Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BROWNLOW (Kevin)

cinéaste, monteur et historien britannique (Crowborough 1938).

Passionné dès l'enfance par le cinéma, il y débute comme monteur après plusieurs réalisations en amateur. Son activité dès lors est triple. Monteur, il supervise entre autres le montage de la Charge de la brigade légère (T. Richardson, 1968) ou reconstitue la version intégrale du Napoléon d'Abel Gance. Réalisateur, il s'associe à Andrew Mollo pour diriger En Angleterre occupée (It Happened Here, 1964) et Winstanley (id., 1975), qui cherchent dans un passé fictif, détourné ou occulté les échos de notre histoire. Historien de cinéma enfin, il recueille dans ses livres (The Parade's Gone by, 1968 ; The War, the West and the Wilderness, 1980) comme dans ses émissions télévisées (Abel Gance — the Charm of Dynamite, 1968, ou la série Hollywood, 1980) le témoignage de tous ceux — techniciens et artistes — qui ont vécu cette histoire (cf. Hollywood, les Pionniers, Paris, 1981). On lui doit également, toujours à la télévision, des émissions documentaires sur Chaplin (Unknown Chaplin), Keaton (A Hard Act to Follow) et Harold Lloyd.

BRUCKMAN (Clyde)

cinéaste et scénariste américain (San Bernardino, Ca., 1894 - Santa Monica, Ca., 1955).

Journaliste, il est engagé par Jack Warner comme scénariste, puis entre dans l'équipe de Joseph Schenck, où il devient scénariste et gagman attitré de Buster Keaton. C'est pour lui qu'il écrit les Trois Âges et les Lois de l'hospitalité (1923), Sherlock Jr. et la Croisière du Navigator (1924), les Fiancées en folie (1925) et l'Opérateur (1928). Il signe avec le célèbre acteur la réalisation du film le Mécano de la « General » en 1926. Il poursuit sa carrière de cinéaste habile, rompu aux lois de l'équipe et à celles du burlesque, jusqu'en 1935, dirigeant Lloyd, Andy Clyde, Laurel et Hardy dans quelques-uns de leurs courts métrages les plus destructifs (la Bataille du siècle [The Battle of the Century], 1927) ou W. C. Fields dans deux de ses apparitions les plus accomplies, le Fatal Verre de bière (The Fatal Glass of Beer, 1933) et les Joies de la famille (The Man on the Flying Trapeze, 1935). Il se suicide, ruiné et oublié de tous.

BRUITAGE.

Action de recueillir, de reconstituer en auditorium (studio), d'enregistrer les bruits d'un film. Dans un sens plus restreint, la production ou l'imitation de certains bruits par un technicien spécialisé. D'une façon générale, le bruitage consiste à recueillir, à reconstituer, en auditorium si nécessaire, et enfin à assembler les différents bruits destinés à être incorporés dans la bande sonore en regard des images qu'ils doivent accompagner.

On appelle aussi bruitage la production ou l'imitation de certains bruits, en auditorium, par un bruiteur professionnel.

Dans le langage du cinéma, on appelle effets tous les éléments sonores qui ne sont ni de la parole ni de la musique, encore que la rumeur des conversations dans un café soit par exemple elle aussi un élément de bruitage. Ces effets peuvent être :

– des bruits proprement dits (bruits de pas, d'objets qui tombent ou que l'on déplace, bruits d'armes et de bagarre [très importants dans les films d'action !], bruits de véhicules, de machines, de fermetures de portes ou de fenêtres) ;

– des bruits d'ambiance (bruits durables dans lesquels baigne une scène : vent, pluie, ressac des vagues).

Pour les ambiances, on utilise généralement des enregistrements réels de pluie, de vent, etc. Par contre, les bruits courts et localisés qui accompagnent des gestes précis sont couramment recréés en studio.

Les bruits sont reconstitués pour des raisons techniques. En effet, lorsqu'ils sont enregistrés avec les sons directs, ils ne peuvent plus être traités distinctement des dialogues avec lesquels ils se trouvent naturellement mixés. Pour conserver l'intelligibilité des dialogues, le rapport de niveau entre les bruits et les dialogues n'est, après mixage, que très rarement équivalent à l'écart réel. La reproduction multicanale au cinéma nécessite de répartir les sons distinctement sur les différentes voies (ou canaux) de diffusion dans la salle. Il est donc indispensable que les bruits soient isolés des paroles, même s'ils sont étroitement associés.

Un cinéaste comme J.-L. Godard a joué délibérément, dans plusieurs de ses films diffusés en mono, de cet effet perturbant. On préfère presque toujours, au tournage, privilégier l'enregistrement des voix, et capter un minimum de bruits réels, soit en évitant que ceux-ci ne se produisent, soit en les étouffant (rondelles de feutre sous les verres et les assiettes, par exemple). A ces points, il faut ajouter la nécessité des raccords sonores lors des changements de plans et la confection de la bande internationale ( BANDE SONORE).

Les bruits sont donc généralement enregistrés à part, soit sur le lieu de tournage en sons seuls.

Cette technique présente plusieurs avantages. On peut travailler les sons, les recomposer, les imaginer à volonté, un peu de la même façon qu'on recompose la lumière au tournage. On peut les enregistrer dans des conditions idéales (notamment dans des conditions d'insonorisation parfaite lorsqu'on travaille en auditorium), avec la liberté de recommencer autant de fois qu'on le désire.

En revanche, on attend de ces bruits enregistrés à part qu'ils donnent l'impression du vrai. Pour le son seul, cette véracité est en principe assurée par le fait même que les bruits enregistrés sont identiques aux bruits réels du tournage. (Le seul problème est de bien les caler, au montage, en regard des images qu'ils doivent accompagner.)

Pour les bruits recréés en studio, tout repose sur l'art du bruiteur. Le travail des bruiteurs professionnels, peu nombreux et très demandés, relève d'un artisanat pittoresque, d'un savoir-faire à base de tours de main et de système D, mettant en œuvre les accessoires les plus inattendus (par exemple des noix de coco pour imiter le galop des chevaux). Les bruits de pas sont imités en marchant sur de petites surfaces de sol couvertes de divers matériaux : bois, ciment, gravier, pavés, etc. Les bruits de portes et de fenêtres sont recréés grâce à des portes et à des fenêtres factices destinées à cet usage. Quand il s'agit de bruits à synchroniser étroitement sur des actions visibles (pas, coups de marteau, etc.), le bruiteur travaille en suivant l'image qu'on lui projette, de la même façon qu'on procède pour le doublage ou la postsynchronisation. ( DOUBLAGE.)