Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
U

URAYAMA (Kiriro)

cinéaste japonais (préf. de Hyogo 1930 - Tokyo 1985).

Après une enfance malheureuse et des études de littérature française à Nagoya, il entre à la Nikkatsu en 1954, où il est assistant de Yuzo Kawashima, avec Shôhei Imamura. Il tourne son premier film en 1962, ‘ Coupola la ville des hauts fourneaux ’ (Kyupora no aru machi), qui obtient un grand succès critique. Son deuxième film, ‘ Chaque jour je pleure ’ (Hiko Shôjo), remporte la Médaille d'or du festival de Moscou 1963, mais Urayama entre en conflit avec la Nikkatsu et redevient assistant. En 1968, il parvient à réaliser ‘ la Femme que j'ai abandonnée ’ (Watashi ga suteta onna), mais, la Nikkatsu refusant de sortir le film, jugé trop peu « commercial », Urayama quitte la compagnie, et ne tournera de nouveau qu'en 1975, avec un best-seller : ‘ la Porte de la jeunesse ’ (Seishun no mon) et en 1983 : la Chambre obscure (Anshitsu).

URBAN (Charles)

producteur, cinéaste et inventeur américain (Cleveland, Ohio, 1871 - Brighton, GB, 1942).

Il est considéré comme l'un des pionniers de l'industrie cinématographique britannique. Envoyé à Londres pour représenter la société Edison, il fonde la Warwick Trading Company en 1898, puis met sur pied sa propre maison de production en 1903, la Charles Urban Trading Company, qui se spécialise dans la fabrication de documentaires et de films scientifiques. Il est l'inventeur d'un appareil de projection à griffes pourvu d'un indicateur de vitesse, le Bioscope, sorti en 1903. Avec le chimiste Edward R. Turner, puis avec le photographe George Albert Smith, il lance sur le marché le procédé bichrome mis au point par ce dernier, dès 1906, sous le nom de Kinemacolor. Leur société, la Natural Colour Kinematograph Company, produit plusieurs films dont le célèbre The Durbar at Delhi (1911), sur le couronnement de George VI empereur des Indes. Charles Urban est aussi le pionnier des films avec animation d'objets (Musical Matches, 1912).

URE (Mary)

actrice britannique (Glasgow, Écosse, 1933 - Londres 1975).

Elle joue dans un remake des Quatre Plumes blanches (T. Young et Z. Korda, 1955) et accède au premier rôle féminin dans Alerte en Extrême-Orient (Windom's Way, R. Neame, 1958). Mais c'est surtout le personnage d'Allison, l'épouse malmenée du marchand de bonbons des Corps sauvages (T. Richardson, 1959), qui lui apporte son éphémère célébrité. Elle interprète ensuite la jeune divorcée d'Amants et Fils (J. Cardiff, 1960), puis accepte quelques rôles qui la mettent moins en valeur, notamment dans Custer, homme de l'Ouest (R. Siodmak et I. Lerner, 1968) et Quand les aigles attaquent (B. G. Hutton, 1969). Divorcée de l'auteur dramatique John Osborne, elle avait épousé Robert Shaw.

URIBE (Imanol)

cinéaste espagnol (San Salvador, El Salvador, 1950).

Basque attaché à ses racines, il se fait connaître avec un plaidoyer pour les prisonniers politiques de l'ETA, le documentaire El proceso de Burgos (1979). Il y reviendra avec les dispositifs traditionnels du film d'action dans La fuga de Segovia (1981). Il élargit nettement son propos dans le Sexe du diable (La muerte de Mikel, 1983), en exposant les difficultés à concilier le militantisme et l'homosexualité dans un Pays basque somme toute assez conservateur. Puis, il cherche d'autres voies (Adiós, peque~na, 1986 ; La luna negra, 1989), et en trouve une, enfin, sous la forme d'une comédie, sur fond de reconstitution historique, le Roi ébahi (El rey pasmado, 1991), d'après un roman de Gonzalo Torrente Ballester. Il s'attaque ensuite à la question du terrorisme dans Días contados (1994). Il signe encore Bwana (1996), Extra~nos (1998) et Plenilunio (2000).

URSS.

Pendant une vingtaine d'années, de 1896 à la Première Guerre mondiale, l'influence du cinéma français est prépondérante en Russie. Certains inventeurs comme Alekseï Sanarski ou Ivan Akimov († 1903) n'échapperont ni à l'anonymat ni, plus tard, à l'oubli faute d'avoir pu endiguer l'invasion des importateurs français soucieux de conquérir un marché dont l'ampleur autorisait de mirifiques espoirs. Dès 1896, les frères Lumière délèguent des représentants à Saint-Pétersbourg (la première représentation publique a lieu dans cette ville au mois de mai). Charles Moisson et Francisque Doublier se retrouveront très vite néanmoins concurrencés par les envoyés d'Edison et par ceux de l'Anglais William Paul. Les firmes Pathé et Gaumont prendront le relais. Pour la cour, la noblesse, les cercles intellectuels, le cinéma est une curiosité excentrique (le tsar s'attachera très rapidement les services de plusieurs opérateurs, dont le Français Ringel, le Polonais Gustav Krynski et — le plus célèbre — l'Italien G. Vitrotti). Pour les citadins, c'est avant tout une attraction foraine qui bientôt éclipsera la plupart des autres. En revanche, pour le monde des campagnes, les présentateurs ambulants qui sillonnent le pays sont parfois assimilés aux sorciers, et la nouvelle invention n'est pas loin d'être prise pour un tour de magie plus ou moins maléfique. Pourtant, dès 1903, les premiers cinémas non itinérants ne cessent de se multiplier, et quatre ans plus tard s'amorcent les débuts d'une production nationale. Des producteurs avisés comme N. Trofimov, Dmitri Kharitonov, Iossif Ermoliev, Aleksandr Khanjonkov* et Aleksandr O. Drankov* ouvrent les premiers studios et s'efforcent de faire réaliser des films fort influencés par le Film d'Art français. C'est Drankov qui produit en 1908 le premier vrai film national : Stenka Razine (244 m), mis en scène par Vladimir Romakhkov. Khanjonkov, qui remporte de grands succès commerciaux en important des Films d'Art Pathé (comme l'Arlésienne ou l'Assassinat du duc de Guise), entreprend des fresques historiques ou des adaptations littéraires (d'après Tolstoï, Tourgueniev, Dostoïevski, Pouchkine). Pendant cette première période où les investissements étrangers sont importants, la censure tsariste veille. La plupart des metteurs en scène préfèrent mettre en images le passé plutôt que de s'attaquer à des sujets contemporains. Cependant, la comédie fait son apparition (avec l'acteur polonais Antoni Fertner), et bientôt le drame mondain, qui oscille entre deux modèles : le danois et l'italien. Mais, dans ces drames, l'atmosphère est curieusement mystique, parfois morbide, encombrée d'outrances pathétiques.