Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BAAROVA (Ludmila Babková dite Lida)

actrice tchécoslovaque (Prague 1914 – Salzbourg, Autriche, 2000).

Très active en Tchécoslovaquie et en Allemagne au cours des années 30, elle apparaît dans Okénko (V. Slavinsky, 1933), Barcarole (G. Lamprecht, 1935), Patriotes (K. Ritter, 1937), Virginité (Vavra, id.), l'Été flamboyant (Ohnivé léto, F. Cap et V. Krska, 1939), la Fille en bleu (Divka v modrém, Vavra, 1940), l'Amante masquée (id., id.), la Turbine (id., 1941). Impliquée dans une relation amoureuse avec Josef Goebbels, qui se voit contrariée par ordre d'Hitler (lequel ira jusqu'à interdire en Allemagne la diffusion des films de Baarova), elle fuit d'abord dans son pays natal en 1938, puis en Italie en 1941. On lui prête au cours de ces années tumultueuses diverses activités d'espionnage antinazi. Poggioli l'invite à tourner Un chapeau de prêtre (1944). Elle retourne à nouveau à Prague après la guerre — ville où elle fut emprisonnée pendant plus d'un an pour ses amitiés antérieures avec le régime du IIIe Reich — puis revient tourner en Italie quelques films dont Gli amanti di Ravello (F. De Robertis, 1951) et les Vitelloni (F. Fellini, 1953).

BABE (Fabienne)

actrice française (Paris 1962).

On la remarque en 1985 dans Hurlevent, de Rivette, une année seulement après ses débuts à l'écran, puis dans Fatherland de K. Loach (1986). Après quelques films notamment en Suisse en 1988 (Zanzibar de Christine Pascal et All out de Thomas Koerfer), elle est l'inoubliable protagoniste du Bar des rails de Cédric Kahn (1991) et elle intervient dans une série de films qui lui confèrent une image d'actrice exigeante, voire intellectuelle, sous la direction de João Cesar Monteiro, Jean-Claude Guiguet ou Paul Vecchiali. Elle prête son concours à de nombreux jeunes cinéastes notamment Bernie Bonvoisin (les Démons de Jésus, 1997), Laurent Bouhnik, Michel Couvelard, veillant à préserver sa personnalité d'interprète à la fois distante et subtile dans l'expression.

BABENCO (Héctor)

cinéaste brésilien d'origine argentine (Buenos Aires 1946).

Il tourne le documentaire O Fabuloso Fittipaldi (1972), remonté et signé par son producteur Roberto Farias. Il débute dans la fiction par le portrait d'un bohème, O Rei da Noite (1975), être amoral et solitaire. Lúcio Flávio, o Passageiro da Agonia (1977), vu par cinq millions de Brésiliens, expose la collusion entre police et criminels et l'utilisation politique des escadrons de la mort. Pixote, la loi du plus faible (Pixote, a Lei do Mais Fraco, 1980), sur les mineurs délinquants, glisse du constat vers l'introspection. Babenco emprunte des codes classiques, mais explore l'âpre ambiance urbaine avec efficacité. En 1985, il réalise le Baiser de la femme araignée (O Beijo da Mulher Aranha) qui rencontre un succès international, en 1987, Ironweed – la Force d'un destin (Ironweed) et en 1990 En liberté dans les champs du Seigneur (At Play in the Fields of the Lord), ces deux derniers aux États-Unis. Après une longue maladie Babenco revient à la Mar del Plata de sa jeunesse pour y filmer un récit en partie autobiographique, écrit en collaboration avec l'écrivain argentin Ricardo Piglia : Cœur allumé (Corazón iluminado/Coração iluminado, 1998).

BABOTCHKINE (Boris) [Boris Andreevič Babočkin]

acteur et cinéaste soviétique (Saratov 1904 - Moscou 1975).

Acteur de théâtre, il interprète à la charnière du cinéma muet et du cinéma parlant quelques rôles de composition dans ‘ la Révolte ’ (Mjatež, Semen Timochenko, 1929), ‘ le Complot des morts ’ (Zagovor mertvyh, 1930), ‘ le Retour de Nathan Becker ’ (Vozvraščenie Nejtana Bekkera, B. Chpis et R. Milman, 1932), ‘ le Premier Peloton ’ (Pervyi vzod, V. Korch-Sabline, id.) et ‘ Deux fois né ’ (Dvaždy roždennyj, Édouard Archanski, 1934). Sa création du rôle de Tchapaiev dans le film homonyme (1934) de Sergueï et Gueorguï Vassiliev le hisse au sommet de la célébrité : il devient alors l'archétype du héros révolutionnaire, combattant convaincu et fin stratège. Dans les Amies (L. Arnchtam, 1936), il reprend plus ou moins son rôle de Tchapaiev, mais il apparaît en espion dans la Défense de Tsaritsyne (Oborona Caricyna, S. et G. Vassiliev, 1942). On le voit encore dans ‘ les Invincibles ’ (S. Guerassimov et M. Kalatozov, 1942), l'Actrice (Aktrisa, L. Trauberg, 1943), Histoire d'un homme véritable (A. Stolper, 1948), la Grande Force (F. Ermler, 1950), Jeunesse inquiète (Alov et Naoumov, 1954), Annouchka (B. Barnet, 1959), ‘ Ivan Rybakov ’ (B. Ravenskih, 1961), ‘ la Fuite de M. McKinley ’ (M. Chveitzer, 1975).

Il a tourné en tant que réalisateur : ‘ les Champs natals ’ (Rodiye polja, 1945) et ‘ Histoire de l'« Invincible » ’ (Povest’ o « Neistovom », 1947).

BAC (André)

chef opérateur français (Paris 1905 - id. 1989).

D'abord reporter photographe, chef opérateur depuis 1945, il participe (en collaboration avec Page, Douarinou et Pecqueux) au tournage du reportage de Jean Grémillon sur la Normandie martyre, le 6 Juin à l'aube (1946), puis signe la photo, toujours très élaborée dans sa simplicité, de nombreux courts métrages et de quelques films importants : le Point du jour (L. Daquin, 1949), Noces de sable (A. Zwoboda, id.), Occupe-toi d'Amélie (C. Autant-Lara, id.), l'Auberge Rouge (id., 1951), le Dialogue des carmélites (P. Agostini et R. P. Bruckberger, 1960), la Guerre des boutons (Y. Robert, 1962). Il a travaillé jusqu'au milieu des années 60.

BACALL (Betty Joan Perske, dite Lauren)

actrice américaine (New York, N. Y., 1924).

À dix-neuf ans, Lauren Bacall vient d'entamer une modeste carrière théâtrale (Johnny 2 ×  4 ; Franklin Street), lorsque la femme de Howard Hawks, « Slim », la remarque en couverture du Harper's Bazaar. Le réalisateur la prend personnellement sous contrat. Il voit en elle une « nouvelle Dietrich, plus chaleureuse », et la prépare à devenir la partenaire de Humphrey Bogart dans le Port de l'angoisse. Il l'aide à exploiter ou acquérir tous les traits caractéristiques de la femme hawksienne (esquissée par Louise Brooks, Joan Crawford, Carole Lombard et Jean Arthur) : allure légèrement androgyne, démarche féline, timbre grave. Bacall gagne, par mimétisme, l'insolence nécessaire à son rôle. Dans l'atmosphère romantique, nonchalante et quasi musicale d'un film où les combats politiques ont vite été relégués au second plan, Bogart et Bacall se livrent une des joutes amoureuses les plus envoûtantes des années 40 (« If you want anything, all you have to do is whistle »). L'actrice atteint d'emblée son sommet, et fixe d'un coup le registre, relativement étroit, où elle évoluera.