéressant tout d'abord aux hors-la-loi (les betyár) hongrois du XIX^e siècle : ‘ le Vent siffle sous leurs pieds ’ (Talpuk alatt fütyül a szél, 1976), ‘ les Mauvaises gens ’ (Rosszemberek, 1978) puis étudiant certains groupes plus ou moins atypiques de la société contemporaine : ‘ Chien chauve ’ Rock (Kopaszkutya, 1981). Il signe ensuite Blessures légères (Könnyű testi sértés, 1983), ‘ le Perceur de murs ’ (Falfúró, 1986), Mr. Universe (id., 1988), ‘ Sang chaud ’ (Könnyű vér, 1989), ‘ Journées de paix et de musique ’ (Mulatság, DOC, id., vidéo), ‘ Junk Movie ’ (Roncsfilm, 1992), Baisers et égratignures (Csókkal és körömmel, 1994), Gangsterfilm (Gengszterfilm, 1998).

cinéaste hongrois (Hunyad [auj. Roumanie] 1912).

Originaire de Transylvanie, pays chargé d'histoire et de légendes, István Szöts est familier de son patrimoine culturel et folklorique. Il y puise naturellement l'inspiration de son premier long métrage, les Hommes de la montagne, adapté de nouvelles de József Nyirö, après quelques années d'apprentissage, et un documentaire sur le sculpteur Kisfaludi Stróbl. Les Hommes de la montagne évoquent la vie de pauvres montagnards formant une communauté spirituelle très solidaire, et leur dramatique confrontation avec un capitalisme sauvage. Attentif aux visages et aux gestes comme à l'environnement dans lesquels ils s'inscrivent, Szöts invente ici, en vrai créateur, son propre style, une sorte de réalisme magique aux modulations riches et variées : suivant les moments, il peut avoir recours à un lyrisme purement visuel ou à une écriture elliptique. Réalisés dans les Alpes de Transylvanie et dans le petit studio de Kolozsvár — loin du cinéma de convention qui prévaut en Hongrie dans les années 40 —, les Hommes de la montagne témoignent d'une tendresse fervente pour les êtres et d'un sentiment panthéiste singulier. Primé au festival de Venise, salué comme une révélation par la critique italienne (notamment par Carlo Lizzani), ce film ne permet pourtant pas à Szöts de poursuivre sereinement son travail créateur. S'il peut filmer de façon inspirée une ballade populaire anonyme du XVI^e siècle, Kata Kádár (sur une musique de Zoltán Kodály), ses projets les plus chers sont refusés par la censure, en particulier une adaptation du roman de F. Morá, la Chanson des champs de blé. Quant au tournage de Feu dans la montagne, il est interrompu par la guerre qui a gagné le territoire hongrois en septembre 1944. Mais Szöts ne se décourage pas. Tourné vers l'avenir, il jette les bases d'une cinématographie nationale rénovée dans un petit livre qui paraîtra en avril 1945 : Appel en faveur du cinéma hongrois. Définissant le cinéma comme un art spécifique à vocation universelle, direct, primitif et complexe comme la vie, et dont les créateurs doivent constamment lutter, Szöts propose de le dégager du commerce qui l'étouffe comme des conventions qui le stérilisent et suggère des solutions : création d'une école de cinéma, d'un studio expérimental pour débutants, d'une cinémathèque et de ciné-clubs, utilisation d'un équipement léger, recours au tournage en extérieurs, participation financière de l'État, liberté de création. Deux ans plus tard, Szöts peut enfin réaliser, dans le style lyrique des ballades populaires qu'il réinvente, la Chanson des champs de blé, poignante histoire d'un soldat qui revient de guerre. Par-delà les épreuves, et les faiblesses humaines qu'elle révèle, c'est un hymne à la vie et à la terre nourricière, fécondée par le labeur. Le film est interdit. Le gouvernement hongrois, qui, à partir de 1948, s'engage dans la voie stalinienne de collectivisation des sols, ne veut pas que soit exalté, à l'écran, l'amour du paysan hongrois pour sa terre. Tenu en suspicion, comme Béla Balázs qui l'avait soutenu dans son entreprise, Szöts décline les propositions qui lui sont faites de réaliser, selon des canons qui ne sont pas les siens, Un lopin de terre et La mer se lève, et se voit condamné au silence pendant de longues années. De 1952 à 1955, il sillonne le pays en compagnie de l'ethnologue Anna Raffay, enregistrant en 16 mm vingt-sept précieux documents sur les coutumes traditionnelles. Réinscrites dans les profondeurs du temps et de la vie, celles du village de Hollókö sont magnifiées dans un documentaire poétique : Des pierres, des châteaux, des hommes. Par la suite, Szöts peut revenir à la fiction avec Lequel de ces neuf ?, bref conte de Noël pour petits et grands. Après l'écrasement de l'insurrection de 1956, Szöts s'installe en Autriche, enseigne un temps à l'école du cinéma de Vienne puis tourne, de 1960 à 1965, quelques courts métrages dignes de ses anciens films, en particulier la Ballade de Hallstadt. En dehors de Hortobágy de G. Höllering (1936), demeuré sans postérité, l'œuvre de Szöts est la première à révéler avec autant de force et de sentiment le vrai visage du paysan hongrois et de sa terre.