Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CAIOZZI (Silvio)

cinéaste chilien (Santiago 1944).

Après des études à Chicago, il aborde le cinéma par la photographie, auprès de Helvio Soto, Aldo Francia, Raúl Ruiz ou Pierre Kast, et bénéficie surtout d'une intenseactivité dans la publicité. Il réalise A la sombra del sol (1973), en collaboration avec Pablo Perelman, mais son véritable début dans la mise en scène date du régime militaire : Julio comienza en Julio (1979) montre un goût prononcé pour la minutie, au service de l'évocation d'époques révolues et de mentalités figées. La luna en el espejo (1990), remarqué à Venise, entame une longue complicité avec l'écrivain José Donoso. Au-delà des qualités plastiques, Caiozzi révèle une indéniable faculté pour l'agencement spatial et rythmique des gestes, figures, personnages et paysages (Valparaiso). L'artisanat poussé à ce point devient du grand art, capable de conjuguer l'intelligence et le cœur. Ces dons se retrouvent dans l'adaptation de Coronación (2000), l'une des principales œuvres de Donoso. La transposition du passé vers le présent suggère la persistance des préjugés d'origine religieuse et sociale dans une sorte de miroir inversé du Chili prétendument moderne. Par rapport à La luna en el espejo, Coronación élargit l'éventail des caractères, dans une volonté évidente de proposer une radiographie d'ensemble de la société. Mais c'est toujours dans le portrait psychologique que le réalisateur excelle et réussit par la même occasion à rendre justice à des comédiens rarement présents sur le grand écran. Entre-temps, il rappelle le lourd héritage de Pinochet en matière de droits de l'homme : le documentaire Fernando ha vuelto (1998), sur la restitution des restes d'un disparu à ses proches, témoigne d'une forme macabre de retour du refoulé.

CALAMAI (Clara)

actrice italienne (Prato 1915 - Rimini 1998).

De ses débuts en 1938 jusqu'aux années 50, Clara Calamai a tourné une quarantaine de films. Belle et provocante, elle a fait merveille dans des drames sentimentaux, des comédies ou des films en costumes, mis en scène par Poggioli (Adieu, jeunesse, 1940 ; Le sorelle Materassi, 1944), par Blasetti (la Farce tragique, 1941), par Alessandrini (Caravaggio, il pittore maledetto, id.), par Matarazzo (L'avventuriera del piano di sopra, id.) ou encore Franciolini (Addio amore !, 1944 ; Amanti senza amore, 1947). C'est toutefois Visconti, avec Ossessione (1943), qui lui a donné son rôle le plus mémorable, celui d'une femme malheureuse qui cherche à rompre sa solitude par une relation adultère. Ses yeux immenses confèrent une étrange présence au bref personnage de prostituée qu'elle incarne dans Nuits blanches (1957) de Visconti.

CALDWELL (Ben)

cinéaste américain (New Mexico 1946).

Né dans une petite ville du sud du Nouveau Mexique, il grandit dans une communauté composée de diverses minorités (Indiens, Chicanos, Noirs). Peintre et photographe, il se tourne vers le cinéma en 1970 et entre au département cinéma de l'UCLA (université de Los Angeles). Caldwell, qui est un des rares cinéastes noirs à s'être engagé dans la voie expérimentale, cherche à créer « un langage spécifiquement noir, une musique visuelle, avec sa propre cadence, son propre rythme ». Son premier moyen métrage : I and I : an African Allegory (1977) s'inspire de l'histoire du peuple noir américain, profondément marqué par l'Afrique. The Nubians (1978) est un essai sur la musique de jazz et ses racines africaines. Il a également réalisé en 1975 un long métrage documentaire en vidéo, For Whose Entertainement : depuis Birth of a Nation de Griffith, jusqu'aux films de la Blaxploitation et des indépendants noirs, c'est l'analyse critique de l'image des Noirs véhiculée par le cinéma américain.

CALEF (Henri)

cinéaste français (Philipoli [auj. Plovdiv], Bulgarie, 1910 - Paris 1994).

Ancien journaliste, il devient l'assistant d'André Berthomieu et de Pierre Chenal et passe à la réalisation en 1945 avec l'Extravagante mission. Il rencontre un soupçon de notoriété avec un film sur la délivrance d'un groupe de résistants par la RAF (Jéricho, 1946) et une adaptation balzacienne (les Chouans, 1947), dont les scénarios sont dus à Charles Spaak. Ses films suivants sont restés plus anonymes : la Maison sous la mer (1946), les Eaux troubles (1949), la Souricière (1950), Ombre et lumière (id.), Les amours finissent à l'aube (1952), les Violents 1957), l'Heure de la vérité (1964). Après Féminin, féminin (1971), il s'est consacré à la télévision et à la réalisation d'ouvrages historiques.

CALHERN (Carl Henry Vogt, dit Louis)

acteur américain (Brooklyn, N. Y., 1895 - Tokyo, Japon, 1956).

Sans abandonner sa carrière théâtrale, très importante par ses interprétations de Shakespeare surtout, il débute au cinéma en 1921. Son physique, très tôt celui d'un homme mûr, une élégance et une distinction jamais démenties lui ont fait jouer les ridicules dans la comédie (Soupe au canard, L. McCarey, 1933 ; Le ciel peut attendre, E. Lubitsch, 1943) et, dans les drames, les caractères doubles (Quand la ville dort, J. Huston, 1950 ; la Tour des ambitieux, R. Wise, 1954), que son intelligence et sa finesse empêchent toujours de tomber dans la caricature. Il a conjugué théâtre et cinéma en tenant à la perfection le rôle de Jules César dans le film homonyme de Joseph L. Mankiewicz (1953).

CALHOUN (Francis Timothy Durgin, dit Rory)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1923 - id. 1999).

Il débute à l'écran dans Something for the Boys (L. Seiler, 1944) et tient ses premiers rôles sous le nom de Frank McCown. Très vite typé, il incarne le plus souvent les têtes brûlées, les aventuriers virils et les mauvais garçons repentis. Dès 1949, il se spécialise dans le western, tournant notamment : la Rivière des massacres (Massacre River, John Rawlins, 1949), le Gaucho (J. Tourneur, 1952), Rivière sans retour (O. Preminger, 1954), Quatre Tueurs et une fille (R. Carlson, id.), les Forbans (The Spoilers, J. Hibbs, 1955), Crépuscule sanglant (Red Sundown, J. Arnold, 1956) et l'Implacable Poursuite (Carlson, 1958). Il produit The Domino Kid et la Veuve et le Tueur (The Hired Gun), tous deux réalisés par Ray Nazzaro en 1957, et collabore au scénario d'Amour, fleur sauvage (Shotgun, L. Selander, 1955). De 1958 à 1960, il anime la série TV The Texan avant d'entamer une carrière parallèle en Europe, où il tourne en particulier le Colosse de Rhodes (S. Leone, 1961), Marco Polo (H. Fregonese, 1962). Depuis l'extinction totale du western, il se consacre au film d'horreur.