Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MADAN (Jamshedji Framji)

cinéaste et producteur indien (1856 - 1923).

Il est le pionnier du cinéma muet au Bengale et le fondateur, dès 1905, d'un « empire » allant de la production à la distribution des films en Inde, à Ceylan et en Birmanie. À sa mort, son fils Jeejeebhoy Jamshedji poursuit son œuvre, dirigeant notamment la chaîne Madan Theatres, qui contrôle la moitié des cinémas permanents de l'Inde. À l'avènement du parlant, il construit un studio propre à l'enregistrement du son, distribue en 1929 dans ses salles le premier « talkie » étranger, Melody of Love, et réalise en 1931 le premier programme de films sonores au Bengale, puis produit les premiers films parlants bengalis, Jamai Sashti (1931) et Shirin Farhad (id.), et dirige lui-même Indrasabha (1932) ; mais, bientôt, il se voit contraint, à la suite de la récession, de la concurrence de la New Theatres Ltd de B. N. Sircar et de diverses malversations, d'assister à la liquidation de son « empire » qui s'écroule définitivement en 1937.

MADARAS (József)

acteur hongrois (Rigmány 1937).

Acteur de prédilection de Miklós Jancsó (les Sans-Espoir, 1965 ; Rouges et Blancs, 1967 ; Silence et Cri, 1968 ; Agnus Dei, 1971 ; Pour Électre, 1974 ; Rhapsodie hongroise, 1979 ; la Saison des monstres, 1987 ; Dieu marche à reculons, 1990 ; la Valse du Danube bleu, 1991), il sait imposer sa silhouette solide, obstinée, « paysanne » dans plusieurs autres films qui lui doivent beaucoup, car, sous une apparente rudesse, Madaras utilise une palette psychologique très nuancée et convaincante : les Étincelantes (Szikrázó lányok, P. Bacso, 1974) ; Identification (Azonositás, László Lugossy, 1976) ; Foot à l'araignée (Pókfoci, János Roźsa, 1977) ; 80 Hussards (S. Sára, 1978) ; le Haras (A. Kovács, id.) ; Merci, ça va (Köszönöm, megvagyunk, L. Lugossy, 1981) ; les Temps impitoyables (S. Sára, 1991).

MADDOW (Ben)

scénariste et cinéaste américain (Passaic, N. J., 1909 - Los Angeles, Ca., 1992).

D'abord scénariste de documentaires, il participe pendant les années 30 à l'éphémère programme d'actualités The World Today, aux côtés de Sidney Meyers, Willard Van Dyke, Irving Lerner, Paul Strand et Leo Hurwitz. En 1942, il écrit avec les deux derniers cités Native Land, puis collabore, à Hollywood, aux scénarios de : Traquée (Framed, R. Wallace, 1947), la Peine du talion (H. Levin, 1948), les Amants traqués (N. Foster, id.). En 1949, il signe, à la MGM, une des meilleures adaptations cinématographiques de Faulkner : l'Intrus (C. Brown) et enchaîne avec Quand la ville dort (J. Huston, 1950). Après un départ prometteur, sa carrière subit un brutal coup d'arrêt durant la période maccarthyste. Il écrit alors, anonymement, une douzaine de scénarios crédités à Philip Yordan, parmi lesquels Quand la marabunta gronde (B. Haskin, 1954), Cote 465 (A. Mann, 1957) et le Petit Arpent du Bon Dieu (id., 1958). Après une brève incursion dans la réalisation (l'Œil sauvage, 1959, essai de cinéma-vérité cosigné par Sidney Meyers et Joseph Strick, et An Affair of the Skin, 1963), la dernière partie de sa carrière de scénariste mêle, avec un bonheur variable, des films comme le Vent de la plaine (Huston, 1960), Anna et les Maoris (Ch. Walters, 1961), le Balcon (Strick, 1963), la Route de l'Ouest (A. McLaglen, 1967) et Satan, mon amour (P. Wendkos, 1971).

MADSEN (Harald) et SCHENDSTRØM (Carl)

MADSEN (Harald) [Silkeborg 1890 - Copenhague 1949] et SCHENDSTRØM (Carl) [1881 - Copenhague 1942], acteurs danois.

Ils constituent l'un des plus fameux duos européens du cinéma burlesque et sont sans nul doute les prédécesseurs de Laurel et Hardy. Connus sous des surnoms divers, Fyrtaarnet et Bigoven au Danemark, Double-Patte et Patachon en France, Long et Short dans les pays anglo-saxons, ils tournent ensemble, de 1921 à 1940, 46 films, dont 30 sous la direction de Lau Lauritzen. Ce réalisateur eut le mérite de découvrir le talent des deux acteurs, et créa ainsi le premier couple comique de l'histoire du cinéma. Engagé en 1909 à la société Nordisk, Schenstøm (le maigre) tient d'abord des rôles de second plan, avant de se spécialiser en 1913 dans le comique. C'est en 1919 qu'il quitte la Nordisk pour la Palladium, société de production de Lauritzen. En 1921, lorsque ce dernier rencontre Madsen (le gros), il constitue le fameux tandem, inséparable pendant près de vingt ans : ‘ Film, flirt et fiançailles ’ (Film, flirt og forlovelse, 1921) ; ‘ Lui, elle et Hamlet ’ (Han, hun og Hamlet, 1922) ; ‘ En pleine folie ’ (Darskab dyd og driveter, 1923) ; les Chasseurs de loups (Ulvejoegerne, 1926) ; ‘ la Discrétion, l'éducation et les sots ’ (Dodsbokseren, id.) ; Don Quichotte (id.). Parmi les films non réalisés par Lauritzen, citons : ‘ la Farce pascale du policier Paulus ’ (Polis Paulus paskamäll, G. Molander, 1924) ; ‘ les Joyeux Lurons ’ (U. Gad, 1926) ; ‘  Vagabonds à Vienne ’ (Vagabonder i Wien, Hans Otto, id.) ; ‘ les Beaux-Fils ’ (Schwiegersöhne, H. Steinhoff, id.).

MAETZIG (Kurt)

cinéaste allemand (Berlin 1911).

Après des études de philosophie et de droit — à Munich puis à Paris —, il aborde le cinéma en 1933 comme assistant réalisateur. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il aide à l'organisation de la DEFA, tourne des documentaires et un film, Mariage dans l'ombre (Ehe im Schatten, 1947), qui vilipende avec force l'antisémitisme hitlérien et remporte un large succès international. Établi en Allemagne de l'Est, Maetzig s'impose bientôt comme l'une des figures de proue d'une cinématographie qui prend pour thèmes primordiaux les luttes antifascistes, la résistance de la classe ouvrière, et donne une place de choix aux problèmes sociaux et politiques nés de la séparation des deux Allemagnes et des traumatismes du IIIe Reich. Ami de Bertolt Brecht et de Slatan Dudow, il signe successivement Die Buntkarierten (1949), le Conseil des dieux (Der Rat der Götter, 1950), Familie Benthin (CO : S. Dudow, id.), Immer bereit (DOC, film collectif sous sa direction, id.), Roman einer junge Ehe (1952), une œuvre en deux volets sur le leader ouvrier Ernst Thälmann (E. Thälmann — Sohn seiner Klasse, 1954, et E. Thälmann — Führer seiner Klasse, 1955), Schlösser und Katen (1957), Vergesst mir meine Traudel (id.), le Chant des matelots (Das Lied der Matrosen, CO G. Reisch, 1958), l'Étoile silencieuse (Der schweigende Stern, 1960, RDA-POL), Septemberliebe (1961), Der Traum des Hauptman Loy (id.), An französischen Kaminen (1962), Preludio II (1964), Das Kaninchen bin ich (1965, film sur le fonctionnement de la justice, interdit et retiré de la circulation puis redécouvert après la chute du Mur), Das Mädchen auf dem Brett (1967), Die Fahne von Krivoj Rog (1968), Januskopf (1972), Homme contre homme (Mann gegen Mann, 1976).