Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ZHAO DAN (suite)

En 1950, il est très remarqué par son extraordinaire interprétation de ‘ la Vie de Wu Xun ’ (Wu Xun zhuan, Sun Yu), mais, quelques mois après sa sortie, le film est l'objet d'une violente campagne de critiques menée par Mao Zedong lui-même. En 1951, Zhao Dan a également la vedette de ‘ Entre nous mari et femme ’ (Women fufu zhijian, Zheng Junli), autre film critiqué par les autorités. Il ne revient au cinéma qu'en 1956 avec ‘ Pour la paix ’ (Weile heping, Zuo Lin) et Li Shizhen (Shen Fu) ; puis il joue dans ‘ l'Âme de la mer ’ (Haihun, Xu Tao, 1957), Lin Zexu et Nie Er, ces deux films réalisés par Zheng Junli en 1959. Dans ces deux caractères, Zhao exalte avec un art nuancé, mais presque codé par le jeu théâtral classique, des hommes lucides dont la vie est vouée à la vérité : réparer les erreurs de la médecine dans le cas de Li Shizhen, purger la Chine des maux de la drogue, de la concussion et des Anglais dans celui de Lin Zexu. Il y a comme une calligraphie de la mise en scène à quoi répond le jeu subtil, retenu, de l'acteur : ce ne sont pas des œuvres réalistes, même si leur scénario est fait pour un large public : le cinéma chinois avoue ici ses liens avec une tradition dramatique — plus convaincante pour nous que le soi-disant réalisme de Nie Er, encore une biographie, celle, cette fois, du compositeur célèbre. En 1960, il joue dans ‘ Les véritables héros sont des héros contemporains ’ (Fengliu renwu shu jinzhao, Zhao Ming) et, en 1964, il interprète et réalise avec Xu Tao et Qian Qianli ‘ la Romance de la montagne bleue ’ (Qingshan lian). ‘ Immortels dans les flammes ’ (Liehuo zhong yongsheng, Shui Hua), son dernier rôle (1965), est, par une ironie amère, celui d'un prisonnier politique, Xu Yunfeng (Zhao s'est inspiré de ses propres années de prison sous le Guomindang) ; il est à nouveau emprisonné, cinq ans durant, pendant la Révolution culturelle ; ses meilleurs amis : Zheng Junli, Xu Tao, Gu Eryi et l'actrice Wang Ying, trouvent la mort dans les geôles de Jiang Qing, qui les poursuit de sa vindicte particulière ; lui survit et se consacre alors à la rédaction de ses souvenirs d'acteur et à la peinture. Il avait épousé l'actrice Huang Zongying. Deux jours avant de mourir d'un cancer, il avait publié dans le Quotidien du peuple un article lucide dans lequel il conjurait les responsables du parti de laisser plus de liberté aux arts et aux lettres.

ZHENG JUNLI

acteur et cinéaste chinois (province de Canton 1911 - [?] 1969).

Acteur et metteur en scène de théâtre, il s'est formé à partir de 1928 à l'Institut des beaux-arts et à la Société dramatique de Chine du Sud, mais il se consacre essentiellement au cinéma dès 1932, jouant dans de nombreux films de la Lianhua, notamment dans ‘ la Rose sauvage ’ (Ye meigui, Sun Yu, 1932), ‘ la Route ’ (Da lu, id., 1934), ‘ Femmes nouvelles ’ (Xin nüxing, Cai Chusheng, 1935), ‘ les Chevreaux égarés ’ (Mi tu de gaoyang, id., 1936) et ‘ l'Arbre à sapèques ’ (Yaoqianshu, Tan Youlin, 1937). Il coréalisera avec Cai Chusheng un film célèbre en deux parties, ‘ les Larmes du Yangtsé ’ (Yijiang chunshui xiang dongliu, 1947), après quelques années passées à Chongqing où, exilé de Shanghai par l'invasion japonaise, il était revenu au théâtre et s'était engagé dans la production cinématographique. Il apparaît comme l'un des cinéastes les plus sensibles de sa génération avec une attentive et satirique étude de mœurs, Corbeaux et Moineaux (Wuya yu maque, 1949), sa première réalisation à part entière (pour la Kunlun), commencée sous le règne du Kuomintang, mais achevée seulement après l'instauration du nouveau régime en raison de la répression policière dont il avait fait l'objet, le scénario étant pour le moins critique vis-à-vis des nationalistes. Trois héros seront au centre de trois de ses meilleures œuvres, le chef des Pavillons noirs, un mandarin dressé contre les Anglais et l'impéritie chinoise au temps de la guerre de l'opium, et le compositeur révolutionnaire Nie Er, respectivement dans : Song Jingshi (id., 1954), ‘ la Guerre de l'opium ’ (Lin Zexu, CO Cen Fan, 1959) et Nie Er (id.). ‘ L'arbre mort reprend vie ’ (Kumu feng chun, 1961) voit Zheng quitter les paysages et les personnages urbains pour la campagne, où il semble moins à l'aise. Un projet de film biographique consacré au grand écrivain Lu Xun, qui devait être interprété par Zhao Dan, avorte. La Révolution culturelle survient, Zheng est jeté en prison dès le début sur ordre personnel de Jiang Qing, qui s'acharne sur ce cinéaste qu'elle a connu alors qu'elle était jeune actrice à Shanghai au début des années 30, et qu'elle laisse ou fait mourir.

ZHENG ZHENGQIU

cinéaste, scénariste et acteur chinois (Chaozhou 1895 - Shanghai 1935).

Une grande figure du cinéma chinois à ses débuts. Son père le destine au commerce, mais il choisit les lettres. À l'âge de 14 ans, il entre dans une école normale de Shanghai et commence à s'intéresser au théâtre et à écrire des pièces. En 1913, c'est lui qui écrit le scénario du premier film de fiction chinois, le réalise et l'interprète avec Zhang Shichuan : Un couple infortuné (Nanfu, nanqi). Ensuite, il se consacre pendant plusieurs années au théâtre moderne, dit théâtre wenning, qui s'oppose au théâtre traditionnel chanté. En 1922, il participe, avec Zhang Shichuan, à la fondation de la compagnie l'Étoile (Mingxing), dont il est l'un des piliers, et devient le premier directeur de l'école de formation des jeunes artistes de cette compagnie. Pendant ses treize années d'activité cinématographique, en étroite collaboration avec Zhang Shichuan, il écrit ou réalise (souvent les deux à la fois) plus d'une cinquantaine de films, parmi lesquels la Romance d'un marchand ambulant (Zhiguo yuan / Laodong zhi aiqing, dont il joue le rôle principal) ; L'orphelin sauve son grand-père (Gu'er jiu zu ji, 1923) ; l'Âme de Jade (Yuli hun, 1924) ; Pauvres Enfants (Gu'er, zhou nü, 1924) ; l'Orpheline aveugle (Mang gu'er, 1925) ; deux films avec Yuan Lingyu, Un mariage blanc (Guaming de fuqi, Bu Wancang, 1927) et la Pagode des nuages blancs (Bai yun ta, CO Zhang Shichuan, 1928). À partir de 1928, il joue dans la célèbre série Feu au temple du lotus rouge (Huoshao honglian si, Zhang Shichuan). Jusqu'à sa mort en 1935, il écrit ou dirige de nombreux autres films, parmi lesquels Fleur de liberté (Ziyou zhi hua, 1932), les Deux Sœurs (Zi mei jie, 1933) et un sketch d'Une bible pour les femmes (Nüer jing, 1934).