Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GRIFFITH (David Wark) (suite)

En 1924, Griffith signe avec la Paramount et tourne par la suite deux films avec W. C. Fields. Trois ans plus tard, il quitte la Paramount pour United Artists mais la plupart de ses nombreux projets (The Peace of the World sur un scénario de H. G. Wells ; An American Tragedy, d'après Theodore Dreiser ; The Birth of the Empire, portant sur l'histoire de la Grande-Bretagne ; une vie de George Washington, etc.) n'aboutissent pas.

La Révolte des esclaves (1930), le premier film parlant de Griffith, est une très belle et très sensible évocation de la vie d'Abraham Lincoln (que joue Walter Huston) mais un échec financier. En 1931, Griffith tourne son dernier film, The Struggle, histoire d'un alcoolique. Comme pour prouver à quel point Hollywood a oublié Griffith, le film ne bénéficie que d'une distribution confidentielle. Griffith, dont le divorce est prononcé en 1936 — il était en fait séparé de sa femme Linda Arvidson depuis 1911 —, se retire à Louisville, dans le Kentucky. Appelé à Hollywood en 1939 pour y réaliser (du moins, à ce qu'il croit) Tumak, fils de la jungle (One Million B. C., 1940), il découvre qu'il n'en est en réalité qu'un vague conseiller technique, la mise en scène étant assurée par Hal Roach et Hal Roach Jr.

Lorsque Griffith meurt, en 1948, il n'est plus pour Hollywood qu'un vestige du passé. Plus lucide, James Agee, l'un des meilleurs critiques de cinéma américains, dira de lui : « Ce qu'il a réussi à faire, personne ne l'avait réalisé avant lui. Quand on se penche attentivement sur son œuvre, on a l'impression d'assister à la genèse d'un chant ou à la première utilisation consciente du levier ou de la roue, d'être témoin de l'apparition, de l'organisation et des débuts du langage et de la naissance d'un art. »

Pionnier, précurseur toujours plus exigeant, Griffith est en même temps un auteur dont le style atteint, dès ses premiers courts métrages, la perfection. Son lyrisme, son sens de la nature, sa tendresse pour les êtres isolés et en marge de la société et la beauté de sa direction d'acteurs rendent son œuvre inoubliable. Une œuvre à propos de laquelle Eisenstein s'exclamera : « Griffith a tout créé, tout inventé. Il n'y a pas un cinéaste au monde qui ne lui doive quelque chose. Le meilleur du cinéma soviétique est sorti d'Intolérance. Quant à moi, je lui dois tout. »

Films  CM.

— En 1908 : The Adventures of Dollie ; A Calamitous Elopement ; The Red Girl ; The Barbarian, Ingomar ; The Call of the Wild ; A Woman's Way ; The Reckoning. — En 1909 : The Sacrifice ; Edgar Allan Poe ; Tragic Love ; At the Altar ; The Voice of the Violin ; A Drunkard's Reformation ; Twin Brothers ; The Suicide Club ; Resurrection ; Two Memories ; The Violin Maker of Cremona ; The Lonely Villa ; The Faded Lilies ; The Way of a Man ; The Message ; A Strange Meeting ; The Mended Lute ; The Sealed Room ; The Broken Locket ; In Old Kentucky ; The Awakening ; Pippa passes ; The Restoration ; The Light That Came ; Throught the Breakers ; A Corner in Wheat. — En 1910 : The Rocky Road ; Her Terrible Ordeal ; The Thread of Destiny ; In Old California ; As It Is in Life ; A Romance of the Western Hills ; The Way of the World ; Ramona ; What the Daisy Said ; A Flash of Light ; The House With Closed Shutters ; The Sorrows of the Unfaithful ; Wilful Peggy ; Rose o'Salem Town ; Examination Day at School ; The Message of the Violin ; The Fugitive ; Sunshine Sue ; A Plain Song. — En 1911 : The Two Paths ; His Trust ; His Trust Fulfilled ; Fate's Turning ; Three Sisters ; His Daughter ; The Lily of the Tenements ; The Lonedale Operator ; Enoch Arden ; The Primal Call ; Her Sacrifice ; The Last Drop of Water ; Her Awakening ; The Adventures of Billy ; The Battle ; The Miser's Heart ; A Woman Scorned ; A Terrible Discovery. — En 1912 : Under Burning Skies ; Iola's Promise ; The Goddess of Sagebrush Gulch ; The Girl and her Trust ; Fate's Interception ; The Female of the Species ; A Beast at Bay ; Home Folks ; Man's Genesis ; The Sands of Dee ; An Unseen Enemy ; Two Daughters of Eve ; Friends ; The Musketeers of Pig Alley ; The Informer ; The New York Hat. — En 1913 : The Massacre ; Broken Ways, The Little Tease, The Wanderer ; The House of Darkness ; Her Mother's Oath. — En 1914 : The Battle at Elderbush Gulch ; Judith de Béthulie (Judith of Bethulia).

LM  :

The Battle of the Sexes (1914) ; The Escape (id.) ; Home, Sweet Home (id.) ; la Conscience vengeresse (The Avenging Conscience, id.) ; la Naissance d'une nation (The Birth of a Nation, 1915) ; Intolérance (Intolerance, 1916) ; les Cœurs du monde (Hearts of the World, 1918) ; À côté du bonheur (The Great Love, id.) ; Une fleur dans les ruines (The Greatest Thing in Life, id.) ; le Roman de la Vallée heureuse (A Romance of Happy Valley, 1919) ; Dans la tourmente (The Girl Who Stayed at Home, id.) ; le Lys brisé (Broken Blossoms, id.) ; le Pauvre Amour (True Heart Susie, id.) ; le Calvaire d'une mère (Scarlet Days, id.) ; Le cœur se trompe (The Greatest Question, id.) ; la Danseuse idole (The Idol Dancer, 1920) ; la Fleur d'amour (The Love Flower, id.) ; À travers l'orage (Way Down East, id.) ; la Rue des rêves (Dream Street, 1921) ; les Deux Orphelines (Orphans of the Storm, 1922) ; Une nuit mystérieuse (One Exciting Night, id.) ; la Rose blanche (The White Rose, 1923) ; Pour l'indépendance (America, 1924) ; Isn't Life Wonderful (id.) ; Sally, fille de cirque (Sally of the Sawdust, 1925) ; Détresse (That Royle Girl, 1926) ; les Chagrins de Satan (The Sorrows of Satan, id.) ; Jeunesse triomphante (Drums of Love, 1928) ; l'Éternel Problème (The Battle of the Sexes, id.) ; le Lys du faubourg (Lady of the Pavements, 1929) ; la Révolte des esclaves (Abraham Lincoln, 1930) ; The Struggle (1931).

GRIFFITH (Hugh)

acteur britannique (Marian Glas, île d'Anglesey, pays de Galles, 1912 - Londres 1980).

Celui qui fut un extraordinaire Falstaff sur la scène shakespearienne de Stratford-upon-Avon débuta au cinéma en 1940 (Neutral Port de Marcel Varnel). Il a tourné dans une soixantaine de films, dont Noblesse oblige (R. Hamer, 1949), la Renarde (M. Powell et E. Pressburger, 1950), Tortillard pour Titfield (Ch. Crichton, 1953), l'Opéra des gueux (P. Brook, id.), La bête s'éveille (J. Losey, 1954), les Contes de Canterbury (P. P. Pasolini, 1972). Il reste inoubliable en libertin rubicond dans Tom Jones (T. Richardson, 1963) et en patriarche jouisseur dans Quoi ? (R. Polanski, 1973).