Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RIAZANOV (Eldar) [El'dar Aleksandrovič Rjazanov]

cinéaste soviétique (Samara Kouibychev 1927).

Diplômé du VGIK en 1950 (classe de Kozintsev), il entre au Studio central des documentaires et réalise des films d'actualités. Puis il passe à la fiction pour la Mosfilm et s'impose aussitôt comme un maître de la comédie de mœurs avec le grand succès de  ’la Nuit de carnaval ’ (Karnaval'naja noč', 1956), satire de la bureaucratie, poursuivant dans la même veine d'observation critique sur un ton léger avec ‘ la Fille sans adresse ’ (Devuška bez adresa, 1958), ‘ Donnez-moi le livre des réclamations ’ (Dajte žalobnuju knigu, 1965), ‘ Attention, automobile ’ (Beregis‘ avtomobilja, 1966). Il fait une incursion dans la fantasmagorie excentrique avec ‘ l'Homme de nulle part ’ (Čelovek niotkuda, 1961) et dans la comédie héroïque avec ‘ la Ballade du hussard ’ (Gussarskaja ballada, 1962) puis adopte un ton plus grave et affine son analyse psychologique dans ‘ Un roman de bureau ’ (Služebnyj roman, 1977), le Garage (Garaž, 1980), ‘ Une gare pour deux ’ (Vokzal dlja dvojh, 1982) et ‘ Une romance cruelle ’ (Žestokij romans, 1984). La critique sociale, rendue possible par la perestroïka, est vigoureuse dans Une mélodie oubliée pour flûte (Zabytaja melodija dlja flejty, 1987, sur le carriérisme) et Chère Elena Sergueievna (Dorogaja Elena Sergeevna, 1988, sur l'adolescence dévoyée). Il poursuit sa carrière avec ‘ la Promesse du ciel ’ (Nebesa obetovannye, 1991) et ‘ la Prédiction ’ (Predskazanie, 1993).

RIAZANTSEVA (Natalia) [Natalija Borisovna Rjazanceva]

scénariste soviétique (Moscou 1938).

Diplômée du VGIK en 1962, elle écrit, en collaboration avec Valentin Ejov*, son premier scénario pour l'un des meilleurs films de Larissa Chepitko*, les Ailes (1966) puis pour les Longs adieux (1972) de Kira Mouratova*. Elle confirme ses qualités de pénétration psychologique dans sa fructueuse collaboration avec Ilia Averbakh* interrompue par la mort du cinéaste : Lettres d'autrui (1976) et la Voix (1982). On lui doit encore le scénario du Portrait de la femme du peintre (Portret ženy hudojnika, 1982) d'Aleksandr Pankratov.

RIBAS (Antoni)

cinéaste espagnol (Barcelone, Catalogne, 1935).

Il débute modestement avec Las salvajes en Puente San Gil (1967) et remporte un succès considérable à l'aube de la démocratie retrouvée, grâce à la Ville brûlée (La ciutat cremada, 1976), évocation des origines populaires du nationalisme contemporain en Catalogne. Prenant toujours comme modèle le 1900 de Bertolucci, sans en avoir vraiment les moyens (matériels ou autres), Ribas se lance ensuite dans un film encore plus démesuré, exploité en trois parties ( ¡ Victoria !, 1983-84). Ces œuvres, parlées en catalan, remettent en scène une certaine imagerie d'Épinal nationaliste ; un zeste d'irrévérence libertaire et le manque de souffle ne suffisent pas à en écarter l'ombre d'un cinéma officiel.

RIBEIRO (António Lopes)

cinéaste portugais (Lisbonne 1908 - id. 1995).

Journaliste et critique de cinéma sous le pseudonyme de Retardator, fondateur directeur en 1930 de l'hebdomadaire Kino, puis d'Animatografo, collaborateur d'Imagem, Noticias illustrado, A Bola, Diario Popular, Cine-Jornal, A Revista do Portugal, A Rua. Après avoir réalisé plusieurs courts et moyens métrages depuis 1928, il débute dans le long métrage en 1933 avec Gado Bravo, que supervise Max Nosseck, et devient, avec la Révolution de mai (A Revolução de Maio, 1937) et les Sortilèges de l'Empire (O Feitiço do Impero, 1940), le cinéaste plus ou moins officiel du régime salazariste, auquel il restera toujours fidèle. Le Père tyran (O Pai Tirano, 1941) lui apporte un grand succès populaire et il crée à la même époque sa propre compagnie de production (Produções António Lopes Ribeiro), qui permet aux films de Francisco Ribeiro, son frère (O Pátio das cantigas, 1941), de Manoel de Oliveira (Aniki Bobo, 1942) et de Jose Leitão de Barros (Camões, 1946) de voir le jour. On lui doit également la seconde version d'Amour de perdition (Amor de Perdição, 1943), la Voisine d'à côté (A Vizinha do Lado, 1945), O Primo Basilio (1959) ainsi que de très nombreux documentaires (et ce jusqu'en 1974).

RICH (Claude)

acteur français de théâtre et de cinéma (Strasbourg 1929).

Sur scène, il interprète de nombreux grands rôles et apparaît à l'écran dans les Grandes Manœuvres (R. Clair, 1955). Acteur attachant, il a su s'imposer grâce à une forte personnalité. À l'aise aussi bien dans des comédies légères : Oscar (É. Molinaro, 1967), que dans des rôles historiques : Paris brûle-t-il ? (rôle du général Leclerc, R. Clément, 1966), dans un film fantastique : Je t'aime, je t'aime (A. Resnais, rôle principal, 1968), ou dans la peau d'un policier cynique : la Guerre des polices (R. Davis, 1979), il a tourné dans de nombreux autres films (le Caporal épinglé, J. Renoir, 1962 ; les Copains, Y. Robert, 1964 ; La mariée était en noir, F. Truffaut, 1968 ; la Femme de Jean, Y. Bellon, 1974 ; le Crabe-tambour, P. Schoendoerffer, 1977 ; Escalier C, J.-Ch. Tacchella, 1985) ; la Marche de Radetzky (A. Corti et G. Roll, 1994).

RICH (Irene Luther, dite Irene)

actrice américaine (Buffalo, N.Y., 1891 - Santa Barbara, Ca., 1988).

Elle débute à l'écran en 1918 dans Stella Maris de Marshall Neilan et s'impose petit à petit en leading lady, interprétant des rôles de femmes du monde ou de mères protectrices et imposantes : The Girl in His House (Tom Mills, 1918), The Blue Bonnet (Louis Chaudet, 1920), Jes' Call Me Jim (C. Badger, id.), Boys Will Be Boys (id., 1921), A Fool There Was (Emmett J. Flynn, 1922), Brass (S. Franklin, 1923), Beau Brummel (Harry Beaumont, 1924), l'Éventail de Lady Windermere (E. Lubitsch, 1925), The Desired Woman (M. Curtiz, 1927), The Silver Slave (Howard Bretherton, id.), Shanghai Rose (Scott Pembroke, 1929). Après avoir été la partenaire de Will Rogers dans plusieurs productions du début des années 30, elle se retire de l'écran en 1932 pour devenir une star de la radio et apparaître dans plusieurs shows à Broadway, puis tourne à nouveau quelques films à partir de 1938, et ce jusqu'en 1948 (Jeanne d'Arc de Victor Fleming).

RICHARD (Jean)

acteur français (Bessines 1921).

D'un tempérament comique évident, Jean Richard aurait pu exploiter un personnage à la façon de Noël-Noël et de son Adémaï. À la fois sympathique et madré, il a essayé de faire vivre autour de lui les habitants de Champignol (Nous autres à Champignol, le Gendarme de Champignol et le Caïd de Champignol, Jean Bastia, 1957, 1959 et 1966), sans grand succès, ses sketches de cabaret se révélant beaucoup plus savoureux. On peut retenir, entre deux films d'André Berthomieu ou de Guy Lefranc, quelques comédies de Robert Dhéry ou d'Yves Robert, un Renoir (Éléna et les hommes, 1956), un Carné (Du mouron pour les petits oiseaux, 1963) et un Clair (les Fêtes galantes, 1966). Absorbé par ses occupations de directeur de cirque, il a ensuite peu à peu délaissé le cinéma pour la télévision où pendant plus de vingt ans il s'est glissé (de remarquable façon) dans la peau du commissaire Maigret, le héros de très nombreux romans de Georges Simenon.