Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
U

UNIVERSAL. (suite)

Carl Laemmle, accusé de népotisme par les actionnaires, se retire en 1936. La nouvelle Universal démarre en fanfare avec Trois Jeunes Filles à la page (H. Koster, 1936). En 1941, elle conforte sa position en lançant la prolifique série des Deux Nigauds, qu'interprètent Abbott et Costello. Elle entre dans son âge d'or, et se lance dans la production massive de films en couleurs avec les Mille et Une Nuits (J. Rawlins, 1942), dont la vedette, Maria Montez, tiendra avec succès de nombreux emplois exotiques avant d'être supplantée par Yvonne de Carlo.

Parallèlement à ces opulentes productions, servies par une remarquable équipe de décorateurs et photographes, la Universal contribue, dès 1944, à la vogue du film noir, et produit notamment : Phantom Lady (R. Siodmak, 1944), les Tueurs (id., 1946), les Démons de la liberté (J. Dassin, 1947) et la Cité sans voiles (id., 1948).

En novembre 1946, la firme fusionne avec International Pictures et renonce à la série B. Le western bénéficie d'un nouvel essor avec l'arrivée du tandem James Stewart-Anthony Mann (Winchester 73, 1950 ; les Affameurs, 1952 ; Je suis un aventurier, 1955). La comédie « populaire » connaît également une large audience, grâce aux séries Francis (Donald O'Connor) et Ma et Pa Kettle (Marjorie Main et Percy Kilbride). En 1953, l'ancien acteur Ross Hunter entre comme producteur à la Universal et y supervise divers mélodrames, partiellement inspirés d'anciens films de John Stahl, comme le Secretmagnifique, Images de la vie, etc. Le génie visuel et dramatique de Douglas Sirk se révèle dans cette étonnante série, où les composantes du style Universal sont portées à leur degré suprême.

La firme s'ouvre, parallèlement, à une nouvelle génération d'acteurs, comme Tony Curtis, Julie Adams, Jeff Chandler, etc. Doris Day et Rock Hudson, réunis pour la première fois dans Confidences sur l'oreiller (M. Gordon, 1959), popularisent un style de comédie bourgeoise qui connaîtra un succès durable. La même année, la Universal est rachetée par MCA (Music Corporation of America), qui impose, dès 1963, une politique d'austérité et oriente progressivement ses efforts vers la télévision. La firme limite dès lors sa production annuelle à une quinzaine de films. Elle lance, en 1970, la vogue du film-catastrophe avec Airport de George Seaton. Elle accueille, en 1973, George Lucas (American Graffiti). Elle produit les derniers films de Hitchcock, et enregistre, avec l'Arnaque (G. Roy Hill, 1973) et les Dents de la mer (S. Spielberg, 1975), deux triomphes. Durant les années 70-80, elle sera associée à des titres comme : Cours après moi, shérif (H. Needham, 1977), The Blues Brothers (J. Landis, 1980) et E. T. (Spielberg, 1982). Elle demeure à ce jour la compagnie de production américaine la plus fortunée, obtenant tout au long des années 80 et 90 de nombreux succès. Par ailleurs, elle a réalisé une excellente opération en commercialisant la visite touristique de ses propres studios et en ouvrant, en 1990, un parc d'attractions à Orlando, en Floride, sur ce thème. Cette même année, c'est la compagnie japonaise Matsushita Electrical Industrial qui fit l'acquisition de M.C.A. L'Universal faisait partie de la transaction. Dès 1995, Matsushita revend 80 % des parts de MCA-Universal à Seagram, géant canadien des vins et spiritueux. %Après l'acquisition de Polygram, Seagram rencontre des difficultés qui amènent la reprise (2000) de l'ensemble du groupe par la société française Vivendi (ex-Générale des Eaux), qui devient ainsi un des plus grands groupes mondiaux du secteur de l'audiovisuel et des industries culturelles (cinéma, télévision, édition, musique, Internet).

UNSWORTH (Geoffrey)

chef opérateur britannique (Londres 1914 - id. 1978).

Comme beaucoup de ses compatriotes de la profession, Unsworth est un grand maître coloriste. Devenu directeur de la photo en 1946, après avoir servi comme cameraman, il s'affirme surtout vers la fin des années 60 par son prodigieux travail sur 2001, l'Odyssée de l'espace (S. Kubrick, 1968). Grâce à sa puissante recréation du Berlin des années 30 dans Cabaret (B. Fosse, 1972), il est de plus en plus recherché (Alice's Adventures in Wonderland, William Sterling, id. ; Zardoz, J. Boorman, 1974 ; le Retour de la panthère rose, B. Edwards, 1975) et travaille beaucoup avec Liza Minnelli (les Aventuriers du Lucky Lady, S. Donen, 1975 ; Nina, V. Minnelli, 1976). Il se spécialise aussi dans les évocations du passé, qu'il sait nimber d'un bleuté nostalgique qui lui est propre (le Crime de l'Orient-Express, S. Lumet, 1974 ; le Froussard héroïque, R. Lester, 1975). Il meurt pendant le tournage de Tess (R. Polanski), dont les prises de vues seront achevées par Ghislain Cloquet. Le Superman de Richard Donner (1978) lui est dédié.

UPA (UNITED PRODUCTIONS OF AMERICA).

Société de production américaine fondée en 1945 par Stephen Bosustow et un groupe de jeunes cinéastes d'animation dissidents des studios Walt Disney. Ce mouvement, dont les représentants les plus doués sont, outre Bosustow, Bill Hurtz, Pete Burness, John Hubley, Bob Cannon et Jimmy Teru Murakami, apporte un sang neuf à l'animation américaine jusque-là soumise à la toute-puissance des studios disneyens. Face à l'anthropomorphisme et au style « en O », ils préconisent une esthétique plus souple, plus racée, plus élégante, plus sophistiquée, influencée par le comic strip, les caricatures du New Yorker, voire l'héritage nonsensique et surréaliste. Pendant une dizaine d'années (de 1948 à 1958 environ), l'UPA créera des dessins animés qui influenceront de nombreux animateurs dans le monde. Parmi les plus connus, citons la série des Mister Magoo (à partir de 1949) de Pete Burness, celle des Gerald Mc Boing Boing (à partir de 1951) de Bob Cannon, Madeline (1952), Willie the Kid (id.), Fudget's Budget (1954) de Bob Cannon encore, la Licorne dans le jardin (Unicorn in the Garden, 1953) de Bill Hurtz, le Cœur révélateur (The Tell-Tale Heart, id.) et les Nouveaux Habits de l'empereur (The Emperor's New Clothes, id.) de Ted Parmelee, Flebus (1957) de Gene Deitch et Ernest Pintoff et le Jongleur de Notre-Dame (The Juggler of Notre-Dame, id.) de Deitch et Al Kouzel.