Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HARRON (Robert)

acteur américain (New York, N. Y., 1893 - id. 1920).

Garçon de courses à la Biograph, il fut pris en protection et amitié par D. W. Griffith, qui en fit vite l'un de ses grands jeunes premiers. Spontané et sans apprêt, timide, « Bobby » Harron avait en lui certaines qualités traditionnelles qui devaient plaire au grand cinéaste. Il fut parfait, opposé à Mae Marsh ou Lillian Gish, notamment dans Naissance d'une nation (1915). Mais on pourra être plus sensible à sa délicatesse dans Intolérance (1916), les Cœurs du monde (1918) ou dans le Pauvre cœur (1919). Il avait toutes les chances de suivre les traces de Richard Barthelmess si un accident d'arme à feu n'avait brusquement mis fin à sa carrière. (Il était le frère de l'acteur Johnnie Harron [1903-1939].)

HARRYHAUSEN (Ray)

animateur américain (Los Angeles, Ca., 1920).

Tout en poursuivant des études de sculpture, il réalise ses premiers films d'animation en amateur. Il travaille avec George Pal, puis avec Willis O'Brien (Monsieur Joe, E. B. Schoedsack, 1949). Ensuite, il conçoit et met en scène toute la part de trucages qui entre dans les films de science-fiction (le Monstre des temps perdus [The Beast From Twenty Thousand Fathoms, Eugène Lourié, 1953]) ou de merveilleux, inspiré par les Mille et Une Nuits (le Septième Voyage de Sinbad, Nathan Juran, 1959) ou la mythologie grecque (Jason et les Argonautes, D. Chaffey, 1963 ; le Choc des Titans, D. Davis, 1980), les peuplant de créatures extraordinaires et perfectionnant chaque fois l'animation.

HART (Harvey)

cinéaste canadien (Toronto, Ontario, 1928 - id. 1989).

Formé à la télévision au Canada, en Angleterre et aux États-Unis, il débute au cinéma, en 1965, par un film original : Fièvre sur la ville (Bus Riley's Back in Town), d'après William Inge. Tout y retient : le sujet, les personnages, le ton et un style libre, intimiste, perspicace. Les mêmes qualités soutiennent un film policier, plus commercial : Fureur sur la plage (The Sweet Ride, 1968). Dans Des prisons et des hommes (Fortune and Men's Eyes, 1971), si la finesse du portrait subsiste, une froideur gagne, créée en partie par un style très classique. Hart poursuit sa carrière à la télévision, et sporadiquement (de façon plus anonyme) au cinéma (The Pyx, 1973 ; Shoot, 1976 ; Goldenrod, 1977 ; The Mad Trapper, 1979).

HART (William Surrey, dit William S.)

acteur et cinéaste américain (Newburgh, N. Y., 1862 - Los Angeles, Ca., 1946).

Une partie de sa jeunesse se passe dans les Dakotas (il y apprend la langue des Sioux) et le Kansas (où il est cow-boy). Acteur de théâtre à New York, puis en tournées, il sollicite Ince à Hollywood. Ce qui lui vaut un petit rôle dans le premier film de De Mille, le Mari de l'Indienne (The Squaw Man, 1914) et de s'affirmer avec éclat dans la Capture (ou le Serment) de Rio Jim, dont il est aussi coscénariste avec C. Gardner Sullivan (The Bargain, de Reginald Barker). La même année (1914), il dirige son héros dans un « deux bobines », Rio Jim, le fléau du désert (The Passing of Two Gun Hicks). Variant ses compositions sur un même fond de fureur et d'intégrité, il est prêtre dans The Disciple de Barker (1915), « badman » nettoyant la cité, par le feu, du mal et de la veulerie dans l'étonnant Justicier (Hell's Hinges, 1916) codirigé par Clifford Smith. Pour beaucoup, son jeu et sa direction y égalent les films contemporains de Tourneur et de Griffith. Avec ce classique, Hart dépasse le cadre du western et rend légendaire son personnage, « l'homme aux yeux clairs », le « two-gun-man » capable de mettre la loi même à l'épreuve du vrai, précurseur d'un Gary Cooper ou d'un Montgomery Clift, d'une veine violente et lyrique aboutissant aux Affameurs (A. Mann), à Jeremiah Johnson (S. Pollack). Déçu par la manière dont Hollywood travestit la réalité de l'Ouest, il suit pourtant Ince, son producteur de la Triangle, à la Paramount Artcraft de Zukor, après un film avec Bessie Love, Pour sauver sa race (The Aryan, 1916). Il est toujours supervisé par Ince sans qu'on sache ce que recouvre ce rôle, sinon d'émarger au budget. Le premier film qu'il tourne pour Zukor, la Révélation (The Narrow Trail), puis le Droit d'asile (The Silent Man), en 1917, comme la presque totalité des 27 titres Paramount de Hart (souvent signés par Lambert Hillyer à partir de 1919) rencontrent moins d'enthousiasme, le public se lassant d'un genre et d'un héros que le goût de l'authenticité ne préserva pas toujours du moralisme. Mais son regard, son profil de Sioux, son ascèse de jeu (il y aura comme un reflet de Hart chez Randolph Scott) marquent le célèbre Blue Blazes Rawden (l'Homme aux yeux clairs, 1918 ; avec Jackie Hoxie), l'Étincelle (Selfish Yates, id.), Riddle Gawne (id.) avec Lon Chaney... S'il dirige et joue à New York, séparé de Ince, Branding Broadway (1920), comédie réussie dans le genre de Manhattan Madness de Fairbanks, il sent sa carrière compromise. En 1923, il incarne le fameux shérif dans Sa dernière chevauchée (Wild Bill Hickock) de King Baggott, puis dirige son dernier film, le Fils de la Prairie (Tumbleweeds, 1925), superproduction de United Artists pour la réédition sonorisée de laquelle il enregistrera un prologue, occasionnelle contribution au parlant, en 1939. Retiré dans son ranch de Newhall (devenu musée) au nord de Hollywood, il publia ses souvenirs avec un succès considérable, sous le titre de My Life East and West (1929).

HARTL (Karl)

cinéaste allemand (Vienne, Autriche-Hongrie, 1899 - id. 1978).

Opérateur à l'âge de dix-sept ans il devient monteur, puis scénariste à Berlin et directeur de production dans les studios de Vienne. Il réalise son premier film en 1930 puis, en collaboration avec Luis Trenker, Monts en flammes (Berge in Flammen, 1931). En 1932, il tourne IF1 ne répond plus (FP1 antwortet nicht), suivi de nombreux autres succès : l'Or (Gold, 1934) ; Baron tzigane (Zigeunerbaron, 1935) ; On a arrêté Sherlock Holmes (Der Mann, der Sherlock Holmes war, 1937) ; Mozart (Wenn die Götter lieben, 1942)... Après la guerre, il réalise l'Ange à la trompette (Der Engel mit der Posaune, 1948) et, au cours des années 50, quelques films allemands ou autrichiens peu connus.