Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

TCHERKASSOV (Nikolaï) [Nikolaj Konstantinovič Čerkásov] (suite)

Doté d'une nature généreuse, géant imposant et agile, sachant se voûter sous le poids de l'expérience, de l'âge ou de la tragédie, la voix grondante, le regard d'acier et de flamme, il a excellé dans les rôles de composition les plus divers auxquels il conférait, outre la force, une indéniable spiritualité. Sa gloire fut grande : député au Soviet suprême à partir de 1938, membre du parti communiste en 1940, Artiste du peuple de l'URSS en 1947, cinq fois prix d'État de l'URSS. Sa carrière s'est achevée en beauté avec le Don Quichotte de Kozintsev.

Principaux films :

‘ le Poète et le Tsar ’ (V. Gardine, 1927) ; ‘ Son Excellence ’ (Ego prevosnoditel' stvo, G. Rochal, 1928) ; ‘ la Lune à gauche ’ (Luna sleva, Aleksandr Ivanov, 1929) ; ‘ Frontière ’ (M. Doubson, 1935) ; ‘ les Enfants du capitaine Grant ’ (Deti kapitana Granta, V. Vaïnchtok, 1936) ; le Député de la Baltique (A. Zarkhi et I. Kheifits, 1937) ; Pierre le Grand (V. Petrov, 1937-1939) ; les Amis (L. Arnchtam, 1938) ; Alexandre Nevski (S. M. Eisenstein, id.) ; l'Homme au fusil (S. Youtkevitch, id.) ; Lénine en 18 (M. Romm, 1939) ; Ivan le Terrible (Eisenstein, 1943-1946) ; le Printemps (G. Aleksandrov, 1947) ; Pirogov (G. Kozintsev, id.) ; l'Académicien Pavlov (Rochal, 1949) ; Moussorgski (id., 1950) ; Rimski-Korsakov (id., 1953) ; Don Quichotte (Kikhota, Kozintsev, 1957).

TCHERNIA (Pierre Tcherniakowski, dit Pierre)

cinéaste français (Paris 1928).

Il mène une carrière très diversifiée, essentiellement au sein de la télévision. Reporter, animateur et producteur d'émissions variées (Monsieur Cinéma, l'Ami public no 1, la Piste aux étoiles), il réalise des comédies douces-amères, originales, parfois trop caricaturales et dont l'apparente gentillesse dissimule souvent un humour quelque peu délirant : le Viager (1972), les Gaspards (1974), la Gueule de l'autre (1979), Bonjour l'angoisse (1988), qui reposent toutes les quatre sur la prestation d'un acteur de qualité (Michel Serrault). Il est également coscénariste de la Belle Américaine (R. Dhéry, 1961).

TCHIAOURELI (Mikhaïl) [Mihail Edišerovič Čiaureli]

cinéaste soviétique (Tiflis [auj. Tbilissi], Géorgie, 1894 - id. 1974).

Après des études de peinture et de sculpture, il travaille pour le théâtre comme décorateur, metteur en scène et acteur et débute simultanément au cinéma comme acteur sous la direction de Perestiani (Arsen Djordjiachvili, 1921), puis comme coréalisateur (avec Efim Dzigan). Réalisateur unique de ‘ Saba ’ (1929) et de ‘ Khabarda ’ (Habarda, 1931), pamphlet politique « antinationaliste », il fait alors figure, avec Nikolaï Chenguelaia, de pionnier majeur du cinéma géorgien. Il réalise ensuite le premier film parlant produit dans cette République : la Dernière Mascarade (Poslednij maskarad, 1934), qui évoque les journées révolutionnaires d'octobre 1917, puis il signe Arsen (1937) et ‘ Gueorgui Saakadzé ’ (Georgij Saakadze, 2 parties, 1942-43), épopées historiques inspirées par des figures nationales. C'est à lui qu'on doit, dans la même veine, les deux « monuments » les plus typiques du culte de la personnalité : le Serment (Kljatva, 1946) et la Chute de Berlin (Padenie Berlina, 2 parties, 1950), au moment où le réalisme socialiste est en train de se figer définitivement dans l'hagiographie grandiloquente. ‘ La Veuve d'Otar ’ (Otarova vdova, 1958) et ‘ le Roman d'une jeune fille ’ (Povest‘ ob odnoj devuške, 1961) marquent de sa part une tardive tentative de revenir à une description plus sensible et plus nuancée de la psychologie individuelle, en l'occurrence celle des gens du peuple.

Autres films :

‘ le Premier Trompette Strechnev ’ (Pervyj kornet Strešnev, CO E. Dzigan, 1928) ; ‘ À la dernière heure ’ (V poslednij čas, 1929) ; ‘ le Grand Incendie ’/‘ le Grand Embrasement ’ (Velikoe zarevo, 1938) ; ‘ l'Inoubliable Année 1919 ’ (Nezabyvaemyj 1919-j god, 1952) ; ‘ l'Exploit du peuple ’ (Podvig naroda, 1956) ; ‘ le Général et les Marguerites ’ (General i margaritki, 1964) ; ‘ Maintenant, c'est une autre époque ’ (Inye nynče vremena, 1967). ▲

TCHIAOURELI (Sofia, dite Sofiko) [Sof'ja Mihajlovna Čiaureli]

actrice soviétique (Tbilissi, Géorgie, 1937).

Fille de Mikhaïl Tchiaoureli, diplômée de la faculté d'art dramatique du VGIK (1960), elle débute à l'écran en 1957 sous la direction de Rezo Tchkheidze (‘ Dans notre cour ’) puis dans ‘ le Roman d'une jeune fille ’ (M. Tchiaoureli, 1961). Chota Managadzé la dirige dans ‘ la Ballade de Khevsour ’ (Hevsurskaja ballada, 1966) et ‘ la Chaleur de tes mains ’ (Tedlo tvoih ruk, CO N. Managadzé, 1972). Sa beauté sculpturale, sa présence souveraine et son exceptionnel talent s'épanouissent dans Sayat Nova (1969) de Paradjanov, puis dans ‘ Mélodies du quartier de Verij ’ (1973) de Gueorgui Chenguelaia et l'Arbre du désir (1976) d'Abouladzé ; on l'a encore appréciée en vedette dans Plusieurs interviews sur des problèmes privés (1978) de Lana Gogoberidzé et Une gifle (1980) de Ghenrik Malian. On l'a retrouvée, beauté toujours marmoréenne, dans deux films de Paradjanov, la Légende de la forteresse de Souram (1984) et Achib Kérib (1988). Elle a reçu, en 1967, le titre d'Artiste émérite de Géorgie.

TCHIRKOV (Boris) [Boris Petrovič Čirkov]

acteur soviétique (Lozovaja-Pavlovka, Ukraine, 1901 - Moscou 1982).

Il débute à l'écran en 1929, apparaît dans Seule (G. Kozintsev et L. Trauberg, 1931) et Tchapaïev (G. et S. Vassiliev, 1934), mais doit sa réputation à la célèbre trilogie des « Maxime » (la Jeunesse de Maxime, 1935 ; le Retour de Maxime, 1937 ; Maxime à Vyborg/le Quartier de Vyborg, 1939), dont il interprète avec beaucoup de fougue le personnage central. Il poursuit sa carrière en s'imposant comme un acteur solide, efficace, trop marqué sans doute par sa triple prestation pour aborder des rôles suffisamment éclectiques. On le voit notamment dans l'Homme au fusil (S. Youtkevitch, 1938), l'Instituteur (S. Guérassimov, 1939), Ivan Nikouline, matelot russe (I. Savtchenko, 1945), Glinka (L. Arnchtam, 1947), ‘ Trois Rencontres ’ (Youtkevitch, Lukovski, Ptouchko, 1950), les Mineurs du Donbass (L. Loukov, 1951), la Photographie perdue (Poterjannaja fotografia, L. Koulidjanov, 1960), ‘ Horizon ’ (I. Kheifits, 1962), ‘ l'Ange qui a péché ’ (Grešnyj angel, Guennadi Kazanski, 1963).