Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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LANDI (Elizabeth Marie Christine Kuehnelt, dite Elissa)

actrice américaine (Venise, Italie, 1904 - Kingston, N. Y., 1948).

Sa mère est une Autrichienne apparentée à l'empereur François-Joseph, mais elle est éduquée au Canada et en Grande-Bretagne et débute à la scène à Londres en 1924. Elle tourne plusieurs films, puis se fixe aux États-Unis et triomphe à Hollywood avec le Signe de la croix (C. B. De Mille, 1932) : sa beauté fragile ou éthérée et la sûreté de son jeu firent croire à une grande carrière. Mais, après quelques films (Nick, gentleman détective [W. S. Van Dyke], 1936), il parut évident que l'industrie se désintéressait d'elle. Elle retourna sur les planches, à Broadway, et écrivit quelques romans avant de mourir d'un cancer.

LANDIS (Frances Lillian Mary Ridste, dite Carole)

actrice américaine (Fairchild, Wis., 1919 - Los Angeles, Ca., 1948).

La malheureuse Carole Landis est plus célèbre par sa tragique destinée (un suicide par amour à cause, a-t-on dit, de Rex Harrison) que par ses créations d'actrice. Blonde et piquante, elle était la « secrétaire » idéale. Seconde de Betty Grable (Soirs de Miami, W. Lang, 1941) ou de Rita Hayworth (Mon amie Sally, I. Cummings, 1942), elle n'a sauvé que deux rôles mémorables : la chanteuse assassinée dans I Wake Up Screaming (Bruce Humberstone, 1941) et la femme volage tuée par son mari déguisé en oiseleur dans Vidocq / Scandale à Paris (D. Sirk, 1946). Elle imagina le scénario d'un film à succès : Four Jills in a Jeep (W. Lang, 1944).

LANDIS (John)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1950).

Jeune prodige vite catapulté au paradis des succès faciles avec deux œuvres culte, The Blues Brothers (1980) et le clip Thriller (1983) pour Michael Jackson, John Landis a plus d'une fois accroché l'intérêt. The Blues Brothers et Thriller le limitaient à un genre (le rock musical) et à un public (jeune) auxquels ses débuts le prédestinaient : Hamburger Film Sandwich (The Kentucky Fried Movie, 1977) ou American College (National Lampoon's Animal House, 1978). Mais c'est surtout avec le Loup-garou de Londres (American Werewolf in London, 1981) que sa personnalité s'est réellement affirmée : c'est dans les mélanges particulièrement volatils que Landis s'ébroue avec joie. American Werewolf naviguait ainsi entre la parodie et un véritable respect des règles du film d'horreur, créant un ton désinvolte inattendu, pouvant déboucher à chaque instant sur une authentique angoisse. On oubliera volontiers le premier épisode de la Quatrième Dimension (Twilight Zone, 1983, CORÉ S. Spielberg et Joe Dante, George Miller), Drôles d'espions (Spies Like Us, 1986) et Three Amigos (1987), pour préférer Un fauteuil pour deux (Trading Places, 1983), une comédie réellement mémorable, ou Série noire pour une nuit blanche (Into the Night, 1985), thriller élégant où Landis jonglait une fois de plus entre la parodie et le respect des règles. Cheeseburger Film Sandwich (Amazon Women on the Moon, 1987), Un prince à New York (Coming to America, 1988) avec Eddie Murphy, ou Blues Brothers 2000 (id., 1998) marquent une nette régression qualitative et un engluement dans la production de série. C'est pour cela que, même si la réussite est mineure, Innocent Blood (id., 1992), joli conte de vampire mi-sérieux, mi-parodique, apparaît finalement comme un agréable retour aux sources.

LANE (Henry George Lupino, dit Lupino « Nipper »)

acteur et cinéaste britannique (Londres 1892 - id. 1959).

Clown à quatre ans, ce cousin du père d'Ida Lupino apparaît à l'écran dès 1915 comme acteur comique (His Cooling Courtship, Nipper's Buzy Holiday, The Dummy...), avant de connaître une certaine notoriété dans de nombreuses productions hollywoodiennes de 1922 à 1930. Il joue notamment dans Isn't Life Wonderful (D. W. Griffith, 1924) et dans Parade d'amour (E. Lubitsch, 1929). De retour en Grande-Bretagne en 1930, il poursuit une carrière d'acteur plus modeste et réalise notamment Never Trouble Trouble (1930), No Lady (1930), Love Lies (1931), The Love Race (id.), Innocents of Chicago (1932), Old Spanish Customers (id.), The Maid of the Mountains (id.), Letting in the Sunshine (1933), Oh What a Duchess ! (1934).

LANE (Priscilla Mullican, dite Priscilla)

actrice américaine (Indianola, Iowa, 1917 - Andover, Mass., 1995).

Elle était blonde, un rien vulgaire et très américaine. Avec Gale Page et ses sœurs Lola et Rosemary, elle apparut dans quatre films de 1939 à 1941 (dont Rêves de jeunesse de Michael Curtiz, en 1938 et Filles courageuses du même, l'année suivante). Pour le reste, actrice de routine à la Warner Bros, même dans des films intéressants (The Roaring Twenties, R. Walsh, 1939 ; Arsenic et vieilles dentelles, F. Capra, 1944), sa présence ne frappe guère. Elle est l'une des rares héroïnes inconsistantes d'Alfred Hitchcock dans l'excellent Cinquième Colonne (1942). Priscilla Lane s'est retirée en 1948 après Bodyguard (R. Fleischer).

LANG (Charles)

chef opérateur américain (Bluff, Utah, 1902 - Santa Monica, Ca., 1998).

Longtemps apprenti à la Paramount, il devient opérateur en 1926 et chef opérateur trois ans plus tard. Dès 1932, il remporte l'Oscar pour la première version de l'Adieu au drapeau (F. Borzage). Sous contrat jusqu'en 1952, il « éclaire » avec raffinement des films de Henry Hathaway, Fritz Lang, Billy Wilder (trois films), William Dieterle... Puis la couleur élargit son champ d'action. Il travaille pour diverses firmes, notamment Universal, retrouve Wilder pour Certains l'aiment chaud (1959), signe la photo du remake de l'Adieu au drapeau : l'Adieu aux armes (Ch. Vidor, 1957) puis celles (de plus en plus sophistiquées) des Sept Mercenaires (J. Sturges, 1960), de Charade (S. Donen, 1963), de Daisy Clover (R. Mulligan, 1966). Il prend sa retraite à plus de 70 ans après quelque cent films.

LANG (Fritz)

cinéaste américain d'origine autrichienne (Vienne 1890 - Los Angeles, Ca., 1976).

Issu d'une vieille famille bourgeoise, il se destine à la peinture tout en étudiant l'architecture, profession de son père, sur l'ordre de celui-ci. Après une fugue qui, à l'en croire, le mène jusqu'en Extrême-Orient, il rentre en Europe, découvre le cinéma à Bruges (1909) et s'installe à Paris, d'où la guerre le force à partir (1914). Blessé sur le front italien, il termine la guerre dans un hôpital viennois, et écrit ses premiers scénarios à l'usage de Joe May qui ne s'y intéresse guère, puis d'Otto Rippert (1919) : il s'agit de films d'aventures historiques ou exotiques, parfois publiés en même temps en feuilleton par Lang. Parallèlement, il fait ses débuts de réalisateur sous la férule d'Erich Pommer. Son premier film important sera les Araignées, dont, malgré le succès, deux épisodes seulement (sur quatre prévus) sont réalisés. En 1922, la réussite des Trois Lumières assure son indépendance. La même année, pendant le tournage de Mabuse le Joueur, il perd accidentellement l'œil droit. Il écrit ses films en collaboration avec Thea von Harbou, sa seconde épouse (la première s'est suicidée) jusqu'en 1934. Bien qu'il eût refusé explicitement de tourner Caligari, on le tient pour un maître de l'« expressionnisme » ; le succès de ses films impressionne les nazis, sensibles au « germanisme » affiché des Nibelungen. Pourtant, la série des Mabuse et M le Maudit, à travers leur ambiguïté, dénoncent le nouveau pouvoir. Alors que Thea von Harbou, dont il était effectivement séparé depuis quelque temps, rejoint, elle, le parti nazi, Lang choisit la voie de l'exil.